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  • Silva forestis

    Silva forestis

    ***** Silva forestis *****

    *

    Alors que des futaies dont les branchages exhibent,

    Leurs feuillées colorées, leurs pleureuses frondaisons,

    Des bouquets enivrants se dispersent et imbibent,

    A l’orée de mes sens de propices émotions.

    *

    Les racines torturées, et chimériques souches,

    Les étranges méandres, cruellement tourmentés,

    En étirant leurs ombres, depuis de vertes mousses,

    Du fond de ces taillis, lutinent mes pensées.

    *

    Par-delà les ramures, au-delà du vertige,

    Des ombres se dessinent, que des vapeurs condensent,

    Elles laissent présager, des farfadets perfides,

    Qui entament avec moi, une frénétique danse.

    *

    blueway.now@protonmail.com

  • Changement d’état

    Changement d’état

    L’arôme opiacé de ma folle raison
    Avait tant su m’emplir et créer l’embolie
    Qu’elle en perdit son souffle et son exhalaison,
    Ne laissant que l’odeur de la mélancolie.

    Ce parfum désuet, ce reflet suranné,
    Fomentait en mon cœur un dessein hermétique.
    Et ce pétale vieux, diaphane et fané,
    Ne voilait plus alors qu’un esprit cathartique.

    Tout fut précipité puis tout fut différent :
    J’allais sans loi, sans but, j’étais l’anachorète,
    J’allais sans contingence à devenir errant,
    Et pourtant, ce jour là, je quittai ma retraite.

    Un écho de clarine éveilla la vigueur
    De mon corps haletant. Ce fut la transhumance :
    Je descendis, serein, le pas plein de langueur,
    En tintinnabulant vers la vallée immense.

    J’aspirais tant à voir par delà les sommets,
    Mais j’étais le myope à rêver du presbyte.
    Quand disparut l’effluve aux fabuleux fumets,
    L’anachorète enfin devint un cénobite.

  • Qu’en vient la nuit

    Qu’en vient la nuit

    Ô dame lointaine, étoile des cieux,
    Rêverie et exaltation sous le voile de la nuit,
    Invisible aux yeux, mais si proche en mon âme,
    Que le vent des monts, messager silencieux,
    Vous livre le chant d’un cœur en flammes.


    En ce jardin secret où germe l’attente et où l’espoir fleurit,
    Chaque mot que je sème devient doux parfum,
    Messager discret d’une humble révérence,
    Embaumé de désir, fidèle et commun.


    Votre image me hante, comme l’aube naissante,
    Colorant mes nuits d’un éclat si doux,
    Et même  sans contours visibles, vous êtes cette guide ardente,
    Que mon âme reconnaît, sans jamais de faux pas.


    Que l’univers conspire à bercer notre attente,
    Que l’étoile polaire nous montre le chemin,
    Car l’amour courtois, même en mer si battante,
    Trouvera son port dans la douceur de vos mains.

    Alors, ô belle dame, lady Clara, entendez mon poème,
    Car dans chaque vers, c’est mon cœur qui vous aime.

  • Respire

    Respire

    Inspire, expire, prend ton pouls

    Douche froide, est-ce que c’est ça le monde des fous ?

    Être assez belle pour être son trophée

    Être trop quand il faut s’engager.

    Demander du support, chercher de l’aide

    Essayer de garder la tête hors de l’eau

    Avoir l’impression que tout le monde me trouve laide

    Parce que j’ai beaucoup de bobos

    Être victime d’une maladie invisible

    Devoir s’expliquer quand on semble illisible

    Justifier notre absence

    Afin de ne pas souffrir de notre présence

    Avoir peur du changement et des gens

    Avoir la boule au ventre quand il est question d’amour

    Avoir peur de sa réaction face à mon passé lourd

    Montre qui je suis m’effraie tant

    Si on dit que l’amour sur 3 ans, je dirais que c’est faux

    Qu’un an c’est assez pour se lasser de moi

    Au final, je me bénis et je suis là

    Démuni et triste à me demander « pourquoi moi ? »

