Karnet de route # 5

C’est l’histoire d’un desert

Bon, j’ai Ă©cris ce texte une première fois, puis arrivĂ© Ă  la moitiĂ©, mon ordi de merde s’est mis Ă  jour, comme dans la vie, plus personne ne te demande ton avis, j’ai donc pĂ©tĂ© l’écran de cette petite merde technologique de rage, puis ai jetĂ© mon tĂ©lĂ©phone travers le salon… Putain qu’est ce que j’étais bien sur la route… Bref je recommence et je vais essayer de recoller au mieux de mon premier jet…

Je suis rentrĂ© hier, et j’ai dormis 11 heures… RĂ©veillĂ© uniquement par mes gosses que je devais emmener Ă  l’école, c’est dire ce que ce trip a Ă©tĂ© Ă©prouvant…

2022…Bordel… Quelle annĂ©e… De tous ceux qui pensaient que l’annĂ©e du confinement serait la pire… Je fais partie de ceux qui aujourd’hui sont Ă©cĹ“urĂ©s par la situation actuelle… Ces dernières annĂ©es ont poussĂ© les gens dans leurs derniers retranchement, les rendant aujourd’hui pour beaucoup hypocrites, individualistes et pleutres… MalgrĂ© tout j’ai su garder espoir, j’en ai pour preuve l’Ă©lan de gĂ©nĂ©rositĂ© dont ont fait part les acteurs de la custom culture tout comme les  Â«suiveurs »de la page lorsque j’ai dĂ©cidĂ© de partir une fois de plus au grand air, pour un trip de 3000km avec pour but le dĂ©sert des Bardenas… MalgrĂ© deux trois baltringues qui, bien cachĂ©s derrière leur Ă©cran, se sont permis de dĂ©verser leur haine, parce que sans doute aigris de ne pas ĂŞtre capable d’avoir la vie qu’ils auraient voulu, comme prisonniers de leur propre faiblesse, ne peuvent s’empĂŞcher de montrer leur jalousie exacerbĂ©e… Bref, le dĂ©sert des Bardenas donc me semblait ĂŞtre la destination rĂŞvĂ©e pour mettre derrière moi une accumulation d’ascenseur Ă©motionnel… La fin de Kustom Workshop en raison d’une crise sans prĂ©cĂ©dent, mon dĂ©part de l’armĂ©e après 21 de services, pour la sĂ©curitĂ© privĂ©e… Choix oh combien scabreux puisque j’en dĂ©missionnerait après seulement 7 mois en raison d’incompatibilitĂ© avec le haut fonctionnariat europĂ©en, Ă  l’image de nos politiques vivants en dĂ©calage total par rapport Ă  une population de travailleurs sans qui rien ne fonctionnerait…Nous, les petites mains, qui luttons jours après jour pour survivre, et que malheureusement personne n’écoute… Cette trahison en rĂ©sulte d’une haine sans prĂ©cĂ©dent, crĂ©ant communautarisme, peur, et dĂ©lires insoupçonnĂ©s donnant lieux Ă  des situations ubuesques ou s’enchaĂ®nent une vague incroyable de nouveaux genres essayant tantĂ´t de mettre l’intĂ©gralitĂ© des mots au fĂ©minin pour une raison qui m’échappe, nous expliquent que la viande, c’est mal et que nos ancĂŞtres ne mangeaient que des plantes, ou encore qui nous accusent de dĂ©lire lorsque qu’on appelle  Â«monsieur » un gars barbu et Ă  moitie chauve sur un plateau tĂ©lĂ©… Bref, loin de moi l’idĂ©e de prendre parti, chacun vis sa vie comme il l’entend, tant qu’il ne vient pas me l’imposer… Et la perte de mon fidèle labrador qui m’aura suivit partout durant 13 ans, que les clients de Kustom Workshop connaissaient bien pour sa gentillesse et son Ă©ducation, Ă  qui, une fois n’est pas coutume, je dĂ©die ce texte… Il Ă©tait temps pour moi de prendre le large pour ma thĂ©rapie annuelle et de planifier un parcours idĂ©al pour rejoindre un dĂ©sert que beaucoup dĂ©crivent comme incroyable sur notre continent… 3000km… Peut ĂŞtre insurmontable pour certains mais qui reprĂ©sentent bien peu de choses par rapport Ă  mes modèles de voyages que sont Laurent Cochet, Éric Lobo ou Captain Morgan qui me vendent du rĂŞve depuis bien des annĂ©es…

