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  • Réflexions sur la vie

    Des fois, je me demande pourquoi,

    Pourquoi, ma vie,

    Pourquoi, la vie,

    Je ne sais pas,

    Je ne sais plus.

    Pourquoi,

    Pourquoi, je souffre ?

    Pourquoi, je vis ?

    Ma vie me semble si vide de sens,

    J’aimerais revenir en enfance,

    Au temps d’autres fois, où la vie était plus simple,

    Ou je ne me possait pas de question,

    Ou juste je voyais la vie,

    Ou je la vivais.

    j’aimerai le voir, cet enfant,

    Cet enfant que j’étais quand j’étais petit,

    Je lui poserai tant de questions.

    Comment ?

    Comment il voyait la vie ?

    Ce qu’il aimait,

    Ce qu’il voulait.

    Aujourd’hui, je suis perdu,

    je ne sais pas,

    je ne sais plus,

    j’ai l’impression d’avoir grandi,

    mais j’ai l’impression perdu.

    J’aimerai me souvenir,

    Me souvenir de cette chose,

    Cette chose que j’ai perdu,

    je ne sais pas,

    je ne sais plus.

    Qu’ai je perdu ?

    J’aimerai que l’on me le dise,

    Que l’on me le montre.

    Mais cela est impossible,

    Car personne ne peut le dire,

    Car personne ne peut le montrer.

    Seul moi peut le dire,

    Seul moi peut le retrouver.

    Car ainsi va la vie.

    Et aujourd’hui,

    Ce que je recherche,

    C’est toi,

    La vie.

  • La paix  tout simplement

    La paix tout simplement

    Je ne m’appelle pas Gandhi,

    Je ne suis pas le Messie,

    Je ne ressemble pas à un messager,

    Juste un défenseur de la paix,

    Si le facho et le banlieusard pouvaient discuter,

    La planète formerait une seule unité,

    Un vent de liberté demain sifflerait,

    Le mot ” guerre” ne sera plus prononcer,

    Nouvelle ère, nouveau système,

    Tout le monde pourra se dire ” Carpe diem”,

    Blacks, blancs, beurres,

    D’exister, n’aient pas peur,

    De ta religion, de ta couleur,

    Jouons la carte “respect”,

    Retrouve enfin ta dignité,

    Exprime tes envies, le goût de l’authenticité….

  • Le Jour où tu as Guéri mon Âme Prologue

    Le Jour où tu as Guéri mon Âme Prologue

    Une âme brûlée

    Nous avons tous des blessures dont on ne guérira jamais. Des blessures qui resteront ancrées dans notre âme et notre cœur. Des blessures qui nous marqueront à vie.

    Seule, dans l’obscurité mélancolique de mon appartement dépouillé de toute vie et de toute joie, baignée de larmes, je me perdais dans mes souvenirs. Je me mémorisais les blessures qui s’étaient enracinées en moi, marquant mon âme à jamais.

    J’avais vécu dans un monde où l’amour paternel n’était qu’une illusion. J’avais grandi avec le fardeau d’un père qui m’avait abandonnée à ma naissance. La douleur de cette absence m’avait poursuivie tout au long de ma vie, rendant mon cœur fragile. Les questions sans réponses sur les raisons de cet abandon me hantaient, m’empêchant de me sentir aimée et acceptée.

    Comme si cela ne suffisait pas, le destin avait un autre tour cruel à jouer. Alors que j’avais pris goût à l’amour, à l’acceptation d’être aimée et à l’émerveillement auprès de celle qui était devenue ma raison de vivre, Emma, la maladie vint obscurcir notre ciel azur. Longue et irremplaçable, elle emporta mon amour loin de mes bras et de mon cœur, une perte insurmontable.

    La mort de Emma fut un véritable brasier qui me consuma. Balayant avec lui chaque éclat de joie et d’innocence qui avait jadis illuminé mon être.

    Je décidai de tout quitter, abandonner le poids de ce passé pour tenter de panser mes plaies meurtries.

    Je me rappelai les paroles de Emma me parlant d’une île mythique où la magie se mêlait à la beauté paradisiaque. Un endroit où elle avait toujours souhaité se rendre.

    The Brightly Stars Island, un nom qui résonnait comme une lueur d’espoir dans mon cœur brisé. D’après les dires de Emma, cette île recelait des secrets, des mystères qui pourraient m’offrir une nouvelle chance, retrouver un semblant de paix dans cette tempête.

     

    Ainsi, j’embarquai pour cette contrée enchantée. Laissant derrière moi les vestiges d’une vie marquée par la douleur, les larmes que j’avais versées pour les êtres chers que j’avais perdus.

    Je m’avançais vers un avenir incertain. Peut-être que The Brightly Stars Island serait une lumière dans l’obscurité de ma détresse. Peut-être qu’elle pourra réparer mon âme brûlée et trouver l’espoir d’un renouveau.

    Mais je ne partais pas seule. Je me devais de tenir cette promesse faite à l’amour de ma vie. Je l’emmenai donc dans mon cœur, vers ce lieu de mystères, de secrets où la magie se mêlait à la beauté.

     

     

    Kit

  • QUAND IL Y A DES EPINES AUX FLEURS BLEUES

    QUAND IL Y A DES EPINES AUX FLEURS BLEUES

    QUAND IL Y A DES ÉPINES

    AUX FLEURS BLEUES

    1

    Et si je ne t’avais pas oublié Marie ?

    Même si la blessure avait guérie

    Je ne sais pourquoi

    Tu es revenue dans mon esprit

    2

    En ces temps-là, il y a longtemps

    J’étais jeune, j’étais fou

    Tu étais belle je m’étais épris

    3

    Tu représentais un idéal

    Une rencontre qu’on ne fait

    Qu’une fois dans sa vie

    Un coup de foudre comme un cri

    4

    Tout de suite je t’avais aimé

    Avant le premier baiser

    J’étais amoureux

    5

    Idéale tu étais

    Et je savais que je t’avais touchée,

    Et toi aussi peut-être tu pensais

    Que j’étais l’homme de ta vie

    6

    Et si je ne t’avais pas oublié Marie ?

    Même si la blessure avait guérie

    7

    Certes ce fut le temps des malentendus

    Des rencontres furtives sans explications

    Comme mon présent qui s’échappe

    Comme si mon destin ne voulait pas de toi

    8

    Nos pas s’étaient séparés

    9

    Tu ne m’avais dit oui,

    Tu ne m’avais jamais dit non

    Mais chaque fois que tu étais près de moi

    Je savais que tu tenais à moi

    10

    On était jeune on était fou

    On ne savait pas que la vie

    Nous conduisait vers des destins bien étrangers

    11

    Et si je ne t’avais oublié Marie ?

    Soudain je ne sais pourquoi

    J’ai repensé à toi

    12

    Il paraît que tu as des enfants

    Que tu vis loin de moi

    Dans un autre pays

    13

    Et si tu ne m’avais pas oublié Marie

    Ce serait sans doute ridicule même si

    J’en avais envie

    14

    Je voulais seulement parler de ce temps là

    Qui a disparu

    De ce que tu es devenue

    De ce qui est foutu

    12

    Et si l’on ne s’était pas oublié Marie ?

    Stéphane Estedest – octobre 2002

  • Le Jour où Tu as Guéri mon Âme

    Le Jour où Tu as Guéri mon Âme

    Cette histoire est une fanfiction, basée sur la sapphic romance entre Kit et Jade et se déroule dans notre monde actuel sur une île issue de mon imagination. 

     

    Résumé.

    A 25 ans, Kit perd l’amour de sa vie, Emma Mills suite à une longue maladie. Anéantie et perdue, elle décide de tout quitter et part à The Brightly Stars island, une île exotique située dans les Caraïbes dans le but d’oublier ce mal être, ses démons intérieurs qui l’ont déjà poussée à commettre un acte dramatique envers elle-même.

    Sa rencontre avec Jade va tout changer.

    Jade va l’aider à s’ouvrir aux autres, à s’aimer et reprendre confiance en elle.

    Une belle rencontre, une belle relation.

    A travers Jade, Kit va réapprendre à aimer et être aimée de nouveau.

  • Les tabous (réflexion)

    Il y a des choses dont, tout simplement, on ne parle pas. C’est ce que nos parents, et leurs parents avant et les parents des parents de nos parents ont tous dit à leurs enfants. Et c’est ce qu’on dira et devra dire à nos enfants. On n’en parle pas car ce sont des sujets qui ne se partagent pas. Ils portent en eux un malaise, un embarras qu’on tente à tout prix d’éviter. On juge que les plus jeunes sont trop petits pour comprendre et que les plus vieux pourront trouver par eux-mêmes les réponses. Comme des grands. Or une fois “grands”, les enfants se rendent compte qu’ils ne connaissent pas la réponse et n’ont aucun moyen de s’informer librement. Ainsi, ces “choses” dont on ne parle pas restent donc sans réponses et relèvent souvent des mêmes catégories: le sexe, ou la sexualité, les femmes, ou la féminité, et la politique, à part pour les politiciens à qui on a délégué le travail de penser et exprimer ce tabou au nom des citoyens, et enfin, l’argent.