    Inspire, expire, respire, tout va bien

    Tout va mal pour ceux qui pensent trop

    Trop penser fait mal, car cela implique un lot

    Un lot de patience et de pansements

    Quand la nuit tombe,

    Les anxieux se lèvent

    La peur s’attache, nous serre et nous ronge

    Comme si c’était la dernière nuit

    Se sentir vide, quand au fond,

    Notre cœur est rempli d’émotions

    L’impression que jamais on ne nous comprendra

    L’impression que nous sommes au plus bas

  • VOCABULAIRE

    VOCABULAIRE

    VOCABULAIRE4  (14-19)

    CHEMIN D’EDEN

    Tous ces crocus polychromes

    Poussent comme de l’herbe monotone

    Mais en bien plus beau, évidemment !

    ELLE

    Entre tes lèvres

    Ce poème : « Je t’aime »

    Comme du velours.

    LIBERTÉ

    À la fenêtre,

    Une abeille dans les rideaux,

    Première prise du printemps.

    HUMIDITÉ

    La pluie seule contre

    Le torrent qui serpente.

    Elle descend de la montagne

    Et dévale les pentes,

    C’est le rythme de l’eau vivante.

    JEUXINTERDITS

    Le parfum de la rose,

    Feutre de la vie…

    Et sur mes joues

    Ses lèvres alizarines effacent

    La candeur des beaux jours.

    MER

    Ce liseron blanc de la côte de Nacre,

    Je l’ai frotté entre mes mains

    Comme du savon.

    Ayant fouillé le sable d’albâtre

    Elles sentaient le poisson.

    CHRISTOPHEPOIRIER

  • LES FRITES

    LES FRITES

    LES FRITES

    Le mardi à midi c’était purée jambon ou purée sardines,

    Ça changeait d’une semaine sur deux.

    Le mercredi c’était frites jambon

    Ou frites avec un « coco » (un œuf sur le plat).

    Le mercredi tout le monde savait que j’avais mangé des frites,

    Pas seulement parce qu’on était mercredi,

    Ça non,

    Mais parce que mes vêtements étaient imprégnés des odeurs de graisse à frites.

    Mais moi, les frites, j’adorais ça !

    CHRISTOPHEPOIRIER 18/12/2024

  • POEME1: L’Amour

    POEME1: L’Amour

    Dans la nuit comme la matinée au fur et à mesure que mon cœur bat je ne cesse de penser à toi.  A chaque fois que je te vois j’ai une et mille sensations qui parcours mon corps ajoutant une étincelle hallucinante qui de même rends ce petit instant incroyable.

    La puissance du soleil n’est rien comparé à la lumière qui se produire lorsque je contemple ton visage ressemblant à celui d’un ange.

    Certaines personnes ont tendances à dire que Lucifer est la plus belle créature de Dieu mais selon moi c’est parce qu’ils n’ont jamais eu le privilège de te rencontrer.

    Les saintes écritures disent d’aimer son prochain comme soi-même mais je constate que je t’aime plus que moi-même ce qui revient à dire que l’amour que j’éprouve pour Moi n’égale en aucun cas celui que je ressens pour toi.

    Si c’était possible d’acheter une place au paradis pour sa vie je pense que c’est ce que j’aurai fait pour toi (rires) en démontrant l’amour que j’ai à ton égard. Car pour moi le fait d’aimer quelqu’un sincèrement sans acte n’a pas son importance.

    L’eau est source de vie, l’argent est un matériel permettant à la survie de l’espèce humaine et pour ma part c’est ta présence qui donnera un sens dans ma vie.

    Ma plus grande erreur commise est de ne pas être vite née pour être proche de toi.

    Si et seulement si je pouvais te conquérir.

    Par Elischama, le 1er octobre 2021

  • L’ACCIDENT

    L’ACCIDENT

    L’ACCIDENT

    Il y avait des éclats de lumières,

    Des bruits de verres et de tôles froissées.