Au premier jour, la moto est prĂŞte depuis la veille, les rĂ©visions sont faites, le sac est posĂ© sur le sissy, je n’ai pas Ă©normĂ©ment dormis, partagĂ© entre stress du dĂ©part et excitation… Mais je pars tĂ´t, j’ai de la route, et je ne souhaite pas arriver Ă  mon premier rendez vous trop tard. Les enfants dorment et je leur ai fait un calin juste avant, sorte d’étreinte du « au cas ou »le genre de truc auquel on pense mais qu’on tente d’oublier au plus vite… Le dĂ©part se fait Ă  la fraĂ®che, Ă  l’heure ou les gamins partent Ă  l’Ă©cole, et ou les gens vont bosser en tirant la gueule… J’ai l’impression d’ĂŞtre le seul Ă  sourire, preuve si il en est que j’ai bien raison d’aller rouler, et puis, combien de fois me suis je retrouvĂ© Ă  leur place, envieux, jaloux… Bref avant mĂŞme d’atteindre les Vosges, je me retrouve dĂ©jĂ  sur le bas cotĂ©… Les vitesses passent mal depuis quelques minutes et ça Ă  dĂ©jĂ  le don de me nouer le bide… Mais ce sera rĂ©glĂ© en 5 minutes, car comme un an avant, le sĂ©lecteur de vitesse, ici gracieusement remplacĂ© par une pièce venant de chez les lizardsking motorcycle, tente dĂ©jĂ  de se faire la malle… Un coup de clef et c’est repartis. Les Vosges en pĂ©riode matinale, ça a du bon, il y a peu de circulation, les odeurs matinales sont la pour vous en mettre plein les nazaux, mais il y a une contrepartie, car il y atoujours une contrepartie aux bonnes choses, comme mon bide ainsi que mes poumons ont tendance Ă  me rappeler: ici il fait froid et le soleil est encore Ă  une heure de route… J’ai beaux ĂŞtre Ă©quipĂ©, jean et doublure kevlar, sous vĂŞtements, chemise, sweat, veste kevlar et cut amoureusement « patchĂ©e » par ma chĂ©rie, comme un clin d’œil Ă  l’ouverture de 21 days under the sky… J’ai froid et je mettrais, une fois le soleil revenu, bien 1 heure Ă  cesser de grelotter sur mon brelon. La route se dĂ©roulera sans aucun souci jusqu’Ă  l’approche de Montargis… Ou une route barrĂ© me ferra perdre 1 heure de route en plus… Aucune indication sur le GPS, des panneaux d’itinĂ©raire bis absent, mettant les nombreux poids lourds en dĂ©tresse, ainsi que les automobilistes… Mon GPS n’aura de cesse de me renvoyer pendant une demie heure sur cette route barrĂ©e… Un bordel monstre sans doute du Ă  un fonctionnaire trop bien payĂ© Ă  prĂ©fĂ©rer battre son record personnel sur candy cruch plutĂ´t que de transmettre l’information de  fermeture de route Ă  qui de droit… Encore un bel exemple du « je m’en foutisme » français… Et qui aura pour rĂ©sultat un ride effrĂ©nĂ© Ă  travers les petites routes champĂŞtres ou j’essorerai la poignĂ©e plus que de raison… Fort heureusement, je ne croiserai aucun engin agricole sur ma route en sens inverse au dĂ©tour d’un virage, et j’arriverai sur Tour dans les dĂ©lais, pour un apĂ©ro consĂ©quent avec mon paternel… Homme qualifiĂ© de bon vivant, car ancien directeur de l’acadĂ©mie d’art culinaire française (ce qui me donnera l’opportunitĂ© de vivre 7ans au japon pendant ma jeunesse ) et avec qui j’apprĂ©cie particulièrement de refaire le monde et parler des choses de la vie suivant ma propre conception autour de breuvages de qualitĂ©. Bref je partirais me reposer vers minuit histoire d’être en forme pour le lendemain.

