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  • La chanson de Marcel (extrait)

    La chanson de Marcel (extrait)

    DIVAGUER SUR LES MAINS

    Trégastel

    c’était avant

    avant Marcel

    j’avais six ans

    peut-être encore un peu content
    de la plage on distinguait des rochers bien nommés

    Les Sept Îles et Le Dé
    chambre à air de camion

    je m’enroulais dedans

    pour rouler jusqu’à l’eau

    Jokari sans arrêt

    j’étais seul jusqu’à l’os
    sur la plage

    sur les mains

    je marchais je tombais

    pour que tous me regardent

    et rigolent du gamin

    qui faisait ça si bien

    divaguer sur les mains
    l’eau glacée c’était fort

    en sortant j’étais bleu

    petit

    frêle et vilain
    grelottant comme un piaf

    tout petit mais malin

    comme un singe disait-on
    pour partir on prenait le chemin des douaniers

    très étroit sinueux et bordé de genêts

    pleins d’effluves de merde
    car des gens très souvent se soulageaient dedans

    et le soleil aidant puis le vent s’y mettant
    je n’oublierai jamais ces odeurs ni ces gens

    c’était avant

    j’avais six ans

    peut-être encore un peu content

  • LE TEMPS S’ARRÊTE…

    LE TEMPS S’ARRÊTE…

    Que se passe-t-il donc ? Le ciel est toujours bleu mais la luminosité a considérablement diminué. Ce 14 juillet, en plein milieu d’un bel après-midi, une certaine fraîcheur s’insinue. Dans la demeure de ma grand-mère où je passe quelques jours en vacances à la campagne, la belle comtoise que j’ai remontée ce matin même, peine à égrener ses TIC qui bizarrement doivent patienter pour qu’arrivent les TAC. Elle marque 14 heures et 12 minutes. Un coup d’œil vers ma grand-mère qui somnole devant sa télé. Surprendre ! L’écran est occupé par un défilement de lignes scintillantes sur un fond de grésillement. Par quelle association d’idées, cela me donne envie de vérifier sur la tablette que j’avais apportée. Même constat. Le défilement ralentit très progressivement et les lignes s’espacent. Pas plus que la télécommande, les touches du clavier ne répondent pas. L’affichage numérique du radioréveil posé sur le chevet semble hésiter à chaque changement de seconde, ce qui prend un certain temps.

    Me sentant très lourd, je gagne le seuil de la maison. Le soleil a parcouru un bel arc de cercle dans le ciel, ce qu’il lui fait habituellement en plus d’une heure et pourtant horloge, réveil, tablette et même ma montre affiche tout juste 14 heures et 35 minutes. On dirait que le crépuscule arrive et il fait presque froid. Le disque solaire n’est pourtant pas occulté par une éclipse. Dans cette campagne où il ne reste que peu d’oiseaux, j’ai la surprise d’en voir certains battre désespérément des ailes puis s’immobiliser en l’air. Arrivant de l’Ouest, deux chasseurs bombardiers Rafale qui d’habitude nous survolent dans un bruit assourdissant, se traînent au niveau de la cime des sapins, dans un étrange ronronnement de gros matous. Tout cela est-il réel ou serait-ce des mirages ?

    J’ai de plus en plus de peine à me déplacer et même à penser. Mon cerveau aussi ralentit ainsi que tous mes sens. Je parviens cependant à percevoir une inquiétante modification de l’environnement. A 5km de là, un énorme panache s’échappe de la tour de réfrigération de la centrale nucléaire. Le système de refroidissement doit lui aussi dérailler. On va à la catastrophe… Je voudrais crier mais aucun son ne sort de ma bouche. De plus en plus faible, l’esprit confus, rythme cardiaque et respiration de plus en plus lents, je m’écroule comme dans un ralenti et je sens que jeee m’en… dorrrs.

    Soudain, réveil brutal après cette amnésie temporaire. Affalé devant le seuil, je cuis littéralement sous les rayons ardents du soleil au zénith. Les oiseaux pépient et volent au-dessus des toits, les feuilles frémissent et bruissent, la centrale nucléaire n’a pas encore explosé. Vers l’est, j’entends le bruit assourdissant de deux chasseurs qui disparaissent à l’horizon.

    Je rentre dans la cuisine car grand-mère est ponctuelle sur l’horaire des repas. Bizarrement, je n’ai pas faim. Je vois que les horloges ont recommencé à rythmer le temps. Et tout m’est revenu en mémoire…

    Au journal télévisé de 13 heures que nous suivons tout en mangeant, un flash spécial nous apprend que le Grand Maître du Temps Universel, le bon vieux Chronos, qui veillait en permanence  depuis quelques siècles, a fait une sieste imprévisible puisque inédite, au moment où il aurait dû remonter le gros boulet de fonte de l’horloge universelle dont tout dépend dans notre monde truffé de technologie. Ce qui l’a réveillé, c’est le complet, inhabituel et même inédit silence du monde. Retrouvant ses esprits, il vient donc de remonter précipitamment la Grand chronomètre mais un peu plus que de mesure.

    C’est pourquoi l’Univers a rajeuni de plus de 3 heures ce jour là. Autant de vacances en plus ! Donc attendons une autre fois pour voir les effets qu’aurait la dilation/contraction de l’espace-temps évoquée dans les théories de la physique relativiste.

  • L’Erreur Fatale

    Dans une banlieue tranquille, vivait un groupe d’adolescents inséparables : Emma, Marc, Léo et Laura. Ils étaient comme une petite famille, passant leurs journées à explorer les rues de leur quartier et à partager des secrets.

