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Culte de la victime

Culte de la victime 

La victimisation permanente d’un groupe de gens, aboutira évidemment à la transformation de ces gens (anciennes victimes) en bourreaux. Le procédé est long étalé souvent sur des plusieurs générations. Un certain temps après les événements terribles, tels que le génocide, par exemple, naît le culte de la victime. On érige des monuments, on ouvre des musées, des mémoriaux, on organise des conférences, on écrit des livres, on tourne des films. Le culte de la victime consacré, sacralisé commence à rapporter des dividendes. La monétisation du culte de  la victime se met en place. On commence à verser des allocations, des subventions, la variété des primes est vaste. L’expert israélien feu David Eidelman avait parlé de l’utilisation de l’histoire du génocide arménien par la diaspora arménienne. Dans son interview à caliber.az du 12 février 2025, Eidelman a dit: « Alors, le jeu de la diaspora arménienne – c’est de vendre «le génocide». Ils sont vendeurs  du «génocide». Pour eux la situation idéale ce n’est pas la paix, non – l’Arménie vit le «génocide» permanent, la catastrophe permanente, la tragédie chronique permanente. A cette condition seulement ils seront auditionnés aux Congres, aux Sénats etc.  A cette  condition ils peuvent jouer leur jeu et collecter de l’argent comme des Arméniens de la diaspora ainsi des institutions internationales y compris gouvernementales, comme par exemple, les agences de politique extérieure des USA.». Le paradoxe réside dans le fait que les Juifs se conduisent de la façon semblable.

D’abord cette conduite paraît justifiée et même indispensable. Tout est fait, soit disant, pour que le cauchemar ne se répète plus. «Plus jamais». Pour que les gens se souviennent de ces atrocités et se méfient de reproduire les mêmes événements. Dans ce contexte la victime a toujours raison, elle ne peut être jugée. Après avoir perçu la compassion générale qui se mue en amour, l’ancienne victime devient le symbole de la justice et commence à administrer la justice. Elle est libre de déclarer quelqu’un terroriste et gracier un autre. Le motif de la vengeance est présent par définition dans la conscience de la victime. Le trauma psychologique sera répercuté dans le désir d’infliger les mêmes peut être encore plus dures souffrances aux anciens bourreaux. Si on n’y arrive pas, alors faire souffrir ceux qui sont plus proches et plus faibles. Le cercle vicieux difficile à rompre. Et ce qui est le plus important, les anciennes victimes obtiennent le mandat à la permissivité. Elles peuvent commettre n’importe quel crime. Elles sont protégées par leurs anciennes souffrances. La transformation des anciens «agneaux sacrificiels» en «lions courageux» se fait sans grand bruit. Le procédé est latent. Dans la conscience de la victime la force est associée à la violence. A la suite du

 trauma psychique et bien souvent du handicap physique, le bourreau est considéré dans une certaine mesure comme un superman méchant, doté de la volonté féroce  et de la force inhumaine. A mon avis ce facteur est décisif dans la transformation de la victime en bourreau. Le désir ardent de se transformer de la créature faible en personnage fort. Le fort doit avoir une panoplie de qualités (d’après la victime) parmi lesquelles un élément crucial est la violence. Un exemple éclatant de cette conscience avait démontré la vice ministre des affaires étrangères israélienne  Sharren Haskel en répondant à la question du journaliste norvégien Yama Wolasmal. La question: « Pourquoi le monde entier s’est détourné de l’Israel, qu’en pensez-vous?» La réponse de la vice-ministre: «Le monde entier aime les Juifs faibles (victimes), et nous sommes devenus forts.» Une idée tout à fait nette chez la vice- ministre israélienne de l’image du personnage fort.  En regardant la tragédie de la bande de Gaza et de la Cisjordanie, de la Syrie, la liste est longue, on pourrait y rajouter. Le fort c’est le violeur. De cette manière a lieu la transformation de la conscience de la victime en celle du bourreau.

Dans le cas d’Israel, il est évident, que le culte de la victime avait obtenu  le statut international, soutenu savamment par des institutions internationales, corporations, sociétés privées et différentes fondations caritatives non gouvernementales pro israéliennes. Le recours à des fondations caritatives pour la propagande du culte de la victime et comme suite de la politique coloniale à l’égard de la Palestine fit taire de nombreux politiciens bénéficiaires de ce type de fondations. Le dernier exemple de la profanation de la notion même de la fondation humanitaire – c’est la Fondation Humanitaire de Gaza, délivrant les produits alimentaires dans la Gaza assiégée, détruite. La Fondation est américano- israélienne. Le nom de la fondation – «Humanitaire» est une moquerie de la notion d’humanité. La manière dont les mercenaires américains et israéliens délivrent la nourriture aux Palestiniens affamés a provoqué l’indignation dans le monde. Les Palestiniens sont tués par ces «employés humanitaires» comme dans les thrillers américains. Le nombre de Palestiniens tués faisant la queue pour avoir de la nourriture augmente toutes les heures. Mourir de la faim ou être tué en essayant d’obtenir la nourriture de la «Fondation humanitaire de Gaza». C’est le choix imposé aux Palestiniens. Et les bombes qui pleuvent sur leurs têtes, lâchées par l’armée israélienne «la plus morale au monde». «La nourriture gratuite» -l’avis d’un israélien des réseaux sociaux sur l’activité de la «Fondation humanitaire de Gaza». J’ai répondu: «Je vous souhaite d’en recevoir de cette nourriture gratuite».  

Une question se pose. Est-ce le sort inévitable de l’ancienne victime  -sa transformation en bourreau?Ou bien il est possible d’éviter ce destin? Les Azéris , qui étaient longtemps les victimes, les Palestiniens – les victimes actuelles. Est-ce que le même sort les attend? Après avoir survécus à l’occupation, poursuite, tueries, eux aussi, ils voudront devenir «forts», non seulement forts , mais violeurs, imposant leur loi aux faibles qui seront à leur merci? J’espère que cela n’ait pas lieu. Si on ne crée pas le culte de la victime. Cela ne signifie pas qu’il faut oublier le passé et devenir «mankurt» comme écrivait Cingiz Aytmatov. Jamais.  Se rappeler et écrire sur le passé. Mais ne pas faire de l’argent sur les anciennes souffrances. Et de ne pas croire que l’ancienne victime ne peut être jugée. Tous les gens, tout homme, toute femme peut faire une bonne action et commettre un crime. N’importe qui. Non seulement les gens, mais les Etats également.    

 

By Gulush Aga

Gulush Aghamammadova est née à Bakou. Elle écrit la prose dès 2000 en russe et en français. En 2010 Edilivre à Paris publia son livre « Epistoles » et en 2014 « Lisa Ghérardini » en français sous son nom d’auteur Gulush Aga. En 2016 Amazon Cratespace publie son livre « Mannequin», en 2017 le livre « Oriental woman». Les couvertures de deux livres sont en anglais, mais le contenu est en russe.
En 2019 à Litres voit le jour son livre « Nouvelles de Bakou» en russe. En 2019 Amazon Kindle publie son livre «Nouvelles hétéroclites» en français. En 2020 à Litres sort son livre «Ville fântome». En 2023 elle publie son livre "Nouvelles de Bakou" sur Amazon, en 2024 la deuxième édition livre "Lisa Ghérardini" toujours sur Amazon

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