Au deuxième jour, je prendrais mon temps… Il fait un temps magnifique, je n’ai que 350km Ă  parcourir pour rejoindre un illustre inconnu s’étant proposĂ© de me fournir le gĂ®te et le couvert pour la nuit grâce aux rĂ©seaux sociaux, et j’ai l’insouciance de croire que cela va se passer sans accroc… Mal m’en Ă  pris… En traversant le Berry, contrĂ©e au charme particulier car me rappelant mon enfance lorsque je passais les vacances chez mes grands parents paternels, vide de tout, des champs, des villages vides de sa population et de ses commerces… Je souris Ă  l’idĂ©e de me prendre pour Daryl dans la serie « the walking dead »… Et puis, après avoir traversĂ© des champs traversĂ© par un vent de venant de la gauche sur des kilomètres et te forçant Ă  corriger ta trajectoire sans cesses, je tomberai sur un ancien, posĂ© Ă  cotĂ© de son dyna, casque au sol (signe, puisqu’il faut le rappeler ici, de dĂ©tresse du motard et censĂ© faire arrĂŞter les autre motards pour lui venir en aide…) Ă  moitiĂ© dĂ©sespĂ©rĂ© car n’ayant aucune idĂ©e de la raison du non dĂ©marrage de sa belle, auprès de qui je viendrai porter secours… Cela fait bien 45 minutes que le gars attends, il y a bien d’autres motos qui sont passĂ©, mais aucune ne s’est arrĂŞtĂ©… Leurs pilotes sans doute investis d’une mission hautement prioritaire, divine, et urgente, ne leur laissant pas le temps de prendre 5 minutes pour se poser… Preuve une fois de plus de l’Ă©tat malade de notre sociĂ©tĂ©… Bref je m’arrĂŞte, et part Ă  sa rencontre, on discute bien 5 minutes en fumant une clope, tout ven essayant de comprendre ce qui ne va pas. C’est une injectĂ©e,  le contact fonctionne, la batterie aussi puisqu’on entend bien le bruit caractĂ©ristique de la mise en route de la pompe a essence…mais en appuyant sur le bouton de dĂ©marrage… Rien… Puis je lève la tĂŞte et m’aperçois que nous sommes pile Ă  cotĂ© d’une ligne Ă  haute tension, et ces lignes peuvent, sur certaines zones comme l’air d’écot proche de Besançon, crĂ©er une onde qui parasite le transpondeur de ces belles motos rĂ©centes… Sans le code de dĂ©marrage, et avec un compteur qui n’est pas d’origine, le gars avait peut de chance de le comprendre… C’est ainsi qu’il regagnera le sourire après que j’ai poussĂ© son bolide sur une centaine de mètres sous son air dubitatif, et que je dĂ©marrerais la moto du premier coup. Accolade amicale, remerciement pour au moins 3gĂ©nĂ©rations, et nous repartons chacun de notre cotĂ©. Puis, en plein milieux d’un champs, après avoir lancĂ© ma camĂ©ra pour filmer mes pĂ©rĂ©grinations, la panne de merde… Comportement anarchique du moteur Ă  bas rĂ©gime, ça pĂ©tarade, je tourne pas sur une patte, mais pas sur deux non plus. Je m’arrĂŞte et on refait un check-up. Allumage : Le dyna S que j’ai posĂ© pour faciliter le dĂ©marrage au kick et Ă©viter les dĂ©sagrĂ©ments des vis platinĂ©es ne peut ĂŞtre en cause… Soit ça marche, soit ça marche pas. Pour la bobine c’est un peu la mĂŞme histoire, puis les câbles et enfin… au bout de ces derniers, voilĂ  qu’une des bougies avait dĂ©cidĂ© elle aussi de se faire la malle… c’est gras autour donc ça a du bien baver dedans.. Je revisse, ça pĂ©tarade sur une centaine de mettre, sans doute du Ă  l’accumulation d’essence dans la chambre de combustion, puis ça repart. Puis quelques kilomètres plus loin… Ça recommence… de la nais un syndrome hypocondriaque bien connu de ceux qui roulent en ancienne (et encore je suis loin du mĂ©rite Ă  qui revient tous ceux qui roulent en shovel ou mĂŞme pan ou knuck…) mais ça stress, surtout sur un trip prĂ©vu sur 3000km. La moto reprend un rythme normal au bout de 500m et je mettrais ça sur le compte d’une mauvaise carburation en plus de problème probable de bougies (changĂ©es avant dĂ©part) et je terminerais ma route avec une petite fuite d’essence en raison d’un collier desserrĂ©… Ces vibrations vous filent la gaule mais en contrepartie tout se barre… J’arriverai donc chez mon hotte, Lionel, motard depuis de longues annĂ©es et possesseurs de 3 motos, deux BM et un sports, capable de rouler sur tout types de route, motard au grand cĹ“ur, capable de converser sur tout type de sujet et qui me surprendra par sa sympathie et son accueil chaleureux. Nous passerons la soirĂ©e Ă  converser de tout, entre les ovnis, les motos ainsi que la linguistique universelle, autour d’un magret de canard et d’un saint emilion… Je me coucherais un jour de plus heureux aux alentours d’une heure du matin dans un lit confortable conscient que la terre est peuplĂ©e de gens qui mĂ©ritent d’être connu.