    Un jour, ils ont décidé de jouer à un jeu dangereux : l’exploration d’un vieux bâtiment abandonné à la lisière de la ville. Malgré les avertissements des adultes et les panneaux de danger, ils étaient déterminés à découvrir les mystères cachés à l’intérieur.

    Ils ont franchi les portes vermoulues et ont pénétré dans l’obscurité oppressante du bâtiment. Les murs étaient couverts de graffitis et le sol était jonché de débris. Pourtant, l’excitation les animait alors qu’ils progressaient plus profondément à l’intérieur.

    Soudain, un craquement sinistre a résonné dans le silence. Paniqués, les adolescents se sont précipités pour sortir, mais il était trop tard. Le sol sous leurs pieds s’est effondré, les entraînant dans les profondeurs du bâtiment abandonné.

    Des heures plus tard, les secours ont retrouvé les corps sans vie des adolescents. Leur aventure imprudente avait conduit à une tragédie inimaginable. Les familles et la communauté étaient plongées dans le chagrin, regrettant amèrement les choix irréfléchis des jeunes

  • Les Secrets de la Jungle Perdue

    L’exploratrice intrépide, Lara, était bien déterminée à découvrir les mystères cachés au cœur de la jungle amazonienne. Accompagnée de son fidèle guide, Paulo, elle avait entrepris une expédition périlleuse dans les profondeurs inexplorées de la forêt dense.

    Leur quête les mena à travers des sentiers sinueux et des rivières tumultueuses, où chaque tournant révélait de nouveaux défis à surmonter. Ils affrontèrent des animaux sauvages, évitèrent des pièges naturels et bravèrent les éléments déchaînés.

    Mais ce n’était que le début de leur aventure. Alors qu’ils progressaient plus loin dans la jungle, ils découvrirent les ruines anciennes d’une civilisation perdue depuis longtemps. Les temples recouverts de lianes et les statues ornées semblaient murmurer des secrets oubliés depuis des siècles.

    Déterminée à percer le mystère de cette civilisation disparue, Lara se lança dans une exploration audacieuse des ruines. À chaque pas, elle découvrait de nouveaux indices et des artefacts intrigants, témoignant de la grandeur passée de ce peuple oublié.

    Cependant, ils n’étaient pas seuls dans leur quête. Une bande de contrebandiers sans scrupules, désireux de s’approprier les trésors cachés de la jungle, était à leurs trousses. Lara et Paulo se retrouvèrent bientôt pris dans un jeu mortel de cat et de souris, où chaque erreur pouvait leur coûter la vie.

    Malgré les dangers qui les entouraient, Lara refusa de renoncer à sa quête. Avec l’aide de Paulo et de leur ingéniosité combinée, ils déjouèrent les plans des contrebandiers à plusieurs reprises, les empêchant de mettre la main sur les trésors ancestraux de la jungle.

    Au fur et à mesure qu’ils avançaient dans les ruines, Lara découvrait la véritable raison de la chute de cette civilisation autrefois prospère. Des rivalités internes, des guerres tribales et des forces mystérieuses secrètes étaient à l’origine de leur déclin.

    Finalement, après des jours d’exploration et de lutte, Lara et Paulo mirent au jour le plus grand secret de tous : un artefact ancien d’une puissance inimaginable, capable de changer le destin de ceux qui le possédaient.

    Mais ils réalisèrent également que certaines vérités étaient mieux laissées enfouies. Au lieu de prendre l’artefact pour eux-mêmes, Lara décida de le laisser là où il était, préservant ainsi l’équilibre fragile de la jungle et le mystère de cette civilisation perdue.

    De retour chez eux, Lara et Paulo étaient satisfaits de leur aventure. Bien qu’ils aient laissé derrière eux les trésors de la jungle, ils emportaient avec eux des souvenirs inoubliables et la satisfaction d’avoir vécu une véritable aventure.

  • Rêveur optimiste

    Rêveur optimiste

    Et il y a nous, les rêveurs…

    À qui la vie en fait voir de toutes les couleurs

    On s’accroche mais pas à l’honneur

    Si on se perd, adieu le bonheur
    Même dans l’ombre, tu nous verras sourire

    Et au pire quand il fait sombre, tu entendras nos soupires

    Oui, les gens sont beaux et la nature est belle

    Car nos yeux voient, partout, des arc-en-ciels
    Nous croyons en l’avenir, même s’il est incertain

    Et nous vivons chaque jour comme un cadeau précieux

    Nous ne nous laissons pas abattre par les difficultés

    Car nous savons que les étoiles sont là pour nous guider
    Nous aimons les gens, même ceux qui nous détestent

    De vos jugements, nous, on proteste

    Nous aimons la vie, ses hauts et ses bas

    Car nous savons que la vie est un combat
    Et même si nous ne sommes pas toujours heureux

    Nous restons rêveurs, même une fois enfermé.