    Mais pourquoi la société a-t-elle eu la nécessité de nous inculquer de telles restrictions intellectuelles?

    Ma première hypothèse est la suivante: pour garder l’ordre. Pour éviter les débats qui pourraient mal tourner et diviser la société en deux clans hostiles et bornés.

    La création de tabous engendre, avant tout, les idées reçues et les perpétue. Un tabou est un sujet dont on n’a pas le droit de parler, par morale ou bienséance, et dont on ne connaît donc rien. Et comme on ne connaît pas, pour pallier ce manque d’informations, les cerveaux humains vont, ensemble, inventer un stéréotype qui va leur permettre de juger quelque chose dont ils ne connaissent rien. Ils vont créer une connaissance fausse et complètement biaisée par leur conscience et leur culture. Les tabous créent des fausses connaissances sur lesquelles des générations entières s’alimentent pour créer l’illusion qu’il n’y a en réalité, pas de tabous.

    Ainsi, la société se maintient dans le calme et l’illusion. Les citoyens ne se contentant que de ces rumeurs et idées reçues.

    Or, j’ai moi même trouvé rapidement une objection à cette pensée: une société qui, fondamentalement, laisse toute conscience de soi s’exprimer sur n’importe quel sujet sans contraindre de quelconque manière la liberté d’expression d’autrui, serait tout à fait capable de débattre de manière civilisée. Tout simplement parce qu’elle aurait l’habitude, lors de la prise de parole, de faire face à des avis divergents et contraires aux siens. En ce sens, elle discuterait souvent et avancerait en tant qu’un grand ensemble dans lequel chaque citoyen apporte une part de sa raison pratique théorique, de ses pensées et de son intelligence.

    Dans cette société utopique, les individus ne chercheraient pas forcément à convaincre celui d’en face qu’il a tort, mais le débat chercherait juste à éduquer les différentes parties à travers la justification et l’argumentation. Chacun explique pourquoi il pense de la sorte et pourquoi cette manière de penser serait plus bénéfique au bien-être collectif et à la croissance. L’autre prend en considération ce qui vient d’être dit en le voyant comme une apportation pour sa propre culture intellectuelle et individuelle, et tente de faire de même pour son opposant. Chacun relativise et écoute. Cela s’appelle respecter. Dans ce cas, les partis ne sont pas des ennemis mais plutôt des pièces qu’il faudrait assembler. L’ordre est maintenu.

    Ainsi dans une société sans tabous, certains débats ne seraient pas entravés et limités. Chaque citoyen pourrait grandir intellectuellement sans trouver d’impasses injustifiées et ainsi devenir quelqu’un de critique et d’intelligent. Si l’on devient tous ce citoyen, c’est la société entière qui grandit. Une mise à jour dans laquelle tout le monde est plus libre d’apprendre et de parler. Moins de peur, moins de malaises, plus de confiance, plus de sécurité pour les consciences en plein développement.

    L’exemple flagrant du débat du droit à l’avortement et la lenteur de l’évolution de ce droit, montre bien que les sujets dis “délicats” ne sont pas considérés comme une priorité à cause du simple fait qu’il soit dur d’en discuter. Le résultat est clair: la société rame en débattant toujours sur les mêmes thèmes en prétendant “évoluer” alors même que certains débats nécessitent d’être menés et débloqués.

    Cependant, dans nos sociétés individualistes, le grand ensemble n’existe pas. À cause des tabous, la liberté d’expression elle-même est limitée. Comment les individus peuvent-ils s’épanouir s’ils ne peuvent pas étendre leurs pensée et échanger, communiquer sur des sujets car ils sont interdis? Comment peuvent-ils grandir ensemble, si chacun garde pour soi ses arguments et ses opinions bornés sans savoir ce que pense l’autre?

    Outre cela, il n’y a plus d’entraide, car lorsqu’un individu fait face à un problème duquel il est interdit de parler en société, comment fait-il pour rassembler toutes les ressources nécessaires pour répondre à son problème ou doute? Il ne peut pas. Seul c’est impossible. Kant l’explique dans L’insociable sociabilité. L’homme veut penser et agir comme être indépendant ou être vu comme tel par les autres, alors qu’il est incapable survivre seul. Peut-être que de nos jours, d’une certaine façon les réponses sont finalement plus accessibles grâce à Internet, mais il est inutile de rappeler la véracité bancale de l’information présente sur cette plateforme qui empêchent la recherche efficace de réponses. L’individu est donc seul, car même s’il en parle de manière intime à d’autres individus de confiance, eux-mêmes n’auront pas la réponse, et les conseils et l’aide qu’ils proposeront sera forcément incertaine, approximative et probablement fausse puisqu’ils sont eux-mêmes soumis aux tabous. Les tabous sont des obstacles pour les individus et la société vers la vérité et les connaissances absolues et objectives.

    Alors, si la société a un but collectif, pourquoi isole-t-elle les individus en leur inculquant des tabous?

    Certainement pas pour maintenir l’ordre et le calme car justement, c’est le contraire qui est en train d’arriver. Les individus se rebellent contre ce manque d’aide, d’expression et de débat. Peut-être les tabous ont permis pendant des siècles de maintenir l’ordre et la hiérarchie, mais le monde change grâce à la curiosité humaine qui est infinie et grâce à une raison qui ne veut pas connaître ses limites. Depuis la seconde moitié du XXe siècle et le XXIe siècle, ce système est de plus en plus défaillant. Les jeunes générations se posent des questions, mais cette fois-ci, elles se les posent à l’oral, tout haut, tout fort, pour que le reste de la société se rende compte qu’en effet, il y a là un sujet qu’on a bafoué depuis toujours, et qu’il serait donc temps de chercher des réponses et des solutions.

    Toutefois, cette volonté de s’agrandir intellectuellement se fait rarement dans le calme. Pour se libérer des chaînes des tabous, il faut se battre. Par se battre on entend manifester, créer des associations, argumenter, se mobiliser, etc… Il faut aussi se battre contre les mentalités les plus fermées ou les plus silencieuses de la société. En résumé, il faut se battre contre la société toute entière. Et cela ne peut évidemment pas se passer dans le calme, car pour se faire entendre et être suivi, les gens ont appris à crier.

    Les tabous ne sont donc plus des piliers de la société sans lesquels les individus seraient des personnes peu civilisées comme on aurait tendance à le penser. Ils font maintenant le contraire en alimentant les révoltes et la division. Une dispute cependant utile à cette société. C’est en se libérant des tabous que les mentalités s’ouvrent et progressent et c’est ainsi que certains êtres humains qui avaient été injustement laissés de côté, peuvent être enfin traités comme ils le méritent, comme il se doit.

    Les tabous ont finalement aidé la société à progresser, mais les Hommes ont mis longtemps à apprendre à les tourner à leur avantage en comprenant qu’il y a autre chose que les idées reçues. Que ces pensées ne sont que des inventions absurdes pour combler le manque d’information.

    Alors une minorité tente de comprendre, ensemble et à haute voix pour faire retentir ces pensées nouvelles qui cassent les tabous et l’ordre instauré.

    Dans ce cas, pourquoi le monde n’a pas l’air d’avancer?

    Le monde avance, mais il lui faudra des générations et des générations. De plus, les tabous persistent et certains ne seront détruits que dans des dizaines d’années, une fois que les mentalités les plus fermées auront disparu et auront arrêté d’éduquer.

    Pour échapper aux tabous, il faut mettre l’éducation au centre, ou plutôt à la racine. Elle est fondamentale dans notre société, elle est la base de l’édifice. C’est de là qu’on puise nos ressources pour pousser. Il faut alimenter les nouvelles consciences avec les nouvelles informations que nous avons réussi à démocratiser et légitimer. Il faut apprendre aux enfants ce que nos parents ne nous ont pas appris.

    Le monde a avancé, inégalement à travers la planète, mais le progrès est bien présent.

    A présent j’aimerai parler de ces tabous, afin de comprendre la raison de leur existence.

    Tout d’abord, le plus grand des tabous. Celui dont le manque de connaissances est le plus flagrant. Le sexe. Rien que sémantiquement, cet agencement de lettres dérange. Visuellement, il met mal à l’aise. Pourquoi?

    Le sexe est le paroxysme de l’intimité. Un corps dans un autre, une partie du corps que l’on cherche à tout prix à cacher, un sujet que l’on cherche à tout prix à éviter. Il en est ainsi de par le degré d’intimité qu’il porte. Ainsi, c’est quelque chose que chacun découvre seul en grandissant. Pourtant, une meilleure connaissance de ce sujet et tout ce qu’il comporte, éviterait beaucoup de problèmes auxquels nous nous confrontons en tant qu’individus et en tant que société.