    Il avait des petits morceaux de pare-brise dans la bouche,

    Dans les oreilles et sur les contours des yeux,

    Dans les cheveux aussi.

    Ça sentait une odeur de gaz carbonique dans l’habitacle de la voiture cassée.

    Probablement dû aux airbags.

    Il y avait une sorte de tissu en toile légère

    Qui reposait sur le tableau de bord.

    Les murmures alentour devenaient de plus en plus fort.

    Les sons amplifiaient.

    Ses paupières se rouvraient lentement

    Griffées sur un monde,

    Nouveau.

    CHRISTOPHEPOIRIER 18/12/2024

  • FRAGMENT

    FRAGMENT

    FRAGMENT

    Un coupon veut,

    Un coupon veut pas,

    On a lagueule qu’on a.

    Dans l’immensité verte des marais,

    Un polichinelle jaune s’en est allé.

    Les blessures du passé

    Ont du mal à refermer.

    Le soleil luisait dans ses yeux.

    À quoi bon mentir,

    À quoi bon trahir,

    Dieu s’est inventé,

    Par nos chairs corrompues,

    L’objet de convoitise est devenu.

    Tout autour du monde,

    Le pauvre homme

    Se sent pousser des ailes.

    Les autres le regardent

    Et il aime ces gens gentils

    Avec l’espoir au bout de la nuit.

    Au beau matin inspiré,

    Ilt raverse au galop,

    De long en large son destin,

    Et cherche la quadrature du cercle.

    Lamer se retire,

    Comme un drap qu’on tire à soi.

    Sous un cœur qui palpite,

    Il y a la vie rythmée des vagues.

    Ce mouvement de la mer et d’océan,

    Des branches dans le vent,

    Dans sa tête, dans son cœur,

    Il y a des sentiments.

    Mais dans la douceur et la violence

    Du ciel embrasé,

    Un prélude de l’été s’imagine.

    Le soleil chauffe,

    (séquence érotique)

    Le vent caresse.

    Un relent du passé

    Vient compléter

    Une atmosphère de regrets.

    Victime de l’amour,

    Structure animale,

    Structure végétale,

    Mathématiques musicales,

    Symboles innocents,

    Corbeaux,

    Roses trémières,

    Forsythia,

    Clochettes des prés,

    L’existence n’a pas de prix.

    Un concept idéalisé,

    Se formate machinalement.

    CHRISTOPHEPOIRIER 18/12/2024

  • Orage et cabriolet capricieux

    Orage et cabriolet capricieux

    Par un après-midi radieux, baigné de soleil, nous décidâmes de partir en vadrouille, savourant la douce liberté que procure un cabriolet des années 80.

    L’air était tiède, la route invitante, et la mécanique ronronnait avec une élégance surannée.

    Tout semblait réuni pour une promenade parfaite.

    Hélas, la nature, dans sa grande malice, avait d’autres desseins.

    À peine avions-nous parcouru quelques kilomètres qu’un nuage noir, surgissant de nulle part, vint assombrir notre ciel d’azur.

    Puis, sans crier gare, le vent se leva, suivi d’un premier éclair, prélude d’une pluie torrentielle.

    Pris au dépourvu, nous actionnâmes aussitôt le toit rétractable.

    Mais, au lieu de se refermer avec la diligence attendue, il hésita, trembla, puis se ferma à moitié avant de se rouvrir brusquement, comme pris d’une volonté propre. Nous pestâmes, nous agitâmes, tandis que l’eau s’invitait sans retenue, détrempant nos vêtements et transformant l’intérieur en un véritable bassin improvisé.

    Chaque tentative pour remédier à la situation se soldait par un nouvel affront mécanique.

    Le toit, récalcitrant, jouait avec nos nerfs, s’ouvrant et se refermant à sa guise, comme s’il trouvait un malin plaisir à notre détresse. Finalement, après plusieurs péripéties dignes d’une farce burlesque, il se décida à se refermer définitivement… juste au moment où l’averse prenait fin.