  • Le premier jour de la fin

    Le premier jour de la fin

    Une nouvelle belle journée. Lilas, jonquilles, marguerites, des orchidées. Vert, bleu, jaune. L’air frais, le soleil qui caresse la peau. Voilà des mois que je m’affaire à jardiner, tout préparer pour l’été. J’y travaille d’arrache pied, et ce matin, j’ai enfin pu contempler. Une explosion de couleurs travaillées, une verdure magnifiée. J’ai savouré, pouvant enfin les humer. J’ai appelé tous mes proches pour observer. Un profond sentiment de fierté. Tout ce que j’avais cultivé s’était transformé en telle beauté, de celles qu’on aime raconter, partager. Alors je l’ai appelé, je l’ai cherché. Et puis j’ai vu le cerisier. Je l’avais délaissé, pensant qu’il vivait de tranquillité. Je l’ai retrouvé abîmé, les branches arrachées, les fruits crevés. J’ai tant pleuré. Je l’ai abandonné. Il avait été mon jardin à lui seul pendant tant d’années. Je l’ai effleuré, et son écorce rêche est venu me griffer. Le rouge sur ma peau. Ma vision devenue brouillée, les larmes incontrôlées, j’ai voulu m’excuser. Il est tant familier. Mais autant que le temps répare les maux, il éloigne les cœurs blessés. Et lui, je l’ai délaissé. Mon monde entier que j’ai maltraité. Alors tout s’est mis à pourrir, et j’ai vu le loup mourir. Je me suis laissé attendrir, j’ai voulu lui sourire, et il a juste laissé un dernier soupir. Un dernier soubresaut, avant qu’il ne me laisse seule avec l’aigle en haut. Le dévoreur. Celui qui ne m’a jamais vraiment aimé. Son honnêteté rôdant au dessus de ma lâcheté, celle qui m’a empêché de l’embrasser. Le loup nous a quitté. Je serai à toujours endeuillée.

    Laissée dans ce champs de ruines, sous cette pluie fine. Il ne reste plus que le cerisier, éternellement. L’aigle semble dire qu’il ne reste rien à sauver, et je choisis de pas l’écouter, je me remets à l’adorer. Car c’est lui le premier. Le préféré. Je vais le réparer, et me remémorer qu’à lui seul il pouvait tout habiller, tout sublimer. Il mérite d’être aimé, soigné, et non sacrifié au dépend d’artifices maquillés. Je retourne le cultiver.

    Aujourd’hui je pense à lui, alors je sais que demain sera meilleur qu’une éternité à le regretter.

  • UNE VOYELLE VOUS MANQUE

    UNE VOYELLE VOUS MANQUE ET LA MONTAGNE EST DEPEUPLEE.

    Les jours de glace s’achèvent et vont céder la place aux beaux jours. Mars approche et nous apporte la clarté et la chaleur sans omettre tant de couleurs. Le blanc des nuages et des névés un peu maculés, logés dans les creux et les pentes des montagnes. On ne peut le manquer tant le contraste est grand avec le bleu azur de l’espace surmontant la terre. C’est un moment de renouveau pour toute la nature sortant de la torpeur. Dans les prés déjà les marmottes se font entendre quand elles sont dérangées. Les jeunes retournent se cacher sous terre. Les adultes en ont vu d’autres et n’arrêtèrent pas de manger l’herbe grasse pour reprendre des forces. Les grosses bêtes cornues peuplant les flancs escarpés et rocheux sont plus malchanceux. Leur menu est frugal, à base de quelques pauvres mousses. La nature s’orne de couleurs, outre le vert et le marron. Les fleurs sont pour beaucoup dans ces changements. Les jaunes des genêts et des ajoncs, les rouges des pavots, des anémones et des rhododendrons, sans omettre, rare chez les fleurs, le bleu des crocus et des pervenches. En me baladant dans cette belle campagne, mon regard se porte sur d’étranges traces gravées dans la boue asséchée. Cela révèle le passage de quelque homme ou bête. Peur ou frayeur, quel est mon état mental pour affronter l’étrangeté ? Passé ce moment de trouble, je ne peux qu’aller plus avant sur la sente que la forêt cache au regard de l’amateur un peu sot. Courageusement je me lance à l’assaut des pentes herbues et rocheuses. Je poursuis, je souffle et j’ahane. Par moment mes chaussures de randonnée dérapent et je sens en contrebas la menace d’un profond canyon. Ce n’est plus le moment de penser aux fleurs et à la faune tellement adapté à ce monde. Pas plus à la palette de couleurs de Dame Nature. C’est de sauver sa peau. Tel est l’enjeu. La pente s’atténue, les arbres s’écartent et les nuages errent à nouveau dans l’azur. Un montagnard chevronné n’a pas à s’effrayer de la sorte sauf que je rêve d’être ce genre d’expert et que la marche est trop haute. Parvenu au sommet, en bas, dans la vallée s’étale un gros hameau traversé par un torrent roulant de galets et gros rochers dans un vacarme épouvantable. C’est le moment où la descente est une autre étape à gérer avec adresse. Par moment, la pente semble m’emporter et je me mets carrément à terre pour ne pas tomber. Après tant d’heures et de souffrance dans cette randonnée mal préparée, le terme tant attendu se présente quand le crépuscule gagne peu à peu le monde des hommes déjà rassemblés autour de l’âtre dans leur chalet. L’un d’eux acceptera sans doute de me donner le couvert et de m’héberger. Je peux récupérer et souffler avant de reprendre la route. On peut penser que je m’en sors avec beaucoup de chance. Pourtant le calme et la sagesse face aux obstacles ont beaucoup pesé dans cette aventure.

  • Derrière les ronces

    Derrière les ronces

    La route est belle

    Mais dangereuse

    Tout les matins il passait

    Le routinier discret

    Devant cette imposante masse

    Qu’on appelle la forêt

    Lui il s’en fout

    Occupé par tout

    Son labeur, son beurre

    Et ses petits malheurs

    En route mais figé.