    Ce sujet est tellement intime, d’ailleurs, que même à l’intérieur des groupes de pairs, il est difficile pour les individus de s’ouvrir. Le niveau de confiance doit être tel, qu’il est difficile de trouver quelqu’un à qui s’ouvrir à propos du sexe. S’éduquer sur ce sujet est d’autant plus complexe. Si peu de personnes s’y intéressent de manière objective avec pour seul but de réellement apprendre et étendre leurs connaissances scientifiques, même s’il existe la connaissance nécessaire. La science s’y est intéressée pour faire avancer la médecine. Puis, tout comme la politique, on délègue ce malaise aux médecins et plus spécifiquement, aux gynécologues ou aux sages-femmes. Ce sont eux qui détiennent l’information nécessaire, les réponses à nos questions. Cependant, on ne dit pas qu’on est allé voir le gynécologue, alors que l’on pourrait dire sans gêne particulière qu’on est allé voir le dentiste.

    De plus, le sexe physique est un tabou car il implique l’autre et en tant qu’être social, on ne veut pas embarrasser l’autre, le mettre dans une mauvaise posture. Il implique l’autre en tant qu’être nu, naturel. Le sexe est l’expression même de notre animalité. C’est pour cela qu’on le cache, qu’on refoule ce sujet. C’est une des dernières choses qui rattache les êtres humains à leurs ancêtres et au reste de la nature et en tant qu’êtres dotés de conscience, c’est ce que nous voulons oublier. Nous nous sommes absolument détachés de la nature, nous l’avons contrôlée. Le sexe est animal et naturel, mais il semblerait que ce second aspect passe inaperçu tant notre besoin de supériorité, tout à fait naturel aussi, est fort. Le fait d’être conscient de soi nous éloigne tellement des animaux qu’on oublie nos origines.

    Le Moi comporte aussi l’idée de l’intégrité. Les sociétés individualistes sont celles qui ont, dans les faits, le mieux fonctionner dans notre ère. “A chacun son jardin secret”. De par la conscience de soi, on a pris l’habitude de couvrir notre corps. Au début de l’humanité, par question de survie, puis par question de privacité par la suite. Par le sexe, on entend aussi le corps et la nudité. La nudité est le corps à l’état naturel, dans son état le plus primitif. Nous ne sommes plus des êtres primitifs, mais des êtres développés, conscients de ce qu’ils font et de ce qu’ils sont.

    Le sexe nous rend vulnérables, donc on évite d’en parler ouvertement.

    Aux yeux des autres, nous voulons être humains, c’est ainsi que notre société peut fonctionner. Mais elle ne peut pas non plus éternellement fonctionner en censurant les consciences qui la composent. Les humains cherchent les réponses aux questions qu’ils se posent et ils s’en poseront continuellement. L’Homme a besoin de savoir et les tabous rendent cette tâche inutilement complexe.

    Ensuite, un autre grand tabou qui a perduré, mais qui heureusement s’efface est la féminité.

    Faire un discours féministe n’est pas mon objectif ici, cependant il est irréfutable que la femme a été pendant longtemps un mystère. Pourquoi? Parce que les femmes ont pendant longtemps été un sujet qu’on ne considérait pas important. Elles n’avaient pas de droits et étaient sous le contrôle des hommes et c’est ainsi que la société restait en ordre. Heureusement, l’Homme apprend.

    La femme est considérée par les hommes comme un être pur. Son corps est adoré, il est précieux car il offre la vie, d’où la nécessité de le contrôler. Les hommes ne se sont évidemment jamais posés de questions à propos de la femme, se sont les femmes qui ont commencé à se poser des questions et ont profondément changé la société. La féminité est fragile et pour la protéger, on n’en parle pas.

    Les problèmes qui touchent les femmes n’étaient pas la priorité des hommes et étaient de peu d’intérêt. Elles ont donc appris à ne pas en parler. peepee poopoo pa (paroles d’un homme). Ainsi, tout le monde a cru que la féminité n’était pas un sujet à partager et les femmes se sont renfermées sur elles-mêmes.

    Désormais, ce n’est plus le cas, la voix des femmes compte et leurs problèmes ne sont pas des sujets gênants. Cependant, ce n’est pas le cas uniformément dans le monde, donc ce tabou persiste selon la culture et la mentalité de chaque pays.

    Après le sexe et la féminité vient la politique. La pensée politique individuelle n’est pas un sujet qui se partage aussi facilement. D’ailleur, le mot “politique” porte en lui une connotation de puissance qui apeure les moins intéressés et qui est considérée de l’ordre du privé.

    La principale différence avec les autres tabous qui nous entourent est que la discussion de ce sujet dépend totalement du contexte dans lequel les individus se trouvent et notamment de leur personnalité, ou intérêt plutôt pour ce sujet. Les personnes qui sont expertes et qui ont une mentalité politique aiguisée ont tendance à se réunir et la discussion politique, qu’elle aille dans le même sens ou non, peut se faire sans gêne et elle n’est pas limitée par le jugement des autres.

    A l’inverse, dans un groupe qui n’est pas politiquement expert, la pensée politique n’est pas fondée et légitime, il est donc plus facile de juger l’autre sur ses pensées personnelles puisque nous n’avons nous même aucune connaissance. Comme dit plus haut, le regard et le jugement de nos pairs est essentiel et c’est quelque chose que nous voulons à tout prix contrôler. Dans nos sociétés, la politique a pour fondement les divergences, le débat voire même la révolution. Ceux qui ne sont pas éduqués sur le sujet ne partage donc pas leurs avis sur la politique car ils évitent le débat.

    C’est pour cela que nous avons délégué, une fois de plus, ce malaise au personnel politique et aux partis politiques pour nous “représenter”. Ainsi, il n’y a que quelques personnes qui sont, en théorie, éduquées en la matière qui ont la légitimité de débattre et parler ouvertement de ce sujet. Le reste de la population peut donc tranquillement éviter ce thème et éviter le débat.

    Ce tabou prend ses racines dans l’Histoire, ce ne sont pas les révoltes pour une certaine idéologie qui manquent. La politique est un sujet sensible car elle est intrinsèquement liée au débat et, par extension, au désordre. On évite de parler, on évite le désordre.

    Enfin, l’argent. Contrairement aux autres tabous, ce mot est sémantiquement agréable. Cependant, nos parents ne nous ont jamais dit combien ils gagnent, combien d’impôts ils payent. Par argent, je sous-entend l’argent possédé et gagné notamment par quelqu’un. Je le traite dans ce sens-là.

    Le salaire est, une fois de plus, de l’ordre du privé. Cela vient du fait que l’on veut cacher sa pauvreté relative par rapport aux autres. Encore une fois, ce malaise autour de l’argent provient tout simplement du regard et du jugement des autres. Les individus se rassemblent selon leur niveau économique, c’est irréfutable, alors pourquoi cacher son niveau de richesse? Les pauvres veulent ressembler aux riches, les riches veulent se faire passer pour des pauvres.

  • PORTRAIT D’UNE FEMME

    PORTRAIT D’UNE FEMME

    PORTRAIT D’UNE FEMME

    De tes yeux bleus que tu dévoiles élégamment

    De ta bouche rosée qui laisse apparaître de belles dents blanches

    De tes fines oreilles discrètes que des mèches de cheveux ensorcellement

    De ton nez oblique et droit à la fois

    De ton menton cassé qui lu donne un charme suave

    De ton front fier qui marque ta détermination

    De ce portrait que je compose,

    Je dis :

    Appréciez chaque visage de cette femme et n’oubliez pas de lui parler de ses yeux qui vous regardent de leur azur et vous enveloppent dans des paysages intimes, des explorations intérieures, des voyages lointains, et gagnent peu à peu le seul combat qui vaille : son amitié.

    Stéphane ESTEDEST – vers 1995

  • Une histoire de corsaire 🏴‍☠️

    Une histoire de corsaire 🏴‍☠️

    Lorsque tombe la nuit je fais sauter la digue
    D’une fervente nymphe au doux parfum de figue
    Je n’ai pour seule foi que le frisson de l’âme
    Les caresses d’été, l’arôme des cépages.

    Les toges bien souvent sont des draps de tartuffes
    Ces proclamés sachants sont en fait des baudruches
    Votre coeur est plus pur, cultivez votre flair
    Pour qu’enfin jamais plus, on vous dise quoi faire.

    La morale et la loi ne sont qu’une chimère
    Vous êtes l’horizon, le mât et le corsaire.

  • Je badine

    Délicat comme la plus jolie des pétales,

    Sensible comme le bruissement du vent,

    Aérien, délicieux,

    Badinage et éloquence,

    Comme entremêlé,

    Immodéré, perméable,

    Conjointement, sempiternellement,

    IRREMEDIABLEMENT.