    Trempés jusqu’aux os, grelottants mais hilares, nous reprîmes la route en tirant une leçon précieuse de cette mésaventure,

    Si l’on souhaite braver les caprices de ces nobles voitures d’antan, mieux vaut ne jamais oublier un bon imperméable

    Jean Marcel   Fevrier 2025 ©

  • Ton cœur

    Ton cœur

    Toi qui sais appuyer pour faire de la lumière
    Où il faut appuyer,
    Toi qui sais faire briller la plus sombre chaumière
    Qui n’avait plus brillé.

    Toi qui trouves tous les confins,
    Les méandres confus
    De nos esprits sans fin,
    De nos esprits diffus,

    Ton cœur est doux comme la pluie,
    Ton cœur est beau comme un grenat,
    Ton cœur est grand comme la nuit,
    Mais c’est Ton cœur qui bat.

    Toi qui nous laisses là, sous le feu des semonces,
    Et autres arguties,
    Tous ces ceci-cela dont on est sans réponse,
    Et sans question aussi.

    Toi qui n’as rien à lâcher,
    Qui est simplement toi-même,
    Moi qui n’ai rien à cacher
    Que le sens d’un poème.

    Continue, prends confiance, continue l’expérience,
    Continue, et demain, continue ton chemin.

  • LES FRITES

    LES FRITES

    LES FRITES

    Le mardi à midi c’était purée jambon ou purée sardines,

    Ça changeait d’une semaine sur deux.

    Le mercredi c’était frites jambon

    Ou frites avec un « coco » (un œuf sur le plat).

    Le mercredi tout le monde savait que j’avais mangé des frites,

    Pas seulement parce qu’on était mercredi,

    Ça non,

    Mais parce que mes vêtements étaient imprégnés des odeurs de graisse à frites.

    Mais moi, les frites, j’adorais ça !

    CHRISTOPHEPOIRIER 18/12/2024

  • PHASE A PHASE B

    Sa grande passion était de faire tomber les choses. Ça l’avait prise dès l’enfance. Enfin, c’est ce que lui disait sa mère. Une sorte de vieille chose devenue encombrante qu’on a mise ailleurs, loin des vivants. Enfin, c’est ce qu’elle disait. Quand la principale occupation d’une vie est de vieillir, ça peut se faire en EHPAD comme chez soi. L’argument l’avait emporté auprès de la fratrie et la vieille s’occupait à vieillir ici, autant dire nulle part. C’est ainsi qu’elle voyait les choses. Ils l’ont oublié, ses ingrates ; elle ne se souvient pas même de leur dernière visite tant elle lui semblait lointaine. Et plus elle vieillissait, plus elle s’occupait ; et plus elle s’occupait, plus elle vieillissait.

    – Maintenant, t’as la tête trop pleine de conneries ma fille, t’as dû oublier. Je te le dis, ta passion de faire tomber des trucs tu l’avais dès l’enfance. Avec ton père on t’appelait le chat.

    Esther, connaissait le monologue par cœur. De toute façon sa mère n’avait plus qu’un seul registre qu’elle faisait tourner en boucle. Avant elle parlait de Sophie et de Margaux, maintenant il n’existe plus qu’Esther. De toute façon, il n’y qu’Esther qui vient. Sur la phase A, ce souvenir ; sur la phase B, l’assiette cassée.

    Elle en arrivait à la partie où elle lui disait qu’avec son père ils l’appelaient le chat. Pas la chatte, c’était trop vulgaire.

    – Dès qu’il y avait un truc qui trainait, encore en vie, sur le bord d’une table, sur une étagère, une commode, tu le faisais tomber. C’était plus fort que toi, continuait de répéter sa mère.