    Figure inanimé

    En boucle et en boucle

    sur son petit sentier

    Tout ce que j’ai bâti

    Mon confort

    Les 3 amis

    Que j’ai conquis

    J’évite les tracas

    La vie est dure

    Tout ce fratras

    Et les factures

    Ça finira pas, c’est jamais fini

    Où ça l’est déjà…

    Un jour, c’était un lundi

    Trainant son ame endolorie

    Un chemin sans fin

    C’était il dit

    Personne sait cqui lui a pris

    Il a courru, où il a fui

    La forêt son seul abris

    Quitter la route

    La foi dans le cœur

    De la foi au doute

    Et du doute a la peur

    Le chemin est noire

    Et tortueux

    Il peut plus rien voir

    C’est plus un jeu

    Il est perdu il ne sait où

    Un hurlement. Serais-ce le loup?

    Cible mouvante

    C’est la panique et la descente

    Aucun retour n’est possible (il sait)

    Toutes les forces l’ont pris pour cible

    Traqué comme un bel animal

    Oui c’est l’heure et il en est capable

    Les sens en tensions

    Difficile est l’ascension

    L’essence même de sa fonction

    A présent l’homme  est en fusion

    Nucléaire

    Après la guerre

    Blessé, meurtri

    Regarde derrière

    Et la il rit

    Puis se retourne a nouveau

    Et la il pleure, Il pleure

    Il avait jamais rien vu d’aussi beau

    Si tu bouges pas tu meurt

    Peace

  • Double standard

    Double standard

    Double standard 

    Chacun voudrait avoir la réputation d’un être impartial. Au moins les gens « bien ». Effectivement dans la mesure du possible on essaie de garder l’équilibre et de ne pas tomber dans l’injustice. Ce n’est pas facile. Quelques fois c’est carrément impossible. Imaginez que votre fils, garçon de 7 ans, beau, intelligent, raisonnable, charmant avait frappé son ami scolaire sans une raison apparente. Il va de soi, que d’abord vous allez interroger votre fils, qui va vous exposer sa version du fait. Cette version, il se peut soit enjolivée peu ou beaucoup , sans importance, mais d’après cette version votre fils n’est pas coupable, c’est l’autre, qui l’avait provoqué. Vous avez des doutes, vous voulez écouter la partie adverse. Alors vous découvrez que votre fils n’est pas un ange. Et pourtant….

    Ici réside la nature de double standard. Vous voyez, vous comprenez, vous savez même, mais vous faites tout votre possible pour délivrer votre fils du châtiment mérité. C’est tellement humain. Et maintenant regardez si la conduite de certains Etats est différente sur l’échelle internationale. Le cas qui nous inquiète et qui dure, dure, dure depuis des années.

    L’Arménie avait occupé le territoire azéri pendant presque 30 ans. Finalement l’Arménie fut battue sur le champ de bataille par les Azéris, qui avaient libéré leurs terres. Pourquoi il fallait verser le sang, combattre si on pouvait recourir aux institutions internationales susceptibles de résoudre le conflit par la voie pacifique ? Une bonne question ! Parce que les médiateurs occidentaux, n’avaient pas pu (ou ont pas voulu) convaincre l’Arménie de libérer les terres azéries et de partir pacifiquement . 30 ans de palabres, pardon, de négociations dans le cadre de l’OSCE. La France, les Etats-Unis et la Russie qui ont des intérêts non seulement différents mais quelques fois ouvertement contradictoires, étaient unanimes sur le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.  « Oui, on est d’accord, les terres azéries sont occupées par l’Arménie. Les Arméniens doivent libérer les terres azéries. Mais pour le moment le statut quo est comme il est. De jure ce sont les terres azéries, de facto  vous voyez que les Arméniens vivent sur ces terres, même plus, ils ont invité sur ces terres les Arméniens de Syrie, de Liban…ils ont expulsé tous les Azéris, tant pis. Attendons un peu, peut-être la situation change ».

    Evidemment que les appels des institutions internationales conformément au droit international sont restés lettre morte. Franchement, les Azéris étaient conscients que rien ne changera. Pourquoi ? Mais parce que nous ne sommes pas la partie intégrante de la civilisation occidentale. La civilisation orientale à laquelle appartient l’Azerbaïdjan est tellement différente. Même si on est membre de plusieurs organismes occidentaux on est différent. Bien, on comprend, on admet, on fait avec.  Finalement après 30 ans de veines  négociations les Azéris ont libéré leurs terres manu militari . Ceci dit l’opération militaire  de 2020 dura 44 jours et nuits sans bombardement de villes, sans tueries de civils. Les soldats armés contre les soldats armés. Le dernier rempart de la minorité arménienne séparatiste, la ville de Khankendi (Stepanakert, le nom arménien de cette ville en l’honneur du bolchevick  arménien Stepan Chaoumyan) était restée toujours sous l’occupation arménienne.

    Les Azéris ont essayé de nouveau de recourir aux institutions internationales pour convaincre les séparatistes de trouver une solution raisonnable. Hélas, hélas.  Encore une opération militaire effective azérie au cours de 24 heures en septembre 2023. Les Arméniens étaient battus. Alors quelle solution les séparatistes arméniens trouvèrent pour la minorité arménienne à Karabakh ? Toute simple. Ils ordonnèrent à la population arménienne de quitter les lieux, d’organiser un exode. Le but de cet exode est toujours le même. Inverser les rôles. Les Azéris barbares contre les pauvres Arméniens civilisés

