Orages sanguins

Sages de ce monde, tant et qui que soyez, il serait temps, de vos contrées, que vous formassiez congrès, fassiez union, réfléchissiiez la nouvelle beauté. Lorsque tornades et typhons tordent les cieux, ou que fortes chaleurs accablent êtres vivants de torpeur, c’est signe que Nature elle-même est en grande souffrance. Elle crie, pleure, s’effondre en pressentant la fin et n’a personne à qui se plaindre ou qui la consolerait. Peuplades, créatures, toutes douées d’intelligence, de sensiblerie, d’empathie sont les terminaisons nerveuses de l’âme Nature qui bien pense à foison.

 

Danger de tous les dangers, forêts, plantes, racines en moins de deux s’envolent, perdent pied. Plancton, orques, seiches ; girafes, doryphores, singes – toustes sentent en leurs tripes le destin qui s’agite et l’ombre -sourcils froncés- qui trop s’est avancée. Il n’y a que peu à faire, pauvres de vous tentant de fuir aux abris, abutant survie. Point de salut ni force divine pour venir au secours. Alea jacta est, projets tués dans l’œuf. Larmes dans le vide s’écouleront à flot, toutes tournées vers l’horizon muet ; un monde clos. Tentatives de comprendre le pourquoi du pour qu’est-ce s’échoueront sur le sable noir des Canaries, avorteront dans le bas-ventre en lave du Vésuve, s’oublieront dans la mouillure suffocante de la mousse moisie des forêts primaires. Arbres millénaires ploieront sous le joug d’une foudre inédite, inouïe, invue.

 

Sages, il faut de nouveaux mots, peut-être bleus ou translucides, qui puissent nos constructions mentales saisir, détruire, renverser. Il faut des phrases choc qui parlassent aux cœurs des peuples de tous pays, d’une syntaxe simple guidée par le bon sens, d’une grammaire de grand-mère, à la conjugaison facile, universelle. Il faut le passage à l’âge adulte de la conscience collective, qui nous fait depuis cent cinquante ans et plus sa crise adolescente. Que crèvent dans le feu les pages sombres noircies de faux secrets des prétendus livres religieux qui, de fort longue date, effrontément mentent et créent division, injustice, barbarie de toutes les couleurs et en tous continents.

 

Que vessies se fassent lanternes, que nouvelle lumière soit et que soient déjoués -à visage découvert- arguments spécieux, menteries de marionnettistes, privilèges éhontés. Il vous faut, chers sages, trucider phallocraties.

 

Tuer au triste nom d’un Dieu unique, c’est du passé maintenant. Voiler beauté des femmes, voler les libertés, c’est passé maintenant. Amasser richesses disproportionnées tandis que masse crève et de peur et de faim, c’est du passé encore. Mensonges, mafieuseries, bas-stratagèmes ; corps trucidés & empalés, sorcières & pédés chassés, animaux en masse conduits aux abattoirs & braconnages d’ivoire ou de tous poils ; montagnes d’or secrètes, continents de plastiques, châteaux aux mille vierges, enfers et paradis – tout cela est fini.

 

 

Accueillez, venue du ciel, l’arrivée des vents solaires ; oyez dans l’océan la fureur des vagues d’Hokusai ; scrutez les horizons changeants de l’âme entière ; oui c’est un grand chamboulement qui là s’opère. Un univers adulte qui -c’est pas trop tôt- s’exprime. Oui, un discours en vérité imparable, prononcé dans le micro des cieux, de l’antre de la Terre. Une infinie douceur dans ce chef d’œuvre musical qui lentement surement se déploie de toutes parts et en tous lieux. La beauté magistrale d’une mathématique limpide. Une caresse à la joue de tout être vivant, en creux et en surface.

 

Voyez les salamandres en joie se libérant du feu, les licornes enfanter, les pieuvres parcourant les terres et délivrer leurs messages de paix, les tribus festoyer. Joignez-nous aux danses urbaines sous les pluies de mots doux, offrez des arc-en-ciel éternels. Sœurs, frères, familles ou esseulés, tendez l’oreille aux cascades d’eau naissantes, plongez la main dans le flot pur, respirez-moi tout ce bon air qui vient. Trouvez ici maintenant dans les yeux des enfants jusques aux regards apaisés des vieillards une même adoration de l’existence. Sentez-vous comme cela est bon ?

 

Sages-femmes de ce monde, reines-mères, esprits bienveillants, corps sains : entonnez vos doux chants. Chemins, sentiers, avenues : menez-nous à bon port. Fleurs, arômes, sexes : déflagrez.

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Written by SIgnor A.

poète, auteur compositeur interprète Signor A. (Nîmes, France,) présente des musiques et textes poétiques.

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