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  • Noi siamo le donne

    Noi siamo le donne

    Poesia estratta dalla mia silloge L’isola delle cose non dette 09_2023 4 Punte Edizioni

  • Touché.

    D’un touché papillon, tu te poses sur les pétales de mes sens. Chaque mot, tel une caresse contre ma gorge, chaque geste, une parole à mon cœur.

    Tu parais comme une brise d’été, chantant un tango sur mon corps, virevoltant sur sa piste. La douce ballade de ce vent sur ma peau, m’entraîne de son pas vif et éclatant.

    Son rythme s’accélère, d’un crescendo insensible. Pour chaque enjambé qui glisse sur le fil, chaque appui en équilibre, ta danse crée un tourbillon d’ivresse illusoire, sans pallier ni progression.

    C’est enivrant de constater que si je refuse de te voir, ce sont mes sens qui t’observent. C’est affolant de sentir que si je me dérobe à tes yeux, c’est ta bouche qui me tient.

    Envole toi papillon, garde ton essence éphémère, laisse le temps échapper l’impression de ton passage et devenir de vagues réminiscences de ta chaleur.

    Touché.

  • Le poète borgne

    Un poète borgne naviguant

    Entre l’ombre et la lumière,

    Ses mots portent le poids

    De l’obscurité et de la lueur

    Fragile de l’espoir…

    Son regard unique perce

    Les ténèbres, telle une étoile

    Dans la nuit,il explore

    L’univers de l’âme humaine

    Et traduit ses tourments vers

    Enflammés…

    Sa plume est sa béquille

    Sa boussole guidant ses pas

    À travers le chaos,

    Il danse avec les mots,

    Les domptent pour s’exprimer

    La beauté de sa vision tronquée…

    Le poète Borgne voit au-delà

    Des apparences, il dévoile

    La vérité derrière les masques.

    Chaque mot est une porte

    Ouverte sur l’âme tourmentée

    De l’humanité..

    Sa poésie est un écho des

    Douleurs du monde,

    Mais aussi l’hymne à la résilience

    Le poète chante la beauté

    De l’imperfection, et trouve

    La lumière même dans l’obscurité

  • Vivre vite

    Vivre vite

    Dans ma course d’une vie aux mille souvenirs,

    L’angoisse du temps ne cessant de s’écouler

    M’existe seulement par peur de ne pas découvrir

    Tous les paysages que la Terre offre à contempler.

    Pour y remédier, je me suis mise à courir

    À folle allure, afin de voir le soleil se coucher

    Sur tous les visages dont je connaîtrai le sourire

    Et toutes les ruelles que j’aurai vues danser

    Au rythme des quatre saisons

    Et dont les fleurs, sur les terrasses des maisons,

    Dégagent étrangement l’odeur du bonheur.

    La jeunesse fougueuse et éternelle a sans doute raison

    Lorsqu’elle pense que son existence a une raison

    Dont le voyage en est le cœur.

  • Muet ?

    Muet ?

    Enfant muet, mort à l’intérieur, mais vivant dans les yeux , tout les jours regarder le ciel gris comme ta conscience.

    C’est comme des cassettes dans ta tête, chaque jour voir défiler le temps, chaque jour voir les gens autour de toi ce détruire.

    Ces gens sont comme des bombes à retardement pour toi, tu ne sais jamais pendant combien de temps ils t’aimeront, alors tu préfères t’en remettre à toi même.

    Tu cours entre les usines grises , tu cherche le bonheur dans les coins des immeubles mais tu ne le trouves pas, et au fond c’est ça qui te rends heureux courir derrière une chose aussi mystérieuse que le bonheur.

    C’est ce mystère qui te fais vivre, c’est ce mystère qui te réveille, Alors toi enfant d’un monde si cruel , résiste

    Continue à courir entre les parcs et les bâtiments sales, Protège toi. et le jours où tu auras compris quelle est le message du ciel sombres, alors tu pourras t’éclaircir et laisser le ciel bleu s’installer en toi.

  • Au son de la Harpe

    Au son de la harpe

    Les mots dansent dans l’air

    Les peines s’échappent

    Et se perd dans le néant;

    Les âmes s’évadent

    Vers les contrées lointaines

    Où réside le bonheur

    Et la tristesse s’efface,

    Sous les doigts agiles

    La musique enveloppe

    Les coeurs meurtris

    Et les libérer du fardeau .

