Il ne faut jamais croire une toxicomane !

RÚgle numéro un!!

Ne jamais faire confiance Ă  un toxicomane…

Il faut faire attention aux mensonges, c’est un mĂ©canisme qu’il faut prendre au sĂ©rieux, c’est pour moi le plus gros problĂšme des personnes qui sont esclaves d’une molĂ©cule. Un accro ment pour diffĂ©rentes raisons. Pour ma part, c’est principalement pour qu’on ne me donne pas de leçon et ne pas inquiĂ©ter les personnes qui me demandent des nouvelles, mĂȘme si je suis plutĂŽt franc en gĂ©nĂ©ral. J’ai assez diluĂ© mon addiction pour ne plus avoir Ă  prĂ©server les autres et ça fait longtemps que je ne triche plus pour sponsoriser mon bordel.

Bien, certes, j’ai eu maquillĂ© la vĂ©ritĂ© pour financer mes besoins (soyons honnĂȘtes), mais je n’ai jamais mis personne en difficultĂ© ni ramener de problĂšmes chez moi ou mon entourage. Je n’ai jamais eu d’addiction trop chĂšre ni de gros besoins en parallĂšle (j’ai de la chance, on ne me laissera pas crever de faim, c’est plutĂŽt confortable). Quant Ă  mon actuel poison quotidien, comme ils sont en fin de stock et que l’on n’en fabrique plus, le problĂšme va se rĂ©gler plus vite que n’a durĂ© ma chasse aux chauves-bĂ©bĂ©s-pingouins.

Je me permets encore 3/4 jours par mois d’Ă©vasion et aprĂšs, je dois supporter la modĂ©ration vu que je reste chargĂ© niveau mĂ©docs (je ne suis jamais vraiment sobre). Ce n’est pas si mal, je vais finir par m’y habituer, je me suis accoutumĂ© Ă  beaucoup moins agrĂ©able que ça. DĂ©sormais, je joue en ligue amateur en attendant gentiment que mon fardeau disparaisse des possibles et me renvoie en prĂ©-retraite. Et, vu que je n’ai cotisĂ© qu’avec l’alcool et le tabac, ma pension me sera versĂ©e en mĂ©docs et en verveine menthe.

Ne me restant que l’hĂ©roĂŻne comme option concrĂšte pour me soulager, je ne me sens plus si mal finalement et je prĂ©fĂšre m’abstenir. J’en aurai peut-ĂȘtre besoin si je vais jusqu’Ă  la maladie de fin de contrat. Quand vient le moment de demander grĂące, la derniĂšre dose de morphine, je veux qu’elle me soit efficace. Si j’arrive Ă  80 ans le problĂšme sera diffĂ©rent, une varice, c’est facile Ă  piquer.

Revenons-en au sujet, je me disperse pour changer. Le pire mensonge que peut faire un toxico, c’est celui qu’il se fait Ă  lui. Il te raconte des trucs, que tu as l’impression d’ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un boulanger fasciste surexploitĂ© en mode binaire Ă©vitant le QI d’un moule dyslexique qui a hachĂ© une mĂ©ningite, et encore, je trouve cette comparaison insultante pour le mollusque. Il ne faut pas le prendre mal ce mensonge, tu peux le questionner, Ă©mettre des doutes, mais ne le prends pas pour toi, ce n’est pas Ă  toi qu’il ment, car il croit en son mirage.

C’est ce que je connais de plus difficile dans l’addiction, arrĂȘter de se mentir. Exemple :

— Je me dis que je vais y aller mollo alors que dans les faits, je ne contrĂŽle rien du tout et je le sais, je prends quand mĂȘme le risque, sur un malentendu, ça pourrait passer. — Je vais au bar pour boire un verre et rencontrer des gens. Je finis par picoler de trop. Du coup, je cherche des amuses-gueule exotiques. Alors, je rate le panneau stop qui aurait dĂ» sonner et me prĂ©venir. En effet, ce n’est jamais une bonne idĂ©e d’Ă©laborer un plan quand tu es ravagĂ© comme un Polonais en Bretagne un 29 fĂ©vrier par pleine lune sous un parasol.