Au troisième jour je partirais tĂ´t, pour rouler Ă  la fraĂ®che et profiter d’un soleil lĂ©chant la cime des arbres le tout sur un parfum humide… Une fois remerciĂ© mon nouvel ami, que pour sur je reverrais bientĂ´t, puis après avoir fait la sĂ©ance photo qui s’impose, je partirais… Ça sent bon le matin, Ă  l’heure ou les jeunes s’attroupent devant les lycĂ©e, les Ă©boueurs terminent leur service, les facteurs prennent le leur et les restaurateurs prĂ©parent leurs terrasses… C’est d’ailleurs près de Bergerac que je m’arrĂŞterai dĂ©guster des tartines et un cafĂ©, sĂ©duit par la beautĂ© du paysage s’offrant Ă  moi puis que je reprendrais une longue et magnifique route traversant le PĂ©rigord pour rejoindre les PyrĂ©nĂ©es. Le paysage est magnifique et malgrĂ© les bien trop nombreux poids lourds gâchant le paysage et nĂ©cessitant de temps Ă  autre de flirter (nan je dĂ©conne j’ai essorĂ© la poignĂ©e) avec l’excès de vitesse, j’arriverai en milieux d’après midi dans un dĂ©dale de virage indiquant le dĂ©but des routes de cols. Le passage entre la France et l’Espagne, merci l’espace Schengen, se fait sans poste frontière, mais je prend un plaisir assumĂ© Ă  parcourir ces routes. Elles sont vides de vĂ©hicules et c’est un pure kiff de n’avoir personne derrière qui pousse au cul, et personne devant qui se traĂ®ne. Ça permet d’apprendre, continuellement, de jouer avec sa position dans les virages, d’apprĂ©hender une Ă©pingle, de tester l’agilitĂ© de sa bĂ©cane au sortir, puis d’enrouler sur le virage suivant. On peut ĂŞtre tout type de rouleur, occasionnel ou frĂ©nĂ©tique, il ne faut jamais perdre une occasion d’apprendre, et ce trip m’en aura appris beaucoup du haut de mes 120 000 km passĂ© au guidon de moto depuis près de 15 ans. Après avoir quittĂ© les cols, je serais sĂ©duit par le calme de l’Espagne, le charme de ses petits villages au murs blancs, les fermier me regardant passer sur un petit filet pour Ă©viter d’apeurer les chevaux. Au fur et Ă  mesure que je m’enfonce dans le pays, je vois petit Ă  petit le paysage changer, et devenir plus aride, signe que je me rapproche de ce dĂ©sert tant idĂ©alisĂ©… Je fais le plein au dernier village avant ma destination, car nous ne sommes plus en France et les stations ne sont pas lĂ©gions. Je croise sur place un groupe de français, en voyage, avec qui on passera bien 10 minutes pour comprendre le fonctionnement du system de paiement qui ne parle qu’espagnole, puis je repartirai pour arriver au milieux d’un village vide… Hormis 3 abuelitas assises sur un banc me regardant d’un Ĺ“il suspect, rien… Mon GPS m’a amenĂ© par dĂ©faut au centre du village car les noms des rues ne sont pas dans le GPS. Je redĂ©marre donc discrètement (EuphĂ©misme s’il en est en raison de mes pots) et j’arrive sur une place ou trĂ´ne un bateau bleu… C est le gĂ®te tant recommandĂ© par mes lecteurs… Je gare ma moto sur un sol de terre solide, et vois avec Ă©tonnement un groupe de gars partir en enduro en parlant français… Puis je me dirige vers la rĂ©ception un peu penaud, ayant conscience que ma dernière pratique de la langue locale remonte Ă  21 ans… Je passe la tĂŞte par l’encadrement de la porte et j’entends un « oui oui c’est bien ici que ça se passe » DĂ©cidĂ©ment cette barrière de la langue ne va pas ĂŞtre problĂ©matique si tout le monde parle français… Une fois les formalitĂ©s administratives faites, on me montre ma chambre, c’est sommaire, mais suffisant, des lits, une douche, des toilettes, un restau et un bar, plus une cour fermĂ©e la nuit pour protĂ©ger nos bĂ©canes… c’est le grand luxe. Je me pose donc dans mon nouveau local, et une fois bien installĂ©, je me dirige vers le restau un peu timide, ou l’on m’attribue une table, et j’ai la surprise de revoir mes promeneurs de la station service, qui m’invitent Ă  les rejoindre… Une fois mon assiette et mes couverts dĂ©places, nous partirons dans nos histoires communes mĂŞlant voyages et moto, et ils me conteront leur après midi ou ils auraient aperçu un gars en plein milieux du dĂ©sert des Bardenas, seul, assis entre sa Transalp et sa batterie, gonflĂ©e et hors d’usage… Attendant depuis 2 heures le retour d’un amis parti lui chercher on ne sais ou une nouvelle batterie… En bout de table, 3 compères aussi Ă  l’aise que sur d’eux lanceront deux trois pics sur le fait que rouler en custom dans les Bardenas c’est pas ultra intelligent, et que eux, grands pilotes qu’ils sont, en enduro, ils savent ce qu’ils font…Bref, sans vouloir vous spoiler, les choses ne vont pas tarder Ă  prendre une tournure des plus cocasses…Aux alentours de 21 heure dĂ©barque un nouveau personnage, en combi complète, athlĂ©tique, avec un accent savoyard, et ruisselant…« Il reste de la place ? »Maria, la taulière bien connue de ceux qui frĂ©quentent le site lui dĂ©signe la grande table ou nous sommes tous rassemblĂ©s et s’affaire Ă  lui prĂ©parer un repas aussi copieux que le notre… Chez Maria, on est bien servis…Jambon de pays, salades composĂ©e pour un rĂ©giment, steak, Ĺ“ufs frits, frites, vin… Bref on s’affaire autour de nos assiettes en engageant la conversation avec le nouveau venu : Le gars est un adepte du TET, pour Trans Euro Trail, un parcours de 80 000km crĂ©e de toutes pièces par une communautĂ© passant par du hors piste pour arborer les coins les plus splendides du continent europĂ©en… Et le pilote s’est dĂ©cidĂ© comme ça, de partir de Haute Savoie en KTM pour rejoindre le Maroc par le dĂ©troit de Gibraltar… Le tout en hors piste… Ça a le don de vous faire descendre l’ego très très bas, parce que le gars roule seul, et au fils de la soirĂ©e je serais en Ă©merveillement devant ses histoires. Nous termineront ensemble aux alentours d’une heure du matin Ă  nous compter nos histoires respectives autour des dernières bouteille de vin et d’une fin de paquet de clopes…