    Au son de la harpe

    Les émotions s’entremêlent

    La douleur se transforme

    Dans une symphonie d’espoir;

    Les âmes s’évadent

    Vers un avenir radieux

    Sur la mélodie de la vie

    Résonne en harmonie .

    Au son de la harpe

    Les larmes s’énervent en rires,

    Les chagrins s’échappent

    Et laisse la place à la lumière.

  • LAI DE GAËL, LE CHEVALIER BATARD

    LAI DE GAËL, LE CHEVALIER BATARD

    Tristan touchait tout près du coeur

    Par l’épée de Marc son rival

    Attendez de l’aimée un signal

    Et la liqueur salvatrice.

    Iseut l’épouse furibonde

    Lui annonce un voile noir

    Tristan se meurt de désespoir

    Rejoins par l’autre Iseut la Blonde.

    Gaël son frère adultérin

    Promets de venger les amants

    Il échafaude donc un plan

    Pour occire Marc le gredin.

    Il utilise un maléfice

    Vers dans la coupe un poison

    Ainsi expire le roi félon

    La vilenie vaut ce sacrifice.

  • POÈME QUI SONNAIT MAL AUX OREILLES DU BRICOLEUR

    POÈME QUI SONNAIT MAL AUX OREILLES DU BRICOLEUR

     

    Refaire la déco de ton appartement

    Impose de l’adresse et tant de patience.

    Sache que bricoler c’est une vraie science.

    On l’apprend sur le tas et très rapidement.

     

    On te dit c’est facile, c’est que l’on te ment,

    Vite tu maudiras ton peu d’efficacité

    Commençons les soucis, finie l’insouciance,

    Tout est parfaitement mesuré exactement.

     

    Il faut le livrer avant de commencer.

    Tu dois tout reboucher et poncer avec soin.

    Tu colles du papier ou tu peux aussi peindre.

     

    A la fin du chantier, il faut encore nettoyer.

    Travailler c’est tout ça, tu ne dois pas te plaindre.

    Ton petit salaire est payé plus que ton loyer

  • Mon angoisse, ma torture

    Mon angoisse, ma torture

    Toi qui me prends dès le réveil

    Qu’ai-je fait pour que tu me tortures ainsi ?

    Des questions pleines la tête.

    J’essaie de t’affronter.

    Mais la force, je ne l’ai pas.

    Alors dans la bouteille, je me noie.

    Cette douleur que tu me fais subir, chaque heure, chaque minute, chaque seconde.

    Je ne peux plus la fuir.

    Elle est bien réelle.

    Car je sens au plus profond de mon être.

    Tu me tues à petit feu.

    En moi brûlant de mille feu.

    Je n’ai pas les armes pour te combattre.

    Alors tu fais de moi ta compagne.

    Respiration coupée, je ne peux plus respirer ni fonctionner.

    De mon corps tu as pris possession.

    Je n’ai plus le choix, car toi seul prends les décisions.

    Comment vais-je faire pour te fuir

    Alors que de mes douleurs tu te nourris

    La bataille est perdue d’avance.

    Tu le sais donc tu m’avances.

    Toi qui prends ma vie

    Laisse-moi partir

    Tu auras gagné, tu auras pris ma liberté.

    Et j’aurais perdu face à ton adversité.

  • LE TEMPS S’ARRÊTE…

    LE TEMPS S’ARRÊTE…

    Que se passe-t-il donc ? Le ciel est toujours bleu mais la luminosité a sensiblement baissé. Ce 14 juillet, en plein milieu d’un bel après-midi, une certaine fraîcheur s’insinue. Dans la demeure de ma grand-mère où je passe quelques jours en vacances à la campagne, la belle comtoise que j’ai remontée ce matin même, peine à égrener ses TIC qui bizarrement doivent patienter pour qu’arrivent les TAC. Elle marque 14 heures et 12 minutes. Un coup d’œil vers ma grand-mère qui somnole devant sa télé. Surprendre ! L’écran est occupé par un défilement de lignes scintillantes sur un fond de grésillement. Par quelle association d’idées, cela me donne envie de vérifier sur la tablette que j’avais apportée. Même constat. Le défilement ralentit très progressivement et les lignes s’espacent. Plus que la télécommande, les touches du clavier ne répondent pas. L’affichage digital du radioréveil posé sur le chevet semble hésiter à chaque changement de seconde, ce qui prend un certain temps.