  • Le saule pleureur

    Le saule pleureur

    Des silhouettes des passants étaient floues. La brume envahit l’ancien parc situé au centre de la cité ancienne. Les crépuscules ajoutaient à l’atmosphère brumeuse de l’énigme et de l’imprévu. Un couple des adultes qui faisaient la promenade quotidienne sans faire attention aux caprices du temps, se serra l’un contre l’autre. Ils se sentirent menacés malgré la bravade du mari qui voulant encourager sa femme se mit à lui raconter une anecdote historique dans le style mockumentary. Il lui caressa la main, embrassa sur la joue et se lança dans la narration en la faisant asseoir sur un banc. L’endroit fut choisi avec maestria. Un saule pleureur se penchait sur le banc, cachant le couple des regards indiscrets.

    –   Voilà ! Je vais te raconter une histoire véridique d’un noble allemand qui sauva par son esprit, sa ruse, son courage une jeune fille qu’il aimait ardemment.

    La femme sourit, regarda les yeux étincelants de son compagnon, écouta le vent siffler et soulever les branches de l’arbre qui semblait danser sur le motif de la chanson du vent.

    –   Mais oui, ma chère ! Imagine-toi que le mec, qui était pauvre, bien qu’il était noble mais cela n’empêche d’être pauvre, tomba amoureux d’une fille du seigneur de la principauté. Elle était belle et tout…

    La femme l’interrompit :

    –   D’accord. Tu as dit « belle ». Entendons-nous. Quand tu dis belle, c’est quoi ? Elle était brune, blonde, rousse, avec des yeux bleus, noirs, marrons. Mince ou avec des rondeurs. C’est un bon moment d’apprendre ton idéal féminin.  Je te connais depuis vingt ans, elle soupira, mais jamais je ne pourrai pas savoir tes idées dans cette matière.

    –   Arrête, tu as toujours des soupçons, des reproches. Bien, elle te ressemblait beaucoup : brune, yeux marrons, coupe de garçon.

    –   Tu te moques de moi. Tu avais dit tout à l’heure que c’était une princesse allemande. J’espère que tu connais bien l’apparence modèle de la princesse allemande : blonde, cheveux longs dans le dos ou plutôt des tresses jusqu’à la taille, yeux bleu marin très clairs, teint rose, assez corpulente et svelte en même temps. C’est ça ton idéal, que tu cachais toute notre vie de couple ?

    –   D’accord, fit le mari, en relevant le défi provocateur.

    –   Toi aussi, de ton côté tu pourrais imaginer le vaillant chevalier. Surtout ne dis pas qu’il me ressemble.

    Ses dernières paroles furent couvertes par un bruit épouvantable du tourbillon qui enleva le banc avec le couple toujours protégé par le saule et le transporta dans le parc du château médiéval. Le couple transi de terreur se taisait ne sachant que faire. Ils ont entendu le bruit des sabots de plusieurs chevaux. L’homme fut assez courageux pour écarter un peu une branche et jeter un coup d’œil dehors.  Une petite troupe de guerriers passait devant eux. Un gros bonhomme en habit carmin tenant une hache dans la main et la bride du cheval dans une autre était à la tête du groupe. Tous se taisaient mais la vue de ces soldats couverts de boue, avec des visages sombres sans moindre sourire, qui s’avançaient vaillamment, faisait peur. La femme se serra encore plus contre l’homme, elle n’osait rien dire. L’homme ne respirait presque pas. Les mottes de la boue soulevées par des sabots des chevaux partaient dans tous les sens et éclaboussaient les gens et tout autour. Enfin ils s’éloignèrent et la femme émit un sanglot. L’homme lui caressa ses cheveux courts en bataille après le voyage précipité. Il chuchota à l’oreille de la femme comme si quelqu’un pourrait les entendre.

    –   Je vais partir en éclaireur. Tu restes ici. Ne bouge pas.

    La femme le regarda avec adoration oubliée depuis longtemps.

    –   Sois prudent, je t’en prie.

    Il partit en trainant un peu les pieds. Cette aventure dangereuse ébranla l’homme. Il essayait rassurer sa femme en faisant semblant d’être très sûr de lui. Mais ce n’était que la bravade. Il suivait le sentier au milieu de la forêt comme sortie d’un conte fantastique. De vieux arbres noueux couverts de mousses et de lichens tendaient leurs branches dans une intention bien évidente d’attraper des voyageurs imprudents. L’homme cachait le visage et faisait tout pour éviter les attaques des arbres sauvages. Enfin il sortit sur une clairière et vit ce qui était tout à fait prévisible : un château médiéval, entouré des douves pleines d’eau sale. Le pont levis est tombé devant son nez. Il monta sur le pont et le passa très vite. Il se demandait tout le temps, pourquoi il se conduit comme un imbécile ? Qu’est-ce qu’il cherche ?  Les gardiens pourraient le prendre et jeter dans un cachot, une oubliette si fréquente dans ce type d’habitat. Il mâchonnait ses réflexions mais rien à faire. L’homme avait l’impression d’être aspiré par le courant d’air qui le poussait sans qu’il puisse résister. Un dragon apparu devant lui fut terrible, les flammes sortaient de ses trois gueules. Il faillit brûler le pauvre homme, mais au dernier moment se ravisa, sourit gentiment et demanda :

    –   Cher Monsieur, il est imprudent d’approcher un habitat seigneurial sans invitation. Vous ne ressemblez pas à un bouffon, je juge d’après votre accoutrement.. Vous êtes plutôt habillé comme un citadin, avide des faveurs des femmes.

    –   Vous m’excuserez, cher Dragon. C’est pour la première fois que je cause comme ça en toute confiance avec un dragon. Il se peut que mes idées ne soient pas très claires.  J’y suis tombé comme par enchantement.

    –    Vous êtes arrivé à temps. Aujourd’hui notre prince Ferdinand le Borgne fête son mariage. Sa fiancée, la plus belle fille de la principauté, Brunhilde la Grande, donna enfin son accord et le festin doit avoir lieu ce soir.

    –   Ah ! Si je pouvais assister à cette fête ! Ce serait vraiment un moment inoubliable ! Je pourrais raconter après à ma femme tout ce que j’ai vu !

    –   Votre femme ? , le dragon sembla intrigué, où est votre femme ? Est-ce que vous pouvez me présenter à votre femme ?

    L’homme se figea. Il était très fâché d’avoir évoqué sa femme. Et encore il fut très surpris par la réaction du grand Dragon. Est-ce qu’il méditait quelque dessein à l’intention de lui et de sa femme. Peut-être il avait simplement faim. Il pouvait faire une bouchée de lui et de sa femme.

    –   Vous pensez que j’ai faim et je voudrais me régaler en avalant pour dessert de la chair tendre d’une femme ? Rassurez-vous. Je ne suis pas carnivore.  Je suis végétarien et encore je préfère des herbes fines spéciales. On cultive ces herbes dans le potager du château. On m’avait engagé en tant que gardien traditionnel, parce que j’ai l’apparence qui correspond très bien à ma fonction. Mais en fait, je suis très tendre et sensible.

    L’homme ne savait ce qu’il fallait penser de cette bête insolite. Jamais il n’avait pas eu l’occasion de rencontrer des dragons et naturellement il avait des doutes. Pouvait-on se fier aux dires des dragons même sympathiques? D’ailleurs, l’homme n’avait aucun choix. Qu’il soit carnivore ou herbivore, aucune différence. Le dragon est d’abord très grand et très fort. Alors il s’adressa poliment à son interlocuteur redoutable :

    –   Monsieur, vous préférez que je vous appelle Monsieur ou bien…, l’homme hésita

    –   Ah, comme vous êtes malin ! Mais bien sûr ! Je suis Monsieur Dragon Junior. Mes parents m’appelaient Drago avec l’accent sur la dernière syllabe, à la française. Moi, vous voyez, je m’ennuie énormément dans cette principauté prussienne, avec mon éducation et mes manières ! Tenir le rôle d’un gardien rustre, je suis tellement triste, tellement triste… Alors vous comprenez mon désir de rencontrer des personnes aimables.

    –   Mais vous avez l’avantage de côtoyer des princes, des princesses !