Au 4eme jour… le jour de la bascule (pour ceux qui ne comprendraient pas ce terme, c’est ce qu’on utilise en opex pour parler de la mis-mandat…) il fait beau et suffisamment doux pour apprĂ©cier un petit dĂ©jeuner copieux Ă  la terrasse du gite, devant les motos…Et les 3 enduristes en herbe, lançant Ă  qui veut bien l’entendre« moi ma prĂ©fĂ©rĂ©e c’est la harley » sur un ton cynique… je n’ai que faire ce ces singeries, car je sais qu’avec moi, le karma est toujours payant, et je prĂ©pare tranquillement mon matos vidĂ©o en savourant mon cafĂ©. Maria me dĂ©pose un sandwich Ă©norme prĂ©commandĂ© la veille que je glisse dans la couverture mexicaine attachĂ©e Ă  ma fourche, je remplis ma gourde, refais un Ă©tat des serrages, huiles, liquide de frein ainsi qu’outillages divers… DĂ©marrage au premier coup de jarret et je parcours le peu de kilomètres qui me sĂ©parent de l’entrĂ© de la rĂ©serve nationale des Bardenas. J’arrive sur un chemin, car oui, autant vous prĂ©venir, il n’y a pas de route, il n’y a pas de restaurant ni de station non plus dans les Bardenas, tout est Ă l’Ă©tat naturel. De toute façon la vitesse est limitĂ©e Ă  40 km/h sur l’ensemble du site, et gare Ă  ceux qui ne respecteraient pas les règles : L’annĂ©e dernière, la police a dĂ©ployĂ© un hĂ©licoptère pour chopper une quinzaine de larrons qui roulaient en weeling ou debout sur les cales pieds tout en dĂ©passant allĂ©grement les limites de vitesse… 1500 euros d’amende pour chaque pilotes (Ă  payer de suite) et la confiscation pure et simple de 9 des motos pour accumulations de dĂ©lits… Autant vous dire que la police espagnole ne rigole pas avec la sĂ©curitĂ© routière… En mĂŞme temps avec nos brèles et doutant que des pilotes roulant avec autre chose que des kustoms viennent me lire… Il y a fort a penser que ça ne vous arrivera pas avec les brellons qu’on se traĂ®ne. Bref je m’engage donc timidement sur ce chemin caillouteux, les cailloux sautent de temps Ă  autre sous les pneux, ça chasse du cul pafois, et j’avoue que j’y prends un plaisir assumĂ© mais je prends de l’assurance assez rapidement… Je fais quelques arrĂŞts pour contempler le paysage, tourner quelques images, je m’aventure hors des pistes, Ă  pied, pour prendre le la hauteur et pour m’apercevoir que je m’enfonce de plusieurs centimètres Ă  chaque pas… Il faudra donc oublier de sortir des pistes, sous peine de s’embourber dans cette terre Ă  l’aspect proche de la glaise, il a plus pendant 3jours avant mon arrivĂ©e et les sols ne s’en sont pas encore remis…Je reprends ma route mais au fur et a mesure de mon avancĂ©, le comportement de mon moteur se fait de plus en plus compliquĂ©… Le temps de m’arrĂŞter, de voir les bougies noires comme du charbon, en raison d’une avancĂ©e lente et difficile pour une bĂ©cane comme la mienne…La poussière rĂ©ussissant aussi Ă  passer Ă  travers le filtre pouvant aussi en ĂŞtre la cause, je dĂ©cide de faire demis tours après 4h de dĂ©sert… De tout façon il commence Ă  faire trop chaud, je dĂ©gouline de sueurs, ma gourde est vide, et je ne serais pas contre une bière. Me voilĂ  donc Ă  essayer de sortir du dĂ©sert sur des pĂ©tarades, et une fois arrivĂ© sur la route, je tirerais allègrement sur la poignĂ©e pour nettoyer toute l’accumulation de merde stockĂ©e dans la chambre de combustion… De retour, vers 13h30, je pars au bar et j’ai l’agrĂ©able surprise de trouver mes trois enduristes prĂ©fĂ©rĂ©s, la mine dĂ©confite… Ils viennent de pĂ©ter une boite de vitesse Ă  l’entrĂ©e des Bardenas sur une bĂ©cane ayant 600km… J’en pleur de rire encore aujourd’hui… Karma’s a bitch boys… Bref, je ne cherche pas plus Ă  discuter avec eux, ça n’aurait pas servit Ă  grand chose…Je retourne auprès de ma bĂ©cane, bière Ă  la main pour dĂ©monter les bougies, le carbu, et nettoyer tout ça. Après m’être restaurĂ© en faisant mes montages vidĂ©o habituels, je profiterais d’une sieste au frais, avant de me remettre en route pour tester le comportement de ma moto… Malheureusement, Ă  basse vitesse, comme certain auront pu le voir sur les vidĂ©o, ça n’est pas probant… Les bougies drag specialties soient disant au top mise lors de ma dernière rĂ©vision partiront donc au fond d’un sac pour revenir sur les anciennes, des champions qui me donneront entière satisfaction. En fin d’après midi, un nombre incroyable de motard arrivera, GS, ninety, royalenfield, KTM, Kawa, Transalp (tien?) , et un gars en enduro avec qui j’échangerais sur sa panne Ă©lectrique… Une masse dĂ©fectueuse trouvĂ©e par son guide après une bonne heure de dĂ©montage et un stress de ma part Ă  m’acharner Ă  dĂ©marrer ma bĂ©cane après avoir oubliĂ© d’ouvrir l’essence (ce genre de connerie n’arrive de toute façon jamais a ceux qui ne roulent pas, j’assume donc entièrement ce moment de solitude qui je sais, en fera rire plus d’un)… Puis je passerais le dĂ©but de soirĂ©e Ă  Ă©changer avec tout un tas de gars dont je ne me souviens plus des prĂ©noms, et ça n’a aucune importance, l’important c’est l’intensitĂ© de ces Ă©changes autour de bĂ©cane diffĂ©rentes de ce que j’ai l’habitude de cĂ´toyer, c’est très enrichissant, autant en histoires de mĂ©caniques qu’en sympathie. Puis, je partirais Ă  la salle commune, ayant un peu peur de me retrouver seul je l’avoue, face Ă  ces hordes de potes venus en groupes. Mais c’était sans compter sur la gentillesse et l’anticipation dont sait faire preuve Maria… SitĂ´t arrivĂ©, elle me dirigera vers deux anciens, le teint bronzĂ© par les annĂ©es de voyage, l’un ancien de la marine marchande ayant parcouru l’Afrique toute sa vie avec qui nous Ă©changerons longuement sur nos expĂ©riences personnelles, et l’autre, ancien coureur du Paris Dakar, amoureux de sa vielle Transalp, et qui s’est tapĂ© près de 3h de solitude au milieux du dĂ©sert en raison d’une batterie en fin de vie, tien donc, le monde est tout de mĂŞme sacrĂ©ment petit, et avec qui j’échangerai longuement sur ses connaissances hors norme sur le ride en solo… Une soirĂ©e, encore une fois exceptionnelle sous le signe de la rencontre et de l’amitiĂ© Ă©phĂ©mère…