    Je me sens très lourd, je gagne le seuil de la maison. Le soleil a parcouru un bel arc de cercle dans le ciel, ce qu’il fait habituellement en plus d’une heure et pourtant horloge, réveil, tablette et même ma montre affiche tout juste 14 heures et 35 minutes. On dirait que le crépuscule arrive et il fait presque froid. Le disque solaire n’est pourtant pas occulté par une éclipse. Dans cette campagne où il ne reste que peu d’oiseaux, j’ai la surprise de voir certains battre désespérément des ailes puis s’immobiliser dans les airs. Arrivants de l’Ouest, deux chasseurs bombardiers Rafale qui d’habitude nous survolent dans un bruit assourdissant, se traînent au niveau de la cime des sapins, dans un étrange ronronnement de gros matous. Tout cela est-il réel ou serait-ce des mirages ?

    J’ai plus en plus de peine à me déplacer et même à penser. Mon cerveau ralentit aussi ainsi que tous mes sens. Je viens cependant à percevoir une inquiétante modification de l’environnement. A 5km de là, un énorme panache s’échappe de la tour de réfrigération de la centrale nucléaire. Le système de refroidissement doit lui aussi dérailler. On va à la catastrophe… Je voudrais crier mais aucun ne sonne de ma bouche. De plus en plus faible, l’esprit confus, le rythme cardiaque et la respiration de plus en plus lents, je m’écroule comme dans un ralenti et j’ai l’impression que jeee m’en… dorrrs.

    Soudain, réveil brutal après cette amnésie temporaire. Affolé devant le seuil, je cuis littéralement sous les rayons ardents du soleil au zénith. Les oiseaux pépient et volent au-dessus des toits, les feuilles frémissent et bruissent, la centrale nucléaire n’a pas encore explosé. Vers l’est, j’entends le bruit assourdissant de deux chasseurs qui disparaissent à l’horizon.

    Je rentre dans la cuisine car grand-mère est ponctuelle sur l’horaire des repas. Bizarrement, je n’ai pas faim. Je vois que les horloges ont recommencé à rythmer le temps. Et tout m’est revenu en mémoire…

    Au journal télévisé de 13 heures que nous suivons tout en mangeant, un flash spécial nous apprend que le Grand Maître du Temps Universel, le bon vieux Chronos, qui veillait en permanence  depuis quelques siècles, a fait une sieste imprévisible puisque inédite, au moment où il aurait dû remonter le gros boulet de fonte de l’horloge universelle dont tout dépend dans notre monde truffé de technologie. Ce qui l’a réveillé, c’est le complet, inhabituel et même inédit silence du monde. Retrouvant ses esprits, il vient donc de remonter précipitamment la Grand chronomètre mais un peu plus que de mesure.

    C’est pourquoi l’Univers a rajeuni de plus de 3 heures ce jour là. Autant de vacances en plus ! Donc attendons une autre fois pour voir les effets qu’aurait la dilation/contraction de l’espace-temps évoquée dans les théories de la physique relativiste.

  • Lipogramme sans ”U”

    Lipogramme sans ”U”

    L’araignée de mer.

    En voyant cette espèce de grosse araignée vivante dans l’océan, je frémis et mon palpitant s’emballe. Je vais me blesser et me sentir paralysé. Même sa lointaine parente cachée derrière les armoires m’inspire pareille crainte malgré sa taille négligeable. Comment me défaire de cette phobie ? J’ai essayé plein de remèdes et dépensé mon argent à hanter les canapés de tas de psys et de charlatans. Vaincre…

    Et si l’on essayait de soigner le mal par le mal ? De l’homéopathie mentale en somme. Il va falloir commencer à prendre l’animal par les cornes. Ici il s’agit en réalité de ses grosses pinces, mais avec adresse et donc sans faire pincer. Sadisme extrême, il reste à le précipiter dans la grande marmite de flotte à cent degrés. Foin de sensiblerie : la mort sera instantanée. Après le temps nécessaire, la bête sera à point. Alors armé de ma pince casse-pince, j’écrase les pinces et les pattes et j’éventre la carapace. Pas très appétissantes ces viscères. Et en perspective, des agapes bien salissantes.

    Il ne reste plus qu’à ingérer le médicament. J’évite de penser à mon diététicien car avec la mayonnaise la chair de crabe est vraiment excellente : En mangeant ainsi avec grand appétit, ma phobie disparaitrait définitivement m’a-t-on dit… Dois-je le croire ?