    –   Ah, mon cher, si vous voyez ces gens-là vous perdrez toutes vos illusions. Ils sont, ils sont…

    Le dragon volubile n’eut pas de chance de finir sa phrase. Un groupe de chevaliers tous armés de piques, de haches et de mousquets apparurent devant le pont. Leurs chevaux piaffaient, les gens avaient l’air martial et ne ressemblaient aucunement à des invités heureux de participer au mariage du prince. Le pont n’était pas levé ; le dragon oublia de le faire, absorbé par l’entretien avec l’étranger. Quand la bête aperçut les chevaliers, elle dressa toutes ses trois têtes, sa queue commença à battre la mesure. Au fur et à mesure que les chevaliers approchaient, l’apparence du dragon changeait. En un instant il devint un monstre dont les trois gueules jetaient des flammes capables de brûler tout ce qui bougeait. L’homme épouvanté se cacha derrière le portail massif. Les chevaliers avançaient se protégeant avec des boucliers mais aucune force ne pourrait faire face à l’horrible courroux du Dragon Junior. Finalement les guerriers durent se retirer. Quand le danger passa, le Dragon se retourna pour continuer la causette, interrompu si brusquement, mais ne trouva personne, son aimable interlocuteur disparut. L’homme profita de la venue inattendue des chevaliers pour entrer dans le château. Il suivait le dédale de couloirs froids, mal éclairés et malodorants et trouva enfin une porte. Quand il entra dans la pièce, il tomba sur une fille qui pleurait comme une Madeleine, pleurait, pleurait. Les sanglots secouaient son grand corps de géante blonde. Les tresses de cheveux blonds aussi épaisses que des troncs de grands arbres pendaient jusqu’au sol. La peau très blanche parsemée de tâches de sons semblait éclairer la pièce sombre.  Quand elle vit enfin le visiteur, elle avala le dernier sanglot et leva sur lui ses yeux bleu ciel d’après la pluie. Un peu délavés. Elle le dévisageait tranquillement avec intérêt comme un naturaliste qui rencontre une espèce rare de mouche. L’homme bougea et dit :

    –   Chère enfant, pourquoi pleurez-vous ?

    –   C’est évident ! s’écria- t- elle indignée, – je ne veux pas épouser ce nain de prince ! Il se nomme prince Ferdinand le Borgne ! Oh ! Si vous l’avez vu ce prince ! Il est haut comme trois pommes, il lui manque l’œil gauche et il veut m’épouser. Pourquoi faire ? Je vous demande !

    –   Mais il vous aime, – je ne me doute pas ! Une belle fille comme vous !, – l’homme soupira, monta les yeux au ciel, – on ne peut ne pas vous aimer, voyons !

    La fille regarda l’homme avec plus d’intérêt. Elle fut surprise par tant de déférence, elle n’en avait pas habitude. Un sourire heureux apparut sur les lèvres vermeilles de la fille. Elle le fixa et dit :

    –   Evidemment vous êtes étranger. Ça se voit tout de suite. D’abord vos habits, disons un peu étranges et puis vous êtes si aimable et vous n’êtes pas au courant que je suis la fille la plus riche de la contrée ! Mon père sieur Archibald est un homme redoutable, un grand seigneur, un vaillant guerrier ! Et en outre il est un homme richissime et moi je suis sa seule héritière. Et encore je suis orpheline de mère. Alors…

    –   Pauvre enfant !   Si vous êtes si riche et belle à la fois pourquoi ne pas lancer le défi aux princes du monde entier ! Choisir parmi les plus beaux et les plus intelligents jeunes hommes de la terre ! On pourrait faire des tournois pour acquérir votre cœur et la dot avec. Vous auriez un énorme choix !

    –   Exact ! Ce qu’on avait déjà fait ! C’est lui, Ferdinand le Borgne qui gagna le tournoi ! Pas lui en personne, il engagea à ses frais un jeune homme, beau comme le soleil, hardi comme le lion !

    La jeune fille recommença à pleurer en imaginant ce prince charmant qui ne pourrait être son mari, puisque ‘il était à la solde de Ferdinand le Borgne.

    –   Vous voyez ma chère enfant, heu… comment vous appelez vous ?

    –   Brunhilde, le prénom tout à fait banal.

    –   Vous trouvez ? Je m’en doute un peu mais laissons. Je voudrais vous félicitez, parce que vous avez déjà à moitié résolu le problème.

    –   C’est comment ? la fille leva les yeux vers l’homme le scrutant d’un air méfiant.

    –   Mais voyons ! s’exclama-t-il – Vous connaissez déjà la personne que vous voudriez épouser ! n’est-ce pas ?

    –   Mais si, naturellement. Mais lui n’en sais rien et puis il est le sujet de Ferdinand le Borgne.

    –   C’est très bien ! il est beaucoup plus facile de le retrouver, puisqu’il est confident de son seigneur.

    –   Mais oui, il doit assister aux noces cette nuit. Après avoir fait cet aveu, Brunhilde recommença à pleurer de plus belle.

    Quelqu’un frappa à la porte, les interlocuteurs se turent ne sachant que faire. Brunhilde se ressaisit la première. Elle lui montra un paravent qui divisait sa chambre en deux. L’homme se cacha derrière le paravent et se blottit sous un couvre –lit en velours. Il entendit la voix nasillarde d’une femme, qui était évidemment une servante. L’homme ne pouvait distinguer ce qu’elles se dirent mais il entendit la porte claquer et osa sortir de son abri. Brunhilde était très occupée. Elle examinait minutieusement une belle robe pourpre, richement décorée posée sur son lit.  Elle touchait le tissu, le caressait de ses mains délicates. Enfin elle souleva la robe et s’approcha d’un grand miroir métallique qui se dressait dans le coin. Elle fut très satisfaite en approchant la robe de son visage qui fut éclairé comme par miracle. Brunhilde était splendide dans cette robe. L’homme fut étonné en voyant comment cette femme qui était tout à l’heure très souffrante, rayonnait actuellement.

    –   Vous êtes de bonne humeur, mon enfant ! Votre visage ressemble au soleil après la pluie, éclatant, avec ce reflet vermeil si beau.

    –   Ah, cher monsieur, j’ai oublié pour un moment mon sort terrible. Cette robe si belle m’avait distraite de mes tristesses.

    –   Est-ce que vous êtes toujours résolue à ne pas vous soumettre à la volonté de votre honorable père, sieur Archibald ?

    –   Mais oui, pourquoi me poser cette question ? Voulez-vous me proposer un acte malhonnête ? Vous ne connaissez pas Brunhilde. Elle est toujours fière et honnête !

    La fille commença à parler d’elle à la troisième personne. C’était un mauvais signe, l’homme le savait bien.

    –   Mais non ! Voyons ! A une fille aussi honorable est-ce que je pourrais proposer autre chose qu’une solution digne de la princesse prussienne !

    Brunhilde sourit et redevint une fille aimable, prête à écouter le conseil précieux d’un homme adulte.

    –   Ecouter ma chère enfant. Le jeune homme digne de votre amour devrait être présent à vos noces, n’est-pas ?

    –   Si. Mais cela ne change rien. Il n’ose même pas lever les yeux vers moi. Il est tellement timide ! Il se battait comme un lion, c’est vrai. Mais de là à me regarder en face ou bien oser une parole…. Jamais !

    –   On pourrait le provoquer. Par exemple, vous mettre en danger, – l’homme resta songeur un moment

    La fille écarquilla les yeux, engloutit. Hésita entre l’indignation et la curiosité, finalement la curiosité l’emporta.

    –   Si mon père vous entendait ! Vous risqueriez votre tête !

    –   Ah bon !

    L’homme oublia complètement le cadre médiéval des évènements. Le dragon lui-même avait l’air d’un personnage des bandes dessinés et cette fille ressemblait beaucoup à celle évoquée par sa femme comme modèle de la princesse prussienne. Néanmoins ce n’était pas de la fiction, c’était la réalité ! « On dit souvent qu’il faut faire la différence entre la réalité et les racontars des écrivailleurs. Hélas, quelquefois c’est tellement véridique qu’on commence à se poser des questions ! » Cette aventure devenait de plus en plus dangereuse et il fallait, coûte que coûte, trouver une issue.

    Brunhilde fixait l’homme comme si elle voulait pénétrer ces pensées secrètes. Soudain comme saisie d’une volonté suprême elle s’écria :

    –   Je suis d’accord ! Je connais même le moyen de parvenir à mes fins et de vous sauver la vie.

    Brunhilde avait une intelligence et courage. Les propos de l’homme l’enflammèrent. Elle eut le plan d’action tout prêt. Comment une fille élevée dans les conditions les plus sévères, pourrait avoir des idées aussi extravagantes ? C’était une énigme, pourtant pas très compliquée. Entourée toujours par des femmes qui la servaient et surveillaient en même temps, la jeune fille élabora un code de conduite qui pourrait servir d’exemple à des filles aspirant à la liberté. Elle savait employer mille ruses pour arriver à ses fins. Ces servantes n’étaient pas dupes de ses malices, mais elles se laissaient faire, admirant en cachette cette volonté de femme, qui leur était interdite. Brunhilde n’hésitait plus. Elle était prête à saisir l’occasion.

    –   Vous devez vous fiez à moi. Je vous demande seulement une chose : emmenez le dragon vers le minuit dans la salle de festin. Je sais déjà par mes espions que vous êtes presque amis. Je vous en félicite. Parce que ce dragon est d’un caractère exécrable ! Vous ne le connaissez pas bien. Tant mieux. Venez à minuit pile, ni plus tôt ni plus tard ! C’est très important. Et encore … Soyez prudent et ne vous étonnez pas quoi que vous entendiez et vous voyiez ! Et maintenant partez ! Cachez- vous !  Il y a à côté de ma chambre une oubliette, mais je vous déconseille d’y pénétrer. On ne pourra pas vous en sortir. Par contre, une de mes servantes vous conduira dans un lieu  sûr. N’ayez pas peur. Elle est ma confidente.