Au cinquième jour, je repartirais Ă  la fraĂ®che, non sans avoir payĂ© pour mon sĂ©jour un prix dĂ©risoire en 2023, 120 euros pour deux nuits, deux petits dĂ©jeuners, deux repas et deux sandwich, plus un nombre dont j’ai perdu le compte de consommations diverses. L’Espagne pour un dimanche reste inchangĂ©e, les routes sont peu frĂ©quentĂ©es et je cruise agrĂ©ablement Ă  travers les champs d’oliviers, les champs solaires et moins agrĂ©ablement les zones d’élevage porcins Ă  l’odeur nausĂ©abonde… Le but est d’arriver Ă  Figueras, mais n’ayant pas envie de m’arrĂŞter de rouler parce que j’aime ça au plus haut point, je continue donc mon pĂ©riple Ă  travers le territoire d’Andorre en passant par la Jonquera, pour arriver Ă  Perpignan et me trouver un petit coin de camping en bord de lac… Installation sommaire, le toit de mon couchage sera fait avec la couverture mexicaine et tendue par les moyens du bords pour y loger mon sac de couchage et passer une nuit au confort très sommaire, mais après un restaurant suffisamment arrosĂ© pour ne pas avoir besoin de chercher le sommeil… A la guerre comme a la guerre…