    La phase A n’était pas la préférée d’Esther, mais sur le modèle de sa mère on ne pouvait pas faire avance rapide. Elle prenait son mal en patience. Il y a une partie agréable à cet entretien, mais ce n’est pas pour tout de suite. Quand sa mère aura fini de raconter la fois où elle empila des coussins comme une échelle, on passera enfin à la suite. Si Dieu avait bien fait les choses, se dit Esther, il aurait au moins compensé la découverte du mode « se chier dessus » par l’ajout d’une option « avance rapide » pour la vieillesse.

    – Ah, si seulement tu avais gardé de cette malice pour réussir dans ta vie ; ah ta vie, ma fille, tu l’as fracassé comme ces objets sur le sol, dit-elle en arrivant au terme de la piste A.

    Alors, débutait la mise en scène de la fille qui prend soin de sa pauvre mère. Esther s’imprègne du rôle, un coup de bâton, un deuxième et enfin le rideau se lève.

    ESTHER (se lève de son fauteuil) – Maman, il faut que tu te ménages. Tiens, bois de l’eau, ça va te faire du bien. T’as bien pensé à prendre tes médicaments ?

    MAMAN ROSE – J’ai le cœur brisé quand je vois l’état d’échec de ta vie ma fille, je me demande où j’ai foiré (à part) de quelle faute Dieu me punit-il en m’ayant donné une fille comme elle ? Va retrouver ton mari, tes enfants.

    ESTHER – Je sais maman, je sais. J’irais, j’irais. En attendant, je suis la seule à venir te voir. Les autres, elles viennent te voir ?

    MAMAN ROSE (en toussant) – Ce n’est pas la question. Si tes sœurs ne viennent pas, c’est parce qu’elles sont occupées à faire leur vie. Tu ne viens pas me voir, tu viens zoner ici ! T’as rien de mieux à faire à ton âge ?

    ESTHER (jouant la surprise) – Tu restes ma mère, maman.  Voilà termines ton verre, et juste cette dernière pilule. Alors, qu’est-ce qu’on disait ?

    On y est, enfin. La meilleure partie, c’est la transition entre phase A et B. Or, quand sa mère commençait à reprendre du poil de la bête, à se griser contre elle, c’était le signe qu’elle allait changer de phase. Dans quelques instants, elle allait commencer à pleurer en demandant de l’excuser pour les horreurs qu’elle vient de dire. Qu’elle n’en pense rien. Que c’est l’effet des médicaments, ou de la maladie, elle ne sait plus. Tout se mélange dans sa tête.

    Dans ces rares instants où Esther parvenait à reconnaître le souvenir de sa mère dans les corps et les mots de la femme en face d’elle, elle puisa toute l’énergie pour encaisser la suite. Si ce n’était pour ces rares instants, elle n’aurait pas tenu depuis de si nombreuses années. Avant que sa mère ne replonge, elle profita de cette parenthèse de lucidité. Elle demandait toujours la même chose : un baiser sur le front, inimitable. Comme avant. Ensuite, elle lui disait des « au revoir » que la veille femme ne comprenait pas ; et qu’elle aura oublié dès le début de la phase B. À chaque fois, Esther ressentait comme des pincements au cœur. Elle vivait chacune des replongés comme une petite mort, à laquelle elle n’avait jamais réussi à s’habituer.

    Phase B.

    L’assiette.

    – Ah, si tu n’avais pas brisé cette assiette, je serais heureuse, ton père serait encore là avec moi, la famille serait encore unie, il n’y aurait plus d’injustice dans le monde et chacun mangerait à sa faim. Elle était importante cette assiette. Je l’ai reçu de ma mère qui l’avait reçu de la sienne, jusqu’à il y a très longtemps. Tu comprends, c’était la famille cette assiette et même un membre de la famille. De mon temps, on savait prendre soin des choses fragiles. Ah ! si seulement, ma sotte de fille… si seulement. Et toi, tu l’as cassé.

    Fatiguée de la réminiscence de ce souvenir qui brisait tout en elle comme l’assiette s’était brisée, elle replongeait dans son activité : vieillir sur son fauteuil. Elle en oubliait la présence de sa fille. Elle oubliait que sa fille était une enfant, à l’époque.