    L’homme resta muet un moment. Il ne s’attendait pas à tant de malice et de présence d’esprit. Franchement, il ne savait que dire. Enfin il arriva à prononcer quelques paroles.

    –   Oui, pourquoi pas ? Je suis prêt à vous servir, ma belle princesse !

    Brunhilde sourit, éblouie par tant délicatesse. Elle sortit et revint presque tout de suite accompagnée d’une femme sympathique d’un certain âge.  Brunhilde avait une confiance totale en cette femme qui la servait depuis sa naissance. Elle lui était très dévouée. Après de courtes conciliabules le plan était prêt. La chance devrait être de leur côté, pour une simple raison : « Ce que femme veut Dieu le veut. »

    L’homme suivit Anna, la confidente de Brunhilde qui le conduisit dans un débarras pour des anciens meubles.

    Le temps s’écoula vite. Brunhilde, aidée par sa confidente mit sa robe merveilleuse qui révélait sa beauté. Elle était splendide ! Quand elle entra dans la salle entourée de ses dames, tous les hommes présents n’eurent yeux que pour elle. Son futur époux Ferdinand le Borgne s’approcha d’elle. Il était de petite taille et n’arrivait qu’à l’épaule de la belle Brunhilde. Il la prit par la main et conduit vers deux sièges mis sur une élévation. La salle était ornée des blasons de deux familles nobles. La suite de prince excellait en chevaliers de différents âges et condition. Un jeune homme très beau, bien fait avec un air mélancolique se tenait à côté du prince et regardait ailleurs. Un observateur étranger pourrait le repérer sans aucune difficulté comme la personne la plus douée et intelligente de cette assemblée. C’était ce célèbre chevalier Gaston le Vaillant qui avait remporté le tournoi pour son seigneur Ferdinand le Borgne. Le festin commença. Les plats les plus exquis arrivèrent, le vin coula à flots. Le père de Brunhilde, sieur Archibald fut content, il se crut assez malin d’unir les deux les plus nobles familles de la contrée. Brunhilde semblait tranquille, apaisée, une fille docile, soumise à la volonté de son père. La fête battait son plein, les voix s’élevèrent, les yeux brillèrent. Arrivèrent des musiciens qui ajoutèrent au vacarme qui envahit la salle. D’un coup comme par un enchantement on entendit sonner l’horloge sur la tour du château. Douze coups retentirent. Brunhilde se leva de son siège s’approcha d’Anna et fit signe pour inviter ses dames à la danse. Un rond se forma autour de la fiancée. La musique devint lente et mélodieuse. A ce moment les deux battants de la grande porte de la salle s’ouvrirent avec fracas et le grand Dragon Junior fit son entrée solennelle dans la salle. L’homme était assis sur le dragon entre les protrusions de son cou.  L’assistance sembla frappée d’un coup fatal. Tout le monde se posait une question : qui était ce personnage qui eut du toupet d’enfourcher le Dragon ? Et quelles étaient ses intentions ? Le dénouement vint vite. Le Dragon cria d’une voix tonitruante :

    –   Restez sur vos places ! Ne bougez pas ! Si quelqu’un bouge je vais le réduire en cendre ! Ecoutez moi ! Brunhilde, Gaston le Vaillant doivent s’approcher de moi ! Les autres prennent leurs places.

    Tous les invités se tournèrent vers la belle fiancée et Gaston le Vaillant, dont la main se serra sur la poignée de son sabre. Brunhilde s’adressa d’une voix claire à tous les invités :

    –   Je suis prête à me sacrifier ! Je craignais toujours ce terrible Dragon mais ni mon père ni autres nobles seigneurs ne me croyaient pas !

    Elle s’avança dans la direction du dragon, Gaston la suivit prestement. Ferdinand le Borgne ne bougeait pas ainsi que tous les autres. L’homme sur le dragon ne prononça pas un seul mot. Il fit place au couple qui s’assit derrière l’homme. Jamais on ne pourrait imaginer qu’il soit possible d’utiliser l’horrible dragon en tant qu’un moyen de transport. Et pourtant…Le Dragon prit goût à ce jeu assez dangereux. Il fixa l’assistance d’un œil étincelant et ajouta presque amicalement :

    –   Soyez sages, mes grands ! Je vous promets de rester loyal à votre égard.

    Drago Junior ouvrit la gueule pour que l’assistance puisse admirer ses dents pointues longues et aiguisées comme des dagues. La belle Brunhilde presque évanouie se pencha vers le chevalier et lui chuchota quelques mots. Drago ne perdit pas de temps et s’empressa vers la sortie. L’assistance fut si terrifiée, que personne ne bougea. Ferdinand le Borgne perdit tout son aplomb et sanglotait comme un petit enfant. Le premier qui fit preuve de présence d’esprit fut le père de Brunhilde, sieur Archibald, il s’écria d’une voix de tonnerre :

    –   Ceux parmi vous, qui n’ont pas oublié qu’ils sont de vrais hommes, suivez-moi !

    A ce moment décisif un évènement extraordinaire se produisit. D’un coup on entendit un bruit sourd dont l’étendue et la force grandissait d’un moment à l’autre. D’abord tout le monde pensa que le Dragon Junior revient pour exécuter ses terribles menaces mais après une certaine confusion on sentit les secousses, et le sol sous leurs pieds commença à danser. Un seul cri sortit des bouches des gens malheureux réunis dans la salle de festin : « Tremblement de terre ! C’est le courroux de Dieu ! ». La panique emporta la foule ainsi qu’un torrent violent détruisant tous les entraves. Les hommes et les femmes effarés se précipitèrent dans la cour du château. Le pont -levis s’écroula sous la masse des chevaliers fuyants le danger. Ferdinand le Borgne était le premier dans l’eau de douves avec son cheval. Il criait si fort que son cheval essaya de se débarrasser du chevalier encombrant. Le cheval parvint à le faire et l’homme qui était si chanceux il y a une heure devint l’un des plus misérables. Il s’accrocha à la queue du cheval de son écuyer et la tenait de toutes ses forces, comprenant que sa vie dépend de sa poigne. Le destin faisait son tri. Il y avait ceux qui réussirent à sortir de cette apocalypse, il y avait d’autres engloutis par les éléments. Ferdinand le Borgne se sauva comme par miracle. Le tremblement de terre s’arrêta comme par enchantement. Le Dragon Junior transportant trois protagonistes-  Brunhilde, Gaston le Vaillant et notre homme courageux atterrit juste sous le saule pleureur. Pour Drago, Brunhilde et Gaston c’était une escale. Ils voudraient continuer leur voyage. Pour l’homme c’était différent.  Sa femme qui en attendant son homme s’endormit, se réveilla. Elle s’étonna, ce qui fut tout à fait naturel ! On ne rencontre bien souvent le vrai Dragon en compagnie de la princesse prussienne et son fiancé ! Ils bavardèrent, donnèrent des promesses de se voir de temps en temps, et se séparèrent comme de vrai amis. Drago, Brunhilde et Gaston s’envolèrent vers la France. Tous les trois avaient cette envie ardente de voyager à travers ce beau pays où vivent les gens courtois et joyeux.

    La femme se tourna vers l’homme, le fixa et dit d’une voix tendre

    –   Jamais je ne pourrais imaginer que tu sois capable se lier d’amitié avec le Dragon, princesse prussienne et Chevalier vaillant ! Jamais !

    –   Oh, ma chérie ! Tu oublies une chose : nous avons vécu ensemble vingt ans ! Vingt ans !

    –   Tu veux dire que notre vie en couple t’avais appris à communiquer avec tout ce monde ?

    –   Je ne dis pas avec tout le monde, mais avec Drago et princesse, c’est sûr !

    La femme sourit

    –   Tu dois me remercier, mon cher. Sinon tu serais perdu dans une des oubliettes de ce château médiéval.

    Le couple se regarda et s’embrassa avec passion tout comme Brunhilde et son jeune Chevalier vaillant.

  • La Rencontre – Chapitre 4

    La Rencontre – Chapitre 4

    Il passe donc me prendre vers les 19h et emprunte des chemins campagnards et désertiques.

    Nous arrivons à destination : Faramans. Un lieu isolé. La ferme de Marco, grande et somptueuse, est entourée d’un immense terrain au fond duquel se dresse une luxuriante forêt. Il parque le coche dans la grange. Je m’apprête à descendre mais il me stoppe.

    – Attends.

    Il contourne le véhicule, ouvre la portière et m’invite dans son antre.

    – Tu vis vraiment éloigné de tout.

    – J’aime etj’ai besoin de la tranquillité.