Au Sixième jours, je prendrais la route au petit matin non sans avoir fait les vĂ©rifications d’usage… Je bouffe de l’huile par le haut moteur, et je n’ai absolument pas envie de dĂ©monter les deux rĂ©servoirs d’essence pour effectuer un resserrage… Çà attendra, en revanche mon pneu arrière par contre commence Ă  sĂ©rieusement accuser le coup, mais je ne m’inquiète pas, ils n’ont pas prĂ©vu de pluie (LOL) et mon itinĂ©raire me prĂ©voit une arrivĂ©e Ă  Vacqueyras en milieux d’après midi. Je cruiserais donc tranquillement tantĂ´t le long des champs, tantĂ´t le long de la mer, puis sur une petite nationale, je serais amenĂ© Ă  tendre mon majeur face Ă  un jeune baltringue des citĂ©s en clio 1 qui tentera de gratter la voie d’en face, prise dans les bouchons, par la ligne blanche en prenant le risque de me chopper de face… Une fois l’évitement passĂ© et mon majeur rentrĂ©, je me rendrais compte avec stupeur que ces petits crĂ©tins, après avoir rĂ©pondu Ă  mon appel du doigt, feront demis tour pour me rattraper… Faut vraiment pas en avoir dans le crane pour croire que tu vas rattraper une brèle en Ă©tant dans une caisse chargĂ© sans doute autant que ses occupants…Bref de toute façon le combat Ă©tant perdu d’avance pour moi Ă  un contre quatre, je ne m’arrĂŞterai pas et poursuivrais ma route. A 16 kilomètres de l’arrivĂ©e, un orage surgis soudain de nulle part d’une intensitĂ© encore jamais vĂ©cu Ă  moto. La grĂŞle d’abord, qui me forcera Ă  mettre ma bulle sur mon casque, puis une pluie et de fortes bourrasques me forçant Ă  m’arrĂŞter parce que mĂŞme les bagnoles n’avançaient plus et de toute façon, il aurait Ă©tĂ© suicidaire de continuer sans rien voir Ă  5 mètres. Je m’arrĂŞterais donc trempĂ© jusqu’Ă  l’os, sous un bout de toit… La loi de Murphy Ă©tant ce qu’elle est, mon paquet de clopes aussi trempĂ© qu’une Ă©ponge, et de toute façon les briquets baignant dans la flotte autant que mes attributs masculins, mon tĂ©lĂ©phone me lâchera quelques minutes plus tard… La il faut dire que j’ai du sacrement prendre sur moi pour ne pas me foutre en position foetale sous la bĂ©cane et hurler… sans compter qu’après une heure Ă  attendre une accalmie qui prendra trop de temps Ă  arriver, je reprendrais la route Ă  l’aveugle, sans GPS, les pompes aussi trempĂ©es que des rangers après un passage Ă  guet, Ă  la recherche d’un panneau indiquant « Vacqueyras »… Après une heure de route au ralenti (je rappel l’Ă©tat de mon pneu) des indications prises au grès des passants (dont un, sans doute adorateur des vtwin, m’enverra Ă  l’opposĂ©) et une bĂ©cane n’en pouvant plus, s’arrĂŞtant alĂ©atoirement sans doute Ă  cause d’un faux contact crĂ©Ă© par l’eau, ou d’un carbu noyĂ©, je trouverais enfin ma destination au coin d’un carrefour, la femme de Christ, dit Le Belge, m’accueillants pour la nuit… Et quelle nuit les copains, une fois de plus cette rencontre avec l’inconnu restera gravĂ©e Ă  tout jamais… Je passerais la soirĂ©e avec ce groupe de frangins, dit « Les Grincheux ». Un vrai groupe de potes qui s’en fout plein la gueule Ă  longueur de journĂ©e, signe d’une fraternitĂ© indĂ©fectible, un groupe qui aime rouler, qui aime les bonnes choses et qui a un sens de l’accueil sans pareil… On partagera un dĂ©licieux sanglier, cuit Ă  Ă©touffĂ© arrosĂ© de plusieurs magnifiques bouteilles produites dans le coin sur fond d’histoires de mĂ©caniques, trips divers et histoires de clubs qui, vous l’aurez compris, ne seront pas Ă©talĂ©es ici…Cela restera un point de rencontre sans doute Ă  refaire, tant cet accueil aura Ă©tĂ© au delĂ  de mes espĂ©rances, et dans tous les cas restera gravĂ©s dans mon cĹ“ur a tout jamais.