Je parle d’expĂ©rience, je n’Ă©cris ici que du vĂ©cu et du subi. J’ai marchĂ© 25 km pour retrouver mon hĂŽtel avec ce genre de conneries une fois. J’Ă©tais parti marcher 5 min pour fumer au bord de la mer et ce fut l’aventure en mode perdu au milieu du dĂ©sert sans eau ni cartes (je l’Ă©crirai certainement celle-lĂ , elle dĂ©montre Ă  quel point on peut se pourrir la vie pour un dĂ©sir aussi futile qu’une envie de fraise pour une femme enceinte au mois de janvier, c’est con un camĂ© et c’est tĂȘtu quand lui vient l’inspiration, tu tapes sur la tĂȘte les pieds s’enfoncent). On dit qu’il ne faut jamais croire un toxico, moi, je dis qu’un toxico est en bonne voie quand il ne se croit plus, ou, du moins, qu’il se mĂ©fie. VoilĂ , c’est pour moi la rĂšgle numĂ©ro un. Ne pas se faire confiance.

Parce que la volontĂ©, le soutien, ça se trouve, ce n’est pas le plus dur. Se mĂ©fier de soi, par contre, ce n’est pas enseignĂ© Ă  l’Ă©cole. Dans notre sociĂ©tĂ©, on nous demande d’avoir confiance en nous, de ne pas ĂȘtre faibles, voire pire, avoir besoin d’aide, c’est considĂ©rĂ© comme du manque d’esprit civique, ĂȘtre une victime est devenu une tare. Ben, ce n’est pas efficace quand tu combats le manque de te croire solide. MĂȘme si tu l’es, mĂ©fie-toi d’abord avant de tester tes capacitĂ©s Ă  surmonter la pĂ©nurie.
Peu de personnes comprennent que ça ne suffit pas, la volontĂ©. Les personnes qui t’encouragent ont plus d’effet. Ensuite, il faut arrĂȘter de se mentir, je dirais mĂȘme que l’on peut mentir aux autres, ça peut rendre la vie plus simple. Certains mensonges ne sont pas graves, mais se mentir Ă  soi, c’est dangereux. Une fois que tu ne te crois plus, que tu soupĂšses tes pensĂ©es avant de te jeter dans la gueule du loup. Il ne te manque plus qu’une chose dans ta tentative de dĂ©croche. J’ai remarquĂ© ça dans tous mes combats contre les diffĂ©rentes addictions que j’ai effectuĂ©s. Il y a un truc que j’appelle le dĂ©clic, je dĂ©veloppe et je t’explique.
Je l’ai remarquĂ© Ă  chaque fois. Cannabis, cocaĂŻne, alcool, speed, mĂ©dicaments, amphĂ©tamines. À chaque fois, j’avais la volontĂ©, du soutien, de quoi faire, jamais seul. De plus, je ne peux pas dire qu’on ne m’a pas tendu la main, j’en ai eu des solides et pertinentes. Je prenais aussi l’aide lĂ  oĂč je la trouvais, quitte Ă  nĂ©gliger quelques libertĂ©s en allant me faire interner en clinique pour utiliser les outils mĂ©dicaux. On a mĂȘme failli m’y contraindre, mais j’ai Ă©chappĂ© au circuit fermĂ© par pure capacitĂ© Ă  encaisser la douleur et grĂące Ă  la confiance de mon pĂšre. Je me rĂ©fugiais aux urgences quand le mal Ă©tait trop tenace.
J’ai dĂ» arrĂȘter 15 fois au moins de fumer du shit avant de m’en dĂ©faire. 15 ans, ça m’a pris, je ne pouvais pas y ĂȘtre plus accrochĂ©. Pourtant, c’est arrivĂ©, je me suis retrouvĂ© quatre mois avec accĂšs Ă  tout, sauf Ă  un pĂ©tard, aprĂšs ça, fini, plus besoin, oubliĂ©.
L’alcool, j’ai dĂ» faire 6 ou 7 sevrages. Le premier en impro totale, sans prĂ©paration, Ă  la sauvage, j’avais plus d’argent, ce qui, ne vous faites pas d’illusion, n’est pas un problĂšme. Quand on est soumis Ă  une molĂ©cule, on trouve toujours un moyen. J’ai toujours rĂ©ussi Ă  boire ce qu’il me fallait, ce n’est pas vraiment beau, mais on y arrive.
Pour ce premier sevrage, j’ai dĂ©cidĂ© d’arrĂȘter d’un coup. Je buvais une bouteille de whisky plus les apĂ©ros et accompagnements chaque jour. L’alcool est la seule addiction qui peut tuer si on l’arrĂȘte sans aide mĂ©dicale. J’ai ainsi payĂ© mes huit jours de dĂ©lirium tremens Ă  voir de la neige tomber dans mon appartement. Du coup j’avais l’impression d’ĂȘtre sous speed et LSD alors que je voulais dormir pour faire passer la pilule.
J’ai demandĂ© de l’aide Ă  mon pĂšre qui m’a envoyĂ© ma grand-mĂšre, mĂ©decin Ă  la retraite, pour m’accompagner chez le Doc. Elle m’a bien expliquĂ© que pour y arriver, c’est comme pour tout, il faut de la volontĂ©. Depuis quatre jours, je vois des mouches, de la neige, j’entends des bruits improbables. Je tremble comme une feuille, pire qu’un Parkinson Ă  qui on envoie des chĂątaignes de courant version gĂ©gĂšne, et elle me parle de volontĂ©. Pour info :() Ă©lectrique manuelle dont l’utilisation premiĂšre est d’alimenter les de campagne. Ce n’est donc pas prĂ©vu pour l’utilisation originale que nos parents partisans en ont faite. Alors, si j’ai bien tout compris, ils ont pris un outil qui alimente le matĂ©riel de communication Ă  distance pour alimenter des communications plutĂŽt secrĂštes. Elles sont forcĂ©ment non vĂ©rifiables, parce que moi, on me torture, je parle, je fais que ça pour les calmer, mais comme je ne suis jamais au courant de rien rien je suis obligĂ© d’inventer l’info et du coup tu plastiques un bus d’Ă©coliers pensant Ă©liminer du rĂ©fractaires, je finis cette parenthĂšse, mais la dispersion, c’est le problĂšme principal des TDAH alors j’ai le droit.Si je n’en avais pas de cette foutue volontĂ© dont on m’a souvent cru dĂ©pourvu, j’avais les clefs du voisin, mon grand-pĂšre qui avait une armoire remplie de tout ce dont je manquais Ă  profusion et une cave Ă  pinard au cas oĂč j’estimerais ça insuffisant. Si ce n’est pas de la volontĂ©, c’est de la bĂȘtise au dernier stade, mon grand-pĂšre avait largement de quoi me fournir sans mĂȘme s’en apercevoir ou du moins en faisant semblant de ne rien voir. En deux verres, j’arrĂȘte le manque et pas besoin de leçon. Le mĂ©decin m’a donnĂ© un peu de xanax, si j’avais su, j’aurais Ă©vitĂ© le docteur, mon grand-pĂšre en avait une collection.