    A l’intérieur tout est magistral. J’ai l’impression de traverser les frontières du passé et de pénétrer dans un château médiéval. D’innombrables tapisseries représentant des scènes des siècles anciens ornent les murs. Le mobilier, royal, date environ du XVIè siècle.

    – C’est ravissant. Comment… ?

    – Comment puis-je m’offrir tout ce luxe ?

    Je le regarde sans rien dire, charmée par son sourire.

    – Ce domaine, meublé, appartient à ma famille depuis des siècles.

    Tout en me fournissant quelques éclaircissements, il vient lentement vers moi et ôte mon manteau. Son souffle sur ma nuque… J’en frissonne et j’ai peur.

    – Aujourd’hui, j’ai hérité de tout cela. Suis-moi

    Il m’entraîne au salon. Une immense salle de banquet, aux murs fleuris de tableaux peints par des maîtres de la Renaissance florentine du XVè siècle, tels Donatello, Masaccio, Brunelleschi ou Alberti. Le plafond est garni de peintures vénitiennes dominé par un colossal lustre de cristal. Au milieu de la pièce, repose une majestueuse table seigneuriale, encadrée de sièges princiers de velours rouge. Des dizaines de bougies, posées sur des chandeliers d’argent, plongent cette salle, issue d’une époque révolue, dans une atmosphère romanesque et intimiste. J’avance sur un sol de marbre crème, illusoire et resplendissant de beauté. Je me sens comme une petite fille projetée dans un conte de fée. J’ai l’étrange sentiment d’être entrée dans un lieu à la fois chimérique et passionnel.

    Le dîner se déroule dans une ambiance conviviale, baignée par une douce musique en fond sonore provenant d’un gramophone qui berce mes tympans et apaise mon esprit. Nous parlons de tout. Mais comme à son habitude, Marco se ferme dès que j’essaie d’aborder des sujets le concernant. C’est un homme insaisissable. Il est de ces princes charmants qui ne vivent que dans l’imaginaire des jeunes filles. Semblable à un être qui appartiendrait à un autre temps, qui aurait traversé des siècles et vécu de multiples expériences. Il s’exprime de façon attrayante et ses gestes incarnent une galanterie qui a tendance à se perdre de nos jours. Cela me plaît et me séduit. Je me trouve face à un homme qui n’existait que dans mes fantasmes mais que je savais avoir toujours connu. J’ai le sentiment de recouvrer un passé oublié, inondé d’une intense passion que j’aurais éprouvée.

    Vers la fin du repas, Marco se lève et me tend la main. Il m’invite à danser. J’hésite un bref instant avant de répondre à sa demande. Au contact de ses doigts, une agréable sensation de fraîcheur m’envahit aussitôt, chassant toute l’angoisse qui subsistait en moi. Je deviens plus légère que l’air, me déplace avec agilité et finesse. Il est mes ailes et moi son corps. Il guide mes pas dans leurs progressions souples et chantantes. Je suis l’instrument de son ballet.

    Je me blottis contre lui. A la manière d’un enfant en quête de chaleur maternelle. L’effervescence de sa présence m’enivre. Plus rien aux alentours n’existe pour moi. Il n’y a que Marco et sa danse amoureuse. Il m’appelle, me cherche et me trouve. Les mouvements langoureux accouplent nos corps dans des postures érotiques et sensuelles. Ma chair frémit, se délecte d’un plaisir délicieux et atteint le comble de la félicité.

    Le délice s’écoule en moi, me rend ivre comme si j’avais abusé d’un liquide alcoolisé. Sous l’emprise de ce ravissement, la tête tourne, tourne et tourne ; me donne l’impression d’être sur un manège lancé à pleine vitesse dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.

    Le temps écoulé me rattrape. Je me vois, vêtue d’une belle robe fuchsia de la bourgeoisie du XVè siècle, danser dans cette même pièce, sur cette douce musique aux bras de Marco dans son habit princier rouge sang. De nombreux invités dont je ne distingue le visage nous entourent. Je ne sais plus si l’illusion se mélange à la réalité ou si, sous l’influence de cette extase, je donne corps à mes fantasmes.

    Pour la première fois, depuis le rituel amoureux, Marco relève son visage et se noie dans mon regard. Je le sens vibrer dans mon âme.

    – Cela fait tellement longtemps que je… n’ai… pas…

    – Chut. Me dit-il tout en posant tendrement son index sur mes lèvres.

    Sans un mot, il se penche et essuie mes larmes de ses baisés. Ses lèvres se joignent aux miennes. Le goût moelleux de miel se propage en moi comme un puissant jet de plaisir. Ce saisissement délectable fait naître au creux de mes reins de fins picotements de chaleur.

    A l’instant même où il s’éloigne, un léger trouble me gagne. J’éprouve une désagréable sensation de manque, similaire à une aspiration qui aurait arraché une partie de mon âme.

    Tout en douceur, de peur de briser une poupée de verre, enfermé dans son silence, Marco me déshabille tendrement. Je n’émets aucune résistance. Mon corps libéré de ses vêtements de plomb, respire pleinement la fraîcheur de l’air qui vient le frôler.

    Marco me caresse de ses yeux de cristal. Ces attouchements invisibles m’effleurent.

    Je voudrais qu’il m’aime. Je voudrais lui appartenir pleinement ; disparaître dans l’effervescence de ses désirs. Et lorsqu’il me prend dans ses bras et me dépose sur un lit de coton, je me sens transporter dans un tourbillon de délices. Il s’allonge sur moi et commence à m’embrasser de ses lèvres tièdes et onctueuses. Le contact tendre de sa bouche sur ma peau, libère en moi mes premiers gémissements d’un plaisir trop longtemps enfermé et dont j’avais oublié la sensation. Je suis animée par une forte envie de me laisser entraîner dans l’étreinte de sa joute amoureuse jusqu’au point de non-retour.

    Lorsque je lui ouvre les portes de mon temple, il y pénètre délicatement. Je me laisse dés lors submergée par une passion dévorante.

    Nous fusionnons comme deux amants séparés depuis des lustres que le temps a enfin réunis.

    Et soudain, au milieu de mes gémissements, je pousse un petit cri de douleur. Une douleur provoquée par une violente morsure à la base de mon cou. Une douleur qui me transporte aussitôt dans une extase infinie, incommensurable, insaisissable.

    La nature se déchaîne. La tempête se lève, la mer se soulève, une puissante bourrasque m’immerge tout d’un coup. Je tourne et tourne, soumise à des vertiges prodigieux. Je plonge dans les abîmes d’une jouissance merveilleuse.

    Puis, tout devient calme. Nos corps rassasiés se reposent l’un sur l’autre. Dans le silence de la chambre, seules résonnent nos respirations encore accélérées par la joute amoureuse.

    Lentement, Marco se redresse et dévoile un visage aux lèvres maculées de sang. Je suis surprise mais non apeurée. Sans qu’il me le demande, je m’approche et embrasse le fluide rouge et succulent. Aussitôt, des centaines de piqûres injectent un liquide suave et délicieux. Une sensation enfouie dans les limbes de ma mémoire qui se libère d’un coup. Je me sens renaître.

    – Ho Marco, Je suis tienne à jamais.

    – Ma douce, Maeva, je t’ai longtemps cherchée. J’espérais te trouver au fil des siècles de ma triste existence. Mais je n’ai rencontré qu’inconnues et victimes. Seul, si seul je me suis senti tout au fond de mon cœur.

    Il m’embrasse avec tendresse. Et, dans la nuit naissante, au milieu des rayons argentés de la lune montante filtrant à travers les fenêtres, nous sombrons encore et encore dans une passion que nul être humain n’a jamais connue.

     

  • Ta mère la nébuleuse

    Garçon !

    Un grand cosmos crème et un croissant.

    Bien sombre, bien mousseux et bien chaud.

    Je vais y tremper des fragments de Lune.

    Repousser les dunes d’antimatière,

    En enroulant le néant à la cuillère.

     

    Je vais creuser des trous de verre.

    Puis les recouvrir de miettes ;

    Pour faire un piège spatiotemporel

    Et capturer la trotteuse entre deux soupirs.

     

    Un voile laiteux d’hydrogène s’élève.

    S Infusant à l’hélium au creux de la céramique.

    Mes doigts jaunis par le tabac,

    Balayent d’un geste addict,le soufre des allumeuses.

     

    La flamme se déploie jusqu’à mes lèvres.

     

    Épopée d’une petite brindille condamnée.

    À allumer des cigarettes, des cierges ou des forêts.

    Mais l’étincelle est ambitieuse ,

    Elle ne sera jamais flammes au foyer, ou flamme de ménage.

    Elle s’imagine flamme fatale ou olympique

     

    Originale,originelle

    Allumeuse de gaz primitifs

    Dans un soupir silencieux et fractal

    Enfante la noirceur avec son souffle blanc

    Les lueurs bruyantes,

    Chassent le silence.