    L’histoire de double standard n’est pas une histoire nouvelle ou extraordinaire, ce narratif existe depuis le début du monde. Parce que il y a toujours les siens et les autres, il y a toujours des « civilisés » , et des « barbares ». Mais si on s’accorde sur le fait que la civilisation humaine va de l’avant et qu’il existe certaines règles internationales qui régissent l’existence, l’activité et le développement des Etats  modernes alors, dans ce cas-là il faut admettre que les évènements qui eurent lieu avant les temps modernes ne sont pas et ne pourraient être l’exemple pour l’agissement des Etats modernes. Il est désolant que les pays qui se considèrent comme les plus « civilisés », les plus « démocratiques », les « meilleurs » parmi tous les Etats du monde, se sont accaparés les pouvoirs et agissent comme s’il n’existait pas  de long cheminement de la civilisation humaine vers le droit, vers la paix, vers l’égalité. Ils se conduisent comme aux siècles passés, c’est le droit du fort qui prévaut. Dans ces circonstances il est très difficile de faire appel à la voix raisonnable de la communauté mondiale, parce qu’on se rend compte que certaines voix sont entendues, les autres voix sont inaudibles. Je voudrais évoquer les évènements qui eurent lieu le 26 février 1992. C’est le massacre à Khodjaly. Nos autorités et nos gens appellent ce massacre le génocide. Ils ont peut-être raison parce que les Arméniens qui ont occupé cette ville azérie, y avaient tué 613 civils, parmi eux les femmes, les vieillards, les handicapés, les enfants. Ce massacre est passé sous silence. Même plus, on accusa les Azéris, d’avoir commis des crimes contre les Arméniens. C’est un exemple éclatant de double standard. La communauté mondiale n’a pas réagi. Les réseaux sociaux n’avaient pas encore leur impact qu’ils ont aujourd’hui. Un héros azéri, journaliste Cingiz Moustafayev  s’est rendu sur les lieux après ce carnage et a photographié les corps mutilés jetés par terre. Et ces photos sont les preuves presque uniques des actes de tuerie perpétrés par des Arméniens. Il est frappant que le monde occidental continue d’affirmer que ce sont les Azéris « barbares » qui continuent à exterminer les Arméniens « civilisés ». Ce paradigme n’a pas changé, cela continue toujours.

    Un des bourreaux de la population civile azérie Monté Melkonian avait laissé les témoignages. C’est son frère Markar Melkonian qui pour honorer les actes de bravoure de Monté Melkonian avait écrit un livre édité aux Etats-Unis en anglais en 2008. “My Brother’s Road: An American’s Fateful Journey to Armenia”

    Markar Melkonian relate les atrocités commises par les commandos arméniens y compris dans la ville de Khodjaly. On peut lire ce texte avec la description détaillée de massacres des civils azéris. Ce livre fut traduit depuis en plusieurs langues, en français également. Mais encore ce livre fut traduit en arménien et édité à Erevan. Le texte de la version arménienne de ce livre fut corrigé. Les actes les plus violents tels que l’immolation des gens : hommes, femmes, enfants, par exemple, sont exclus de la version arménienne de ce livre. On pourrait s’attendre à ce procédé parce que ce qui est relaté dans l’original anglais est tellement effroyable que la question de la nation « civilisée » arménienne et de la nation « barbare » azérie commence à se poser et se voir sous un autre angle. Les rédacteurs arméniens ont omis les paragraphes les plus atroces pour mettre en relief pour les lecteurs arméniens l’image du héros national qui lutte pour la cause du peuple arménien. Albert Isakov attira l’attention des lecteurs sur cette traduction arménienne qui avait faussé l’original anglais.

    Après la victoire des Azéris sur le champ de bataille sur les Arméniens, les autorités azerbaïdjanaises  ont proposé à la population de la minorité arménienne qui vivait sur les terres de Karabakh depuis des générations d’adopter la citoyenneté azérie, de se soumettre à la législation nationale azérie comme tous les autres citoyens d’Azerbaïdjan et de rester sur ces terres. Le pays azéri est pluriethnique contrairement à l’Arménie. La proposition des autorités azerbaïdjanaises fut rejetée par les Arméniens. Ils ont préféré de partir. Ce départ ressemblait beaucoup à l’exode. Les images des gens qui quittent leurs maisons en hâte circulèrent longtemps sur les réseaux sociaux suscitant l’indignation des européens et de tous les gens bien et les appels à punir les Azéris barbares. Encore une fois les propositions de la partie azérie aux Arméniens d’adopter la citoyenneté azérie et de rester, n’ont pas été entendues par la communauté occidentale. L’activité des Arméniens poursuit, ils demandent la restauration de ce quasi-état arménien sur les terres azéries. On voit bien que les institutions internationales se préoccupent toujours de la question arménienne, bien que dans le cadre du droit international les Arméniens aient tort, pour la raison de l’occupation du territoire souverain azerbaïdjanais.

    Ce double standard n’est pas appliqué exclusivement aux Azerbaïdjanais. Loin de là. Le droit du fort continue à faire loi. Ce qui se passe aujourd’hui devant les yeux du monde entier au Proche-Orient, le carnage des Palestiniens par des Israéliens, on peut dire est diffusé en direct, les gens se révoltent mais… Il y a toujours un mais qui fait taire les voix des Etats qui ne sont pas forts et riches. La conclusion : le droit, y compris le droit international n’est valable que pour les forts, les riches et les « siens ». Sans importance que cela soit un homme, un Etat, une communauté internationale. J’appelle ce phénomène – double standard.

  • Blanche

    Blanche

    Tous les jours, à 14 heures, je gravis l’escalier.

    Un palier, un couloir, une porte.

    Un bureau tapissé de livres.

    Une chaise, une table.

    Stylos, livres, quelques biscuits dans une boite en fer blanc, des morceaux de sucre épars, une tasse, une lampe,une bouilloire, des sachets de thé vert….