La volontĂ©, ça ne suffit pas. Elle n’avait qu’Ă  arrĂȘter son temesta et ses deux whiskys pour constater que ce n’est pas si simple de se libĂ©rer d’une habitude au long cours avec les drogues.
J’ai tenu un an, par la suite, j’ai fait un autre sevrage, mais mĂ©dicalisĂ© cette fois-ci. Rien Ă  voir avec le premier, on souffre aprĂšs l’arrĂȘt et c’est la dĂ©prime, mais aucun manque physique et on ne risque pas sa vie, ce qui n’est pas nĂ©gligeable.
Je fais rechute sur rechute, puis, Ă  la 5ᔉ ou 6ᔉ fois, il y a environ six ans, je n’ai pas notĂ© la date, vu que comme tout le monde, je n’y croyais plus. Un jour, j’ai bu deux biĂšres, j’ai Ă©tĂ© malade comme si j’avais bu une bouteille de sky. Si c’est pour ĂȘtre souffrant et frustrĂ©, autant faire l’impasse, il y a d’autres moyens de se soulager les nerfs.
La coke, j’ai arrĂȘtĂ© du premier coup comme le speed et sans rĂ©elle difficultĂ©. J’ai eu ce fameux dĂ©clic qui est l’ingrĂ©dient magique qui transforme l’essai et donne leurs pleins pouvoirs Ă  la volontĂ© et aux diffĂ©rentes mĂ©thodes de soutien.
À chaque fois, une pincĂ©e de chance, des Ă©vĂšnements favorables ou un bon timing, c’est une chose qu’on ne peut pas provoquer le dĂ©clic. On peut le favoriser, mais t’as toujours le risque d’une vague surprise qui tombe au mauvais moment et rĂ©duit tous le travaille au niveau du QI du boulanger citĂ© plus haut (j’ai pris un boulanger parce que CRS ou lĂ©gionnaire c’Ă©tait trop facile, la seule raison qui fait que j’ai pris un boulanger c’est que le facho le plus con que j’ai vu l’est, mais je dis vive le pain).
Quand on ne se ment plus, qu’on a la volontĂ© et les outils nĂ©cessaires, la concordance de facteurs favorables permet d’avoir le petit coup de chance qu’il ne faut pas rater et permet la dĂ©croche. Il faut ĂȘtre prĂȘt quand vient le dĂ©clic et ne pas le laisser filer.
Bon ce n’est que mon expĂ©rience, mais je voulais la partager. Si ça faisait rĂ©flexionner ne serait-ce qu’un gen, mĂȘme si c’est un CRS lĂ©gionnaire qui fait du pain, j’ai gagnĂ© ma nuit et ma matinĂ©e, je m’Ă©tale.
Alors, certes, mĂȘme sobre, on reste toxicomane Ă  vie (je dis sobre et non pas abstinent parce qu’il y a une nuance, abstinent, c’est dĂ©finitif, tandis que sobre, c’est un Ă©tat dont on peut briĂšvement sortir et ça fait moins peur). pour mon cas, et je ne suis pas un exemple. Je peux reconsommer sans rechuter, du moins je le fais depuis 14 ans. J’estime que si on n’en sent pas le besoin et qu’on a la flemme de retourner en chercher, c’est qu’on n’a pas raccrochĂ©.
Je ne conseille Ă  personne de faire comme moi, je peux fumer du cannabis, m’arrĂȘter quand je sens les effets de l’alcool ou prendre des produits de façon Ă©pisodique (je ne peux pas prĂ©venir l’avenir, tu me donneras les rĂ©sultats quand j’aurai claquĂ©). J’ai l’impression que quand je suis dĂ©livrĂ© d’un poison, je ne replonge plus, mais je ne peux le savoir qu’en prenant le risque, donc je recommence Ă  avoir trop confiance en moi, je manque d’humilitĂ©. J’ai dit qu’il faut d’arrĂȘter de se mentir.