Les deux derniers jours n’auront rien de particulier Ă  raconter, je remontrai sur Annecy au 7eme jour sans pouvoir passer sur la route Bonapart comme je l’avais initialement prĂ©vu, la faute Ă  un chargeur de tĂ©lĂ©phone dĂ©fectueux ne me permettant de faire un point de situation gĂ©ographique qu’Ă  de rares occasions, mais je prendrais un plaisir particulier Ă  naviguer le long des vignes et Ă  rouler sur les routes escarpĂ©es Ă  l’approche d’Annecy. Je remercie d’ailleurs la concession Harley Annecy qui m’aura fait un recomplĂ©tèrent en huile des plus salvateurs, et je fĂŞterai mes 41 berges le soir venu en compagnie de mon frangin et de ma mère.

Au 8eme jour, la route pour rentrer en passant par la suisse Ă©tant aussi connu que monotone, elle se ferra sans aucune anecdote particulière, mis a part une lutte acharnĂ©e contre le someil au sortir de la Suisse. Le fait est qu’une fois rentrĂ©, je m’effondrerais sur mon canap pour une bonne heure et me rĂ©veillerais comme si j’avais Ă©tĂ© passĂ© Ă  la broyeuse, fiĂ©vreux, fatiguĂ© comme jamais, tremblotant et sans appĂ©tit, sans doute en raison de mon esprit, ayant compris que le voyage Ă©tait terminĂ© et qu’il pouvais dĂ©sormais se laisser aller. Je dormirais 11 heures cette nuit la, pour me faire rĂ©veiller uniquement par mes gosses pour les emmener Ă  l’école… Signe qu’un trip de cette envergure est extrĂŞmement Ă©prouvant. Cela fait aujourd’hui 1 semaine que je suis rentrĂ© et j’ai encore mal Ă  une cuisse, fatiguĂ©e de tant de kick, et je dors particulièrement bien. Mais si je devais repartir, je le ferais immĂ©diatement (enfin une fois le pneu changĂ©)… Cette expĂ©rience a Ă©tĂ© l’une des plus belles en matière de roulage, de rencontres et d’amitiĂ©. Certes, un trip de cette envergure nĂ©cessite un certain budget en essence, en consommables et en logement/repas, mais je n’ai aucune chance Ă  l’avoir entrepris, tout le monde en est capable, et vous n’avez pas d’excuse. Ce n’est qu’une question de volontĂ©, mais pas de chance, c’est quelque chose qui se provoque si Ă©videment l’envie vous en prenais.

Sur ce merci Ă  tous ceux qui me soutiennent dans ces Ă©cris, merci Ă  tous ceux qui m’auront encouragĂ© et surtout merci Ă  ceux qui m’auront soutenu sur et dans ma chute, vous ĂŞtes ceux pour qui j’aime mettre sur papiers mes aventures, alors Ă  très bientĂ´t autour d’une bière, d’un festival ou sur les routes…

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Written by kustomWorkshop

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