    Réflexion faite, se soigner à la mayonnaise ne serait-ce pas finalement le bon remède ?

    Il reste à vérifier son efficacité en allant rendre visite à ma petite voisine familiale octipède prête à chasser, bien cachée dans le centre de sa toile.

  • L’ACROSTICHE

    L’ACROSTICHE

    L’ acrostiche se montre au regard affuté

    A voir des lettres à ne surtout pas rater.

    Ce sont ces initiales qui disent tout

    R accourcis qui vous servent de passe-partout.

    Oubliez donc la recherche de sens caché,

    Crutez bien verticalement le mot haché.

    T’es ainsi ton acuité visuelle,

    Je nutilis votre ophtalmo habituel.

    C’est une façon d’écrire qui abrège.

    H émistiches et autres césures l’allègent

    Et des rimes riches, après tout je m’en fiche.

  • L’interprète arabe

    L’interprète arabe

    Vêtu d’une longue robe voyante, couleur de soleil, l’homme s’était confortablement installé dans la cabine des interprètes. Le jaune éclatant de son habit accentuait sa peau brune presque chocolat. Les sons gutturaux de sa voix s’unissaient en une mélopée. Assis sur une chaise, il avait posé ses pieds sur le siège réservé à son collègue. Ses pieds nus remuaient au rythme de son monologue incessant. Sa demie heure écoulée, l’homme sortit allègrement de la cabine, observant tout autour de lui d’un œil attentif. Son remplaçant avait déjà pris le relais et bougonnait comme un vieux mollah lassé depuis longtemps des paroles de la prière. Le parler arabe, mélodieux dans la bouche de l’homme à la peau brune, avait perdu toute sa saveur dans celle de son collègue.

    Celui-ci ne faisait qu’exécuter honnêtement sa tâche, tandis que Abbas, l’interprète chantant, créait une mélodie intrigante de la parole, façonnait une image. Sans connaître l’arabe, on s’empreignait à son écoute de la certitude que ce que disait l’orateur fût très important. Il offrait à l’intervenant une part de son charme. Abbas était venu d’Algérie pour traduire brillamment les discours des fonctionnaires et des cheikhs lors d’une de ces conférences qui sert d’attribut à tout pays désireux d’embellir son image aux yeux de la communauté internationale. Abbas ne perdait pas son temps. Pendant les pauses quand selon les règles de la science de traduction il aurait dû se relaxer et reprendre des forces pour un nouveau saut dans l’inconnu, il s’ingéniait à raconter des anecdotes, de sa pure invention pour la plupart. Comme auditoire, il choisissait de préférence les femmes. A l’une des interprètes la plus crédule, il montra une photo où il posait à côté d’une femme énorme en tenue de camouflage. Abbas assura qu’il s’agissait du Premier ministre du pays voisin. Et qu’il était ami avec elle. La femme le crut et s’approcha de l’image pour mieux examiner le Premier ministre. Un homme de l’équipe des interprètes qui connaissait Abbas depuis longtemps répliqua aussi vite :

    Il faut connaître Abbas. Ne le croyez pas, chère Madame. Il est dangereux comme un serpent tentateur.

    Abbas s’empressa d’intervenir :

    – J’ai plaisanté ! Cette femme est la cheffe des rebelles. Et moi j’ai traduit leurs négociations avec  le gouvernement.

    La femme eut un rire déçu :

    – Et vous pensez que je vais vous croire ? Cette femme grasse et lourde la cheffe des rebelles ?! Elle a enfilé ce costume exprès pour se faire photographier.

    Non, non c’est vrai ; c’est effectivement une femme très courageuse. Et belle en plus !

    – L’air sérieux, Abbas raconta à son interlocutrice que, dans certains pays arabes et africains, la beauté des femmes se mesurait en kilos. Plus la femme était obèse, plus elle était belle. Qu’à la veille du mariage, on la gavait presque comme une oie, de celle qu’on apprête en Europe pour le réveillon de Noël. La collègue s’indigna, mais n’eut pas le temps de lui en vouloir, puisque Abbas en chevalier galant la complimenta sur sa svelte silhouette.