    Et, profonde comme un tombeau, une poubelle.
    Et puis, ma fille, ma fille unique.

    Radieuse, comme toujours.

    Dans les jardins de l’Alhambra, un soir attiédi de mai.

    Photo de là-bas. Sur un mur.

    Elle sera à mes côtés tout le temps de l’écriture, et au soir je la quitterai.
    Mais demain elle sera là.

    Dans mon antre, mon refuge, ma tanière.

    Son ancienne chambre.

    Puis je m’assois, mains empaumant mon visage, et me laisse regarder le dehors du monde :

    Un chemin qui serpente et puis s’en va enlacer avec tendresse un petit lac.
    Tous les après-midis un petit homme vouté, à la silhouette gauchie par le temps y chemine, parcourant une lettre à la main…

    Et moi, sur de vastes feuilles blanches, j’écris mon univers.

    Ainsi chemine mon temps…

    De semaines en semaines, de mois en mois depuis l’été.

    Mais maintenant se sont amincis les jours, engraissées les nuits.

    Pluie, vent, froidure sont venus camper.

    Hier l’hiver s’est emmitouflé de neige

    Et dans quelques semaines, des crocus en fleur envahiront le printemps.…
    Cet après-midi le petit homme est déjà là.

    Immobile.

    Tout de blanc cerné.

    Allongé dans la neige.

    Escalier, chemin, je suis déjà penché sur lui.

    Plus de pouls.

    Le regard: dans l’indifférence…

    A ses pieds une enveloppe.

    Dessus, son nom, son adresse.

    Je la retourne. Expéditeur : son nom, son adresse.

    Une feuille glisse.

    Blanche…

    Blanche comme la neige.

    Blanche comme mes nuits,

    Blanche comme mes jours,

    Blanche comme mon écriture,

    Blanche, toi, ma fille.…

    Et je reste.

    Las.

    Mais le chemin, impatient, a repris sa marche…..

    Alors, face au ciel, Blanche, je crie ton nom !

    Mais l’écho répond « Non !»

  • La fleur enchantée

    La fleur enchantée

    La nuit fut longue. Sa décision de trouver cette fleur maudite, qui causa le départ précipité du village entier se transforma en envie ardente. La fille était formelle. “Tu trouves la fleur infernale et moi, en échange, je t’offre ma virginité”. Il faudrait tout de même préciser que la fille avait 16 ans et était fraîche comme un bourgeon de rose et l’homme frisait la quarantaine.

    Les rumeurs courraient sur le pouvoir étrange de la fleur. Les gens racontaient des histoires effrayantes. Le plus étrange était le fait que toutes ces anecdotes se différaient l’une de l’autre. On voulut  y découvrir un trait commun. Hélas, aucune chance. Tantôt on racontait que la fleur attaquait les passants et les embrassait par ces pétales écarlates en les étouffant jusqu’à la mort, tantôt on entendait le murmure qui ressemblait à des chants des sirènes, les gens s’endormaient et ne se réveillaient plus. Ou bien cette fleur commençait à émaner un parfum exquis qui empoisonnait tout être vivant.

    L’homme vivait seul à la lisière de la forêt enchantée. Il se prépara minutieusement. S’habilla chaudement bien qu’il faisait assez chaud. C’était le printemps. Il prit son fusil de chasse, une besace, une lampe de poche et une pelle. L’homme se garda d’appeler son chien. Lui, il avait une raison pour risquer sa vie, il tomba amoureux.  Mais son chien fidèle devrait rester dans un lieu sûr.  Le ciel fut couvert cette nuit. L’homme n’avait pas peur. Les arbres dont les cimes bougeaient comme s’ils voulaient prévenir l’imprudent du danger imminent l’entouraient de tous côtés. Il s’avança sur le sentier qu’il éclairait avec sa lampe. Pourquoi est-il parti la nuit? Mais parce que la fleur infernale sortait à la chasse la nuit. Une branche craqua. Il leva sa lampe. Un ours énorme se tenait debout et le fixait. L’homme se figea sur place. La suie froide coulait le long de son dos. L’ours ne bougea pas, il attendait. Les deux oursons se tenaient non loin de l’animal énorme. C’était une ourse. Enfin, l’homme se décida. Il fit un pas prudent, puis un autre et s’en alla par le même sentier. L’ourse protégeait ses oursons.

    L’homme fit un grand effort pour ne pas se retourner sur la bête. Il entendit le rugissement de l’ourse, mais ce bruit ressemblait plus à une alerte qu’à une menace. Il continua son chemin. Les bruits de la forêt nocturne l’effrayaient sans entamer sa volonté de trouver la fleur et de la présenter en cadeau nuptial à la fille capricieuse. L’homme entendit le hululement du hibou. Un pressentiment de malheur passa en éclair dans sa tête et refroidit ses mains. Il marchait obstinément de l’avant comme poussé par une force beaucoup plus puissante que la peur et le danger. Fatigué, il voulut faire une halte. Une clairière s’ouvrit devant ses yeux. Les lucioles encerclaient cette oasis merveilleuse surgie par miracle au milieu de la forêt sombre et effrayante. Il s’assit au milieu du cercle, sortit du pain et de l’eau de sa besace. Attiré par cette scène paisible un rare oiseau, merle blanc s’atterrit à côté de l’homme. L’oiseau était silencieux et semblait attendre quelque chose.  L’homme émietta un peu de pain et donna à l’oiseau, qui vint picorer des miettes dans la main tendue de l’homme. Un calme serein régnait sur cette clairière illuminée. L’homme ferma les yeux, s’endormit et soudain eut l’impression de s’envoler. Il ouvrit les yeux et se trouva assis sur l’énorme oiseau blanc l’amenant dans le ciel. Il embrassa le cou de l’oiseau. Le vent sifflait dans ses oreilles. L’homme se demandait quel était le dessein de cet oiseau étrange. Voulait-il le donner en pâture à ses oisillons ?