Je pense qu’une autre chose est importante, si on ne se ment pas et qu’on ne culpabilise pas, on est moins sujet Ă  la rechute.
En groupe de parole addiction, on m’a parlĂ© d’un livre que je n’ai pas lu, mais dont le titre me parle. « Tomber 7 fois, se relever 8 ». Je trouve que ça explique bien la problĂ©matique mĂȘme s’il y est question de dĂ©pression, la toxicomanie et la dĂ©pression sont souvent liĂ©es et se soignent avec les mĂȘmes outils.
Sur ce bon courage, persĂ©vĂ©rez et ne laissez pas la culpabilitĂ© et le temps vous faire abandonner. RĂšgle numĂ©ro un, soyez honnĂȘtes avec vous-mĂȘme et n’oubliez jamais que mĂȘme si on peut divorcer d’un produit, on est Ă  vie rattachĂ© au plaisir qu’il nous a fourni avant de devenir un problĂšme.
RĂšgle numĂ©ro 2 : sois humble face au produit, il est toujours plus fort que toi, ne sois pas imprudent. Parole de sportif de haut niveau, des annĂ©es en ligue 1, championnat du monde et J.O, j’ai un peu d’expĂ©rience. J’y ai perdu l’espoir de faire de vieux os, mais je remercie chaque jour de me rĂ©veiller.

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Written by Oxy

Français né en 1979 à Montpellier, je suis devenu artiste par besoin d'expression, j'ai utilisé tous les outils mis à ma disposition. Je me suis
mis à poster mes écrits, il y a peu. J'ai 30 ans d'expérience en toxicomanie et je suis atteint de diverses pathologies psychiatriques. J'écris mes réflexions du jour et mon vécu. Je ne cache rien, ma démarche est de montrer les événements tels que je les ai traversés sans les masquer ni les diluer.

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