    La conférence dura quatre jours et Abbas se donna pour objectif de ne pas céder en élégance aux cheikhs. Le lendemain il portait une robe blanche. Son parler était aussi ininterrompu et inspiré que le premier jour. Rien ne le troublait : ni la mauvaise diction des orateurs, ni les défauts du matériel, ni le discours syncopé de certains intervenants. Abbas traduisait en toute sérénité comme s’il savait par avance ce que dirait tel ou tel orateur. La femme à laquelle il avait raconté quelques anecdotes osées sur la vie des Arabes fut intriguée non seulement par ces histoires qui lui avaient rappelées les contes fantasques de Shéhérazade, mais aussi par le rythme fougueux de l’interprète arabe. Elle finit par entrer dans la cabine d’Abbas espérant trouver sur la table les textes des discours qu’il traduisait. Comment expliquer autrement une telle liberté et désinvolture dans le propos. Il y avait sur la table une pile de documents mais rien devant Abbas. Profitant de la pause la femme posa une question qu’elle jugeait majeure au point de vue professionnel :

    – J’ai eu l’impression, honorable Abbas, que vous commenciez à traduire l’orateur avant qu’il n’ouvre la bouche. Je suis entrée dans votre cabine exprès, pour voir si vous lisiez le texte et je n’ai rien trouvé. Utilisez-vous la télépathie pour pouvoir lire les pensées de vos cheikhs avant qu’ils les formulent ?

    – Mais voyons ! Je ne sais même pas ce qui se passe dans une tête aussi sympathique que la vôtre, comment pourrais-je savoir de quoi un cheikh va parler ? – Abbas ferma les yeux. – Il est vrai que si on prend en considération que le sujet n’est pas nouveau pour moi, et que j’ai déjà traduit maintes fois tout ce dont on a parlé hier et aujourd’hui, vous pouvez imaginer que j’ai déjà quelques idées là-dessus. Voulez- vous que je vous raconte une anecdote à ce sujet ?

    La femme agita les bras.

    – Non, non, merci ! Malgré votre habit musulman et votre religion, vos anecdotes sont salées.

    – Ah, ma chère…, la femme sourcilla. Ce n’est que de la politesse, ne m’en voulez pas ! Vous connaissez mal les musulmans ! Ce sont des blagueurs et des sybarites et on en a fait Allah sait qui ! Lisez les contes arabes ou bien mes anecdotes, que je peux vous envoyer par courriel.

    La femme sourit en guise de toute réponse. Le troisième jour, Abbas fit son apparition en costume européen aussi élégant d’ailleurs que son habit national. Contrairement aux deux jours précédents, il était plus discret. Pendant une pause, il se rendit dans la salle de repos et avala une poignée de pilules en les accompagnant d’un verre d’eau minérale. Son visage très animé les deux premiers jours avait pris le teint gris de son costume. Son chant continuait à couler avec la même facilité et à flatter l’oreille de l’auditeur, même de l’inaccoutumé à la beauté du parler arabe. L’état physique d’Abbas n’entamait pas la qualité de son interprétariat. Il demanda à son collègue d’inverser leur tour pour partir avant la fin de la journée de travail. On voyait qu’il se sentait mal.

    L’agenda du dernier jour de la conférence fut modifié au dernier moment. Comme toujours d’ailleurs dans de pareils cas, on avait informé tous les participants des modifications apportées, sauf le personnel technique et les interprètes. Au début de la séance, quand les participants reposés et énergiques remplissaient la salle, Abbas, dans la même robe jaune que le premier jour, sommeillait, recourbé sur une chaise. On se mit au travail, il fallait finaliser les documents les plus importants et le temps pressait. Abbas se réveilla, traduisit son temps et prit à nouveau des pilules. La femme interprète qui l’observait, lui demanda, soucieuse :

    – Vous êtes tombé malade ? Je vois que vous prenez des médicaments.

    En réponse Abbas se frappa fortement la poitrine et répondit :

    – Je suis en parfaite forme. Mon docteur m’a dit : « Abbas, toi tu pourras vivre cent ans, si tu le veux ! », ce sont exactement ses paroles !

    – Si il l’a dit, alors c’est vraiment le cas. Et quel est ce prophète ?

    – Le docteur qui a opéré mon cœur. Je vois bien que vous ne me croyez pas après mes anecdotes. Mais oui, on m’a nettoyé les vaisseaux du cœur. Vous ne me croyez toujours pas ? Regardez !

    Abbas déboutonna brusquement sa large chemise et dénuda la poitrine tailladée par des cicatrices profondes.