    Le merle blanc commença à descendre et se posa sur un vaste parterre de fleurs de toutes les couleurs et de taille qui ondulaient sous le vent léger. L’oiseau le déposa avec soin par terre et devint de nouveau le petit merle blanc. Le parfum exquis émané par les fleurs tournait la tête de l’homme tombé dans une euphorie. Jamais de sa vie il n’avait vu un tableau aussi magnifique. Les fleurs commencèrent à émettre des sons ressemblant à la musique jouée par la harpe d’Eole. Au moins il se représentait ainsi la musique céleste de Dieu des vents Eole. Les sons mélodieux, semblables au tintement de petites clochettes en argent accompagnaient les mouvements ondulés des fleurs. Au milieu de ce tourbillon multicolore il y avait une place élevée vide. L’ultime fleur, la plus belle, la plus gracieuse manquait à ce spectacle grandiose. L’homme se leva, voulant voir de près ces fleurs merveilleuses. Il se fraya le passage et fut étonné par les branches fortes et épineuses qui déchiraient ses vêtements, égratignaient sa peau. Il fit un effort de reculer mais en vain. Derrière lui le sentier se referma. Sa tête tournait empoisonnée par l’odeur envahissante et très forte des fleurs. Sa première pensée sur le paradis terrestre dont il eut la chance de découvrir, s’évanouit. L’idée de la solitude qui le consolait autrefois, lui parut décevante, sans intérêt. Personne n’allait le chercher, sauf peut-être son chien fidèle.

    Les branches des fleurs le tenaient fort. Il se rappela d’un coup de tous les récits bizarres sur la fleur étrange qu’il cherchait. Là où il se trouva à présent c’était encore pire. Ce n’était pas une seule fleur, mais une foule de fleurs. Chacune essayait de le blesser, lui nuire. L’homme se batailla tant qu’il put. Ses forces s’épuisaient à vue d’œil. Au bout d’une heure il s’avoua qu’il était vaincu par ces belles fleurs tant admirées. Il se prépara à passer dans l’au-delà, leva les yeux vers le ciel comme s’il demandait la mort paisible. Sa prière n’était pas exaucée. Un tourbillon descendit sur son visage. Une rose vermeille tomba sur sa poitrine. Elle était splendide. L’homme comprit que cette rose devrait être la reine de ce royaume des fleurs, tant elle était brillante. Le parfum de la rose était douce, léger ne ressemblant en rien aux odeurs lourdes, épicées des autres plantes. Elle déploya ses pétales pour forcer l’admiration. L’homme suffoquait, il avait l’impression d’atteindre un sommet vertigineux d’une haute montagne. L’homme avait entendu les récits des alpinistes après l’escalade des pics inaccessibles pour les simples mortels. Une joie immense, et en même temps l’essoufflement et la perte de vue. Le même effet produisit sur lui cette rose éclatante. Il ferma les yeux et entendit comme un léger murmure : « Embrasse-le ! Embrasse-le » La rose se pencha sur lui, étendit ses branches épineuses pour le prendre dans un cercle d’acier. L’homme ouvrit les yeux, fixa la fleur et prononça nettement : Gulum, le prénom très rare de sa bienaimée. La rose laissa tomber ses branches, ferma ses pétales. Le murmure des fleurs devint plus fort « Embrasse-le, embrasse- le ».

    Le merle blanc qui se tenait coi observant cette scène dramatique, ouvrit ses ailes, s’agrandit en un clin d’œil, tira à l’aide de ses pattes l’homme du cercle vicieux des fleurs enragées et s’envola très haut dans le ciel. L’homme garda sur sa poitrine la rose qui lui égratignait la peau. Le merle fit un tour au-dessus du parterre des fleurs et l’homme découvrit avec surprise une foule de femmes en vêtements bariolés, brandissant leurs bras au-dessus de leurs têtes et criant à tue-tête « Embrasse-le, embrasse-le » ! L’oiseau parut satisfait de sa manœuvre et s’éloigna de cette horde dangereuse.

    L’oiseau se posa sur la même clairière encerclée par des lucioles. Le merle blanc remplit sa promesse à son ami, le chien, compagnon fidèle de l’homme à fleur et ne souciait plus de leur destin.

    Ce qui parut extraordinaire à tout observateur étranger n’avait point étonné l’homme. La rose sur sa poitrine se réveilla, s’agrandit et devint celle qu’elle était dans la vie ordinaire. La fille appelée Gulum, ce qui signifiait Ma rose, en langue de ses ancêtres. Elle embrassa son homme avec la douceur de la rose sans épines et l’ardeur de l’amante.

  • Innocence

    Innocence

    Il était une fois une petite fille qui rêvait beaucoup. Elle voulait briller, et donc chantait. Pour elle, et pour les autres … Dans sa chambre, ou devant une foule.

    Ce monde-là la rendait heureuse, rien ne l’arrêtait. Pour accompagner sa voix et la mélodie, elle dansait, ressentait le rythme de la musique au plus profond de son cœur.

    Était-ce pour se protéger ? Se retrouver dans un lieu calme et sécurisant ?