    Esther recouvrit le corps frêle de sa mère qui dormait sur son fauteuil, dans la chambre qu’elle occupait depuis la naissance d’Esther, l’ainée. « Dors bien maman, ici tu es chez toi », murmura Esther avant de rendre le baiser sur le front. Les entretiens duraient une vingtaine de minutes, ensuite sa mère s’endormait. Elle ferma délicatement la porte de sa chambre et rejoignit ses sœurs, à l’étage du dessous, dans le salon.

    Toutes les deux levèrent des yeux en forme de point d’interrogation vers elle, le regard plein de ces désillusions devenues trop familières. Un instant, Esther cru reconnaître, chez elles, le regard de sa mère. L’idée qu’elles, aussi, y passent lui glaça le sang. Mais elle reprit le dessus sur ses craintes pour dire, avec l’air d’y croire :

    – Elle tourne encore en boucle sur le même souvenir, mais il y a du mieux.

    Aucun des regards qu’elle croisa ne crut à son mensonge. Pas plus qu’elle n’y croyait elle-même.

    Après que chacune soit retournée à sa vie, en renouvelant leur gratitude pour son dévouement, Esther demeura dans la maison familiale. Seule, avec sa mère. Seule avec son mari, ses enfants, ses amies, son Dieu, son gourou, en un mot : sa mère.

    Avant de s’endormir, Esther consulta ses messages.

    « C’était super, tu gères, comme toujours grande sœur ! T’es vraiment la meilleure. Par contre, l’idée des assiettes en carton, on n’est pas sûres. Bisous xoxo »

    Éreintée par sa journée, Esther ne trouva ni les mots ni la force pour une énième bataille.

    « <3 » répondit-elle, dans le groupe de conversation de la famille.

  • L’homme en colère

    L’homme en colère

    L’HOMME EN COLÈRE

    Il avait envie de lui dire au psy :

    « C’est facile pour vous de me répondre qu’il faut que je joue le jeu ».

    Quand tout lui semblait invivable autour de lui et aussi dur à la fois.

    « Vous qui êtes assis confortablement au fond de votre fauteuil deministre

    Et qui attend sa rémunération au bout de dix minutes passées, aprèsune séance de bla-bla ».

    Lui !

    Il faut qu’il trime 8 heures pour les obtenir.

    Sans oublier les conditions de travail.

    Non!

    Vraiment cela n’est pas nécessaire,

    Il n’y a aucune comparaison à faire.

    « Vous ne comprenez vraiment pas ce qu’il avait à vous dire,

    Séjour là ! ».

    CHRISTOPHEPOIRIER  18/12/2024

  • CHAMBARDEMENT

    CHAMBARDEMENT

    CHAMBARDEMENT

    Relance d’un pick-up

    Arrêté en bout de chemin.

    J’avais tourné la manivelle,

    J’avais r’programmé une sélection.

    Attention aux étincelles,

    J’filme la dérision.

    Au bout d’ma fourchette,

    J’avais une passion,

    Une grande passion.

    J’avais des bouts de quiche aux allumettes,

    J’avais des Hortensias qui parlaient pas,

    J’avais des poubelles à demi-nues,

    J’avais des ballons de rosé

    Avant la rosée du matin.

    J’avais des mouches à merde

    Qui m’faisaient chier,

    J’avais des culottes qui m’serraient trop.

    J’avais des murmures de chatte

    Dans la canicule des hurlements

    Étouffés par des bruits de fond.

    J’avais ma névrose karchérisée,

    J’avais mes neurones expertisés.

    Dans mon lit javélisé,

    J’rumine mes états d’âme.

    Du cancer de blues au concert de jazz,

    J’préfigure mon style

    Sur l’autoroute du kitch!

    J’avais un stratagème occultant ma ligne de mire,

    RESET OR NOT RESET

    JE N ‘SAVAIS PLUS SUR QUEL PIED DANSé

    CHRISTOPHEPOIRIER  le 03/12/2024