    – Vous voyez quelles cicatrices parfaites et propres, et il n’y a que vingt jours après l’opération ! Je suis en bonne santé ! Vous voulez voir d’où mon docteur avait pris des vaisseaux sanguins pour rénover mon pauvre cœur, qui avait tant souffert pour vous, les femmes, – Abbas sourit et fit un clin d’œil à la femme meurtrie, – de là, – il leva le canon de pantalon et découvrit de fraîches cicatrices sur le mollet.

    – Abbas !!! Comment avez-vous pu après une opération archi complexe vous relancer dans l’interprétariat simultané ! Ce métier n’est pas une partie de plaisir, vous le savez aussi bien, peut-être mieux que moi! C’est un véritable enfer parfois ! C’est de la folie ! Après une telle opération les gens gardent le lit longtemps et ne peuvent faire que de rêver à leur ancienne vie. C’est une grande charge pour votre cœur ! En avez-vous assez de la vie, Abbas ?

    – Rassurez- vous, c’est tout le contraire ! Ici, je suis dans mon ambiance. J’aime beaucoup ce que je fais. Oh… vous ne me connaissez pas du tout, je suis un rare spécimen. Abbas continua plus bas,- les docteurs sont si prudents, le mien ne fait pas exception. Je lui ai posé une simple question : quand pourrai-je refaire l’amour ? Il a mis la main sur son cœur. Je suis sa carte de visite. Si je meurs toute de suite après l’opération sa réputation en souffrira. Il faut le comprendre ! Mais vous pouvez en être sûre, -Abbas fixa jovialement la femme,- j’ai fait ce que je voulais  cinq jours après l’opération. Evidemment, le docteur ne m’a pas cru. Et vous, vous dites que « j’en ai marre de la vie !» Abbas se tourna vers ses collègues, – comment puis-je renoncer à une société aussi exquise ? Avec votre aide et l’aide d’Allah tout puissant je guérirai. Il ajouta encore plus bas : « je dois encore couvrir les frais de mon traitement ».

    La conférence prit fin, tous les documents importants furent adoptés. Abbas tout rayonnant fit ses adieux à tous ceux que le destin lui avait donné de côtoyer durant quatre longues journées. Il sortit de la salle d’un pas léger et sa robe de soleil se fondit dans la foule multilingue.

  • Rose

    En l’aube tendre, ô Rose, perle de mon être,

    Symbole éternel, flamme de mon destin.

    Ton parfum, en mon cœur, ne cesse de renaître,

    En toi, j’ai trouvé mon havre, mon chemin.

    Rose, compagnie fidèle de mes jours passés,

    Ta présence en mon cœur reste immuable.

    Dans l’écho de nos souvenirs embrasés,

    Je trouve la douceur d’un amour inébranlable.

    Ainsi, en chaque vers, ton nom résonne,

    Rose, étoile lumineuse de mon cœur poétique.

    En toi, la beauté et l’amour fusionnent,

    Pour toujours, ô Rose, fleur angélique.

    Dans chaque mot, chaque ligne, chaque refrain,

    Ton nom résonne, écho de mon dévouement.

    Pour toi, ô Rose, mon cœur fut un jardin,

    Où seul ton amour avait droit à son tourment.

    Ainsi, en cet humble poème, je te chante,

    Toi, mon étoile au firmament de mes jours.

    Ton souvenir, en mon cœur, jamais ne me hante,

    Car en toi, ma Rose, demeure mon amour.

    Dans le silence de nos adieux, j’achève,

    La fin d’une époque, le départ d’un rêve.

    Nos chemins se séparent, notre histoire s’achemine,

    Et seule demeure, en mon cœur, un doux souvenir qui illumine.

  • Un papillon et ma jument

    Un papillon et ma jument

    Oh bel et Mignon

    Joli papillon

    Posé sur les longs crins

    À la mort du matin,

    Apporte un peu de bonheur

    À la jument de mon coeur.

    Envole toi haut dans le ciel,

    Bat vite de tes grandes ailes

    Avec tes couleurs étincelantes,

    Répand ta magie bienveillante.

    À la naissance de l’après-midi,

    Veille sur mon espagnole chérie.

    Lorsque de la journée

    aura bien avancée,

    S’il te plaît, toi l’éphémère, l’héroïque

    Envoi à Gara des rêves féeriques.

    🦋