    Là, il n’y a avait aucun jugement, aucune colère, aucune violence. À cet endroit-là, les larmes qui coulaient n’étaient pas un cri du cœur qui ne peut sortir.

    Ici, elle n’a pas à subir le mensonge de toute une enfance. Dans cette bulle, elle ne se sent pas abandonnée car la musique est là pour la bercer.

    Elle partage cette musique car c’est pour elle aussi sa façon d’avancer, de ne pas montrer tout le reste. Car montrer c’est culpabiliser. Pour ses frères et sa sœur qui ont besoin d’elle. Pour ne pas se montrer fragile aux yeux de sa mère, mais pas que.

    Elle grandit en protégeant de plus en plus cette bulle de sérénité. Le jugement et les moqueries la tétanise, et la fragilise encore plus. Elle perd le peu d’estime d’elle en abandonnant à son tour.

    Entre peurs et culpabilités, elle oublie de vivre et de se construire. Elle ne connait pas vraiment le sens sincère de l’amour, si ce n’est de la fraternité.

    Elle continue de se battre, contre sa mère pour se sauver, puis pour ses frères, pour ne plus les abandonner. Les obstacles sont lourds, parfois ils semblent même infranchissables.

    Et pendant ce temps, cette petite fille doit devenir grande, même si elle l’est déjà depuis trop tôt. Une partie d’innocence veut rester, mais la dure réalité de la vie, et de son parcours prend toute la place.

    Cette bulle s’efface avec l’innocence, une infime partie reste, dans la voiture, la nuit dans les écouteurs, et dans les rêves.

    Cette jeune fille franchit les obstacles, se trompe trop souvent pour les mêmes raisons. L’ivresse est devenue sa berceuse, mais elle sait que ce n’est pas bon pour elle. Elle a besoin de comprendre, pour pardonner, mais surtout pour se pardonner.

    Puis, elle se rencontre en donnant la vie. En devenant maman, elle prend conscience de l’importance du bonheur, de l’épanouissement, et donc du sens sincère de l’amour.

    Elle partage sa bulle avec son enfant, et de nouveau au monde autour d’elle, pour lui montrer qu’il faut croire en soi, en ses rêves.

    Elle se construit une belle histoire, en quittant petit à petit ses peurs, car elle sait maintenant que pour aimer, et être heureux, il faut d’abord apprendre à s’aimer soi-même.

  • Le Val heureux

    Le Val heureux

    Sous le ciel étoilé, un jeune cœur valeureux,

    A survécu à une rupture, pourtant si douloureux.

    Son amour brisé, une épreuve qui l’a ramolli,

    Mais il reste debout, plus fort, plus hardi.

    Les échos du chagrin résonnent encore,

    Mais le garçon renaît, malgré le décor.

    Son sourire, autrefois terni par les larmes,

    Brille à nouveau, loin des tristes alarmes.

    Il a traversé la tempête des adieux,

    Et trouvé la force en lui, précieux.

    La rupture l’a marqué, mais non brisé,

    Il avance, valeureux, vers la sérénité.

    Dans le val heureux de la résilience,

    Le jeune homme découvre la clairvoyance.

    Son cœur, jadis fragile, bat à nouveau,

    Une symphonie de courage et de renouveau.

  • La Rencontre – Chapitre 2

    La Rencontre – Chapitre 2

    Chapitre 2

    Dans le silence de mon enthousiasme, mon cœur se met à battre la chamade au rythme de mon ravissement. Une émotion que je n’avais plus ressentie depuis bien longtemps.

    Nous déjeunons à la Brasserie St Georges située vers la Gare de Perrache. Marco me laisse le choix de l’emplacement. J’opte pour un coin retiré comme pour nous isoler du monde. Il n’y a que lui et moi. Juste lui et moi. Une sorte de voûte invisible nous sépare du reste des clients.

    Tout en me servant le rosé, il demande :

    -Alors comme ça, Élise, tu es fascinée par les vampires.

    -Ce sont des êtres captivants. A la fois forts et fragiles. Contraints de vivre dans la solitude des ténèbres. Ils ne peuvent aimer sans être les témoins de la vieillesse ou de la mort. A moins… à moins de faire de l’Être qu’ils chérissent l’un des leurs. Ils sont condamnés à se nourrir de sang, à éprouver les craintes et les souffrances de leurs futures victimes.

    Marco sourit, dévoilant une dentition parfaite d’une blancheur virginale.

    -Je vois que tu connais bien le mythe.

    Je ne peux m’empêcher de rire.

    -Pour beaucoup d’êtres humains, le vampire n’est qu’une légende. Agrémentée d’accessoires et d’artifices. Une représentation du côté pervers de l’humanité.

    Pourtant, derrière son masque sanguinaire, le vampire est un être rongé de solitude. Ayant pour seule compagne l’obscurité de la nuit.

    Il est obligé de masquer sa véritable nature. De vivre caché parmi les hommes. D’essayer de ressembler à tout être humain. Mais il sait qu’il n’en est pas un. Qu’il n’en sera d’ailleurs jamais un.

    C’est étonnant de voir à quel point Marco m’écoute attentivement. Il prête l’oreille à chacune de mes paroles. Je le regarde, me sens tel un aimant attiré par la force attractive qui émane de son corps.

    -Il y a tant de tristesse dans ta voix.

    Je souris timidement afin de dissimuler mon embarras.

    -Par moment je me laisse emportée par mon enthousiasme.

    -J’aime écouter les gens qui s’expriment avec passion. Ce n’est pas que ta compagnie me déplaise mais il nous faut répéter notre pièce pour vendredi soir.