    Emportant sans retenue, des reliquats de croissants.

    Des atomes de carbone et des grains de sucre roux.

     

    Au cœur d’une spirale noire, d’un abîme insondable

    Une miette beurrée, emportée par la foule,

    Se précipite de tout son gras,

    Contre une coulure de calcium

    De cette union sans traits.

    Naquit le silicium.

    Il coagule les miettes en croûte terrestre,

    Dans mon café en expansion.

    L’infini se heurte et boit la tasse.

    Les éléments s’accouplent en sphères rocheuses,

    Toupies de matière sur des axes invisibles.

    Tournant en cercle autour d’un astre.

    Révolution perpétuelle rythmée par 4 saisons..

     

    Fantasme prémonitoire d’une rencontre fortuite,

    Entre Andromède et Voie lactée.

    Un homme laxiste tout juste visible,

    Quand nos yeux se dénudent.

     

    Aveuglé par l’amour en tourbillons,

    Il parade en spirale.

    Tel un migrateur hors saison.

     

    Il distille des métaux lourds,

    Dans la forge de son œil noir.

     

    Cyclone cyclope en mouvement,.

    En quête d’ardeur et de collisions.

     

    Le pêcheur se laisse séduire par les sirènes.

    Pour échapper à leur charme envoûtant,

    Il noie sa raison dans un grand verre de lait.

     

    Andromède fend l’espace à 430 000 km/h,

     

    Il traverse les bosons noirs et l’ère de Planck.

    En laissant dans son sillage;

    La silhouette éthérée d’une diva en agonie.

     

    Supernova face à son public.

     

    Qui, à la fin de sa dernière scène , convulse.

    Le blaste de l’explosion en guise d’adieu

    Une année-lumière de silence cosmique.

     

    Les étoiles orphelines,

    Pleurent des météores salés.

    Elles s’écoulent et se dispersent.

    Elles dessinent dans l’atmosphère,

    Des cicatrices aériennes.

     

    Elles picorent les surfaces,

    Les vallées et les steppes.

     

    Elles éclaboussent le sol de cratères insolents,

    Qui serviront de stèles stellaires gigantesques.

    Pour que les étoiles puissent se cacher pour pleurer.

     

    Les étoiles ont aussi peur de la mort.

     

    Elles s’angoissent lorsque leurs éclats vacillent,

     

    Et que leurs bas-reliefs se fragmentent.

    Quand à court d’hydrogène,

    Leurs enveloppes  rougissent.et leurs noyaux s’éffondrent

     

    Nous sommes tous des étoiles apeurées,

    Fascinés par notre conception

     

    À la recherche de cette chaleur singulière,

     

    Rencontrée un matin à l’aube, au détour d’un nombril,

    Qui prend des airs de galaxie.

     

    Tous enfants de nébuleuses.

     

    Aimés comme des étoiles.

     

    Célestes comme des astres.

     

    Verdoyants et fertiles,

    L’amour maternel rayonne sur nos feuillages,

    En nous faisant grandir.

     

    Pour nous envelopper dans cette lumière

    Indispensable aux vivants.

    Elles nous tricotent au coin du feu,

    Des redingotes en laine d’étoiles .

     

    Aurélien SCALA

  • L’HEURE EST VENUE DE…

    Texte commençant par “L’heure était maintenant venue  de m’y mettre” en incorporant les mots suivants : Adrénaline – prouesse – échappée – faux départ – mental – collectif – hors jeu – champion – s’encorder – aller aux oranges.

    1 – version « sportive »

     

    L’heure était maintenant venue de m’y mettre .

    Je n’avais que trop tardé, obsédé par de fâcheux souvenirs. Rien que d’y penser, cela me produit une décharge d’ adrénaline . Alors que dans ce 100 mètres, j’étais à deux doigts, ou plutôt à deux enjambées, d’une prouesse , avec une belle échappée dès le départ. Soudain, les juges annulèrent la course en raison de mon faux départ . Repartir après cela est une épreuve en soit. Il faut avoir un mental d’acier.

    Peu après cette période de désarroi, j’ai renoncé à ce genre de sport qui pousse trop à l’exploiter et qui fait gonfler l’égo. J’ai privilégié des activités plus sociales où l’aspect collectif est essentiel tandis que l’individualisme y est hors-jeu . Pour réaliser des courses en montagne, il n’y a pas besoin d’être champion . Après avoir acquis l’endurance nécessaire, il suffit de s’encorder , de se caler sur le guide et de s’adapter au rythme du plus faible. Bien sûr, pour reprendre des forces pendant l’ascension, quelques arrêts sont indispensables pour, comme on dit sur les stades, aller aux oranges ou pour satisfaire d’autres besoins…

    2 – version ”souvenirs d’enfance”

     

    L’heure était maintenant lieu de m’y mettre … à ces sacrées et peu gratifiantes révisions pour passer les épreuves du bac.

    Par un curieux enchaînement d’idées relatives aux contraintes scolaires, cela me ramène à un fâcheux souvenir d’enfance. Rien que d’y penser, cela me produit une décharge d’ adrénaline . Cela se passait avec mon cousin Jean, en vacances pour quelques jours chez notre grand-mère en Provence. Pendant qu’elle faisait sa sieste, nous avions en vue quelque prouesse , se faire transporter dans une petite carriole tirée par sa biquette. Mais dès que celle-ci fut détachée, la voilà échappée de son enclos. Comme faux départ , on ne peut faire mieux ! C’est à grande peine et à bout de souffle que nous l’avons rattrapée.

    Puis en bons élèves, nous nous sommes attelés aux devoirs de vacances. Le calcul mental n’était pas mon fort alors Jean m’y entraînait. Le maître d’école était sévère. Au châtiment collectif qu’il infligeait généreusement aux élèves turbulents que nous étions, il ajoutait allègrement des punitions individuelles. Elles pleuraient après les dictées, problèmes et donc aussi calcul mental. Même, lors des cours de gymnastique, comme on disait alors, il sanctionnait sévèrement toute tricherie ou tout ce qui lui semblait hors-jeu . Il aurait voulu voir en chacun de nous des graines de champion .

    Après cette trêve dans nos gamineries, voici que Jean suggère que nous jouions à l’escalade. Dans le clos escarpé situé derrière le mas de grand-mère s’élève un bel oranger mais bien trop haut pour nous. Comme il poussait au pied d’un mur de pierre sèche, l’idée géniale était de s’encorder  afin de cueillir des fruits mûrs à point. Je passai dans le terrain supérieur, laissai pendre la corde près de l’arbre pour que Jean s’y attachât. Ce qui fut fait mais nous n’avions pas réfléchi au fait qu’il pesait beaucoup lourd plus que moi. Lorsqu’il s’est lancé à l’assaut du mur, il m’a déséquilibré et nous nous sommes retrouvés à terre avec plus de peur que de mal et pas mal de boss et pas d’oranges. Cette mésaventure nous conduit à chercher une façon plus sûre pour   aller aux oranges une autre fois.

  • Histoire Courte

    Histoire Courte

    HISTOIRE COURTE

    A chaque jour suffit sa peine

    Un pas en appelle un autre

    Chacun cherche sa reine

    Chaque jour en appelle un autre

    Stéphane ESTEDEST – vers 1991

  • La Rencontre – Chapitre 3

    La Rencontre – Chapitre 3

    Je me rapprochais de Marco un peu plus chaque jour. Lui dévoilais mes secrets jusqu’à l’intimité. Involontairement, les mots franchissaient le seuil de mes lèvres comme s’ils avaient été appelés pour aller se perdre en lui. J’étais semblable à un papillon de nuit qui, attiré par la lumière et sachant bien qu’il va se consumer, ne peut s’empêcher de s’en approcher. Je savais que si je continuais, j’allais me brûler les ailes.

    Au fil de nos rencontres, Marco me parlait peu de lui. Il ne laissait rien paraître. Aucune émotion que se fut dans le regard ou dans la voix. Le mystère qui l’entourait restait entier. Et cela m’envoûtait. Je voulais percer son mystère, découvrir ses secrets les plus enfouis. Je le voyais comme un de ces vestiges des temps anciens, inviolés malgré les siècles, et qui aurait gardé jalousement dans son cœur sombre et impénétrable d’innombrables richesses. Un trésor que je voulais m’approprier.

    Au bout de trois mois de fréquentation, Marco m’invita enfin à dîner chez-lui. Mon cœur me dit de refuser mais ma raison l’ignora. C’était comme si je l’attendais depuis toujours. J’avais eu quelques amants par le passé, mais aucun n’avait pu combler le vide de mon âme. Jusqu’à la venue de Marco. La dernière pièce d’un puzzle prenait place dans l’espace vacant d’un tableau pour lui donner la vie !

    Avant de le rencontrer, j’étais comme une fleur fanée dont les pétales dénués de vie ressemblaient à de vieux papiers froissés. Avec lui, la fleur se mettait à éclore et s’éveiller.