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Chronicle

Poème satyrique

A une amie très chère…

Aujourd’hui Dieu merci car je me sens moins bête,

J’ai la chance inouie de connaître une ascète.

Mais que désigne au juste ce terme mystérieux,

Qui pour beaucoup de gens relève de l’Hébreu ?

 

Larousse témoigne ici de son ancienneté,

Tant la définition qu’il donne est  surranée :

Il désigne la piété en moteur de l’affaire,

De même que l’argent est le nerf de la guerre.

 

Ainsi seraient poussés par vertu cardinale,

Ceux qui veulent toucher la perfection morale,

A la pratique constante de mortifications,

Dans un mépris du corps  dominant les passions.

 

Que nenni mes amis, ce n’est là que vétilles ;

L’ascète d’aujourd’hui est un vrai joyeux drille,

Qui consomme la vie sans la moindre vergogne,

Et toute privation peut déclencher sa grogne.

 

Elle fait son ordinaire des bons vins, des bons mets,

Des plaisirs de la chair jusqu’aux plus débridés,

Ceux qui mettent en échec  la plus simple descence,

Car le seul but recherché est le plaisir des sens.

 

Sans oublier bien sûr le soin de sa personne,

Pour lequel il faut voir tout le mal qu’elle se donne :

Ses atours sont pour elle un souci permanent

De même que sa peau, ses cheveux et ses dents.

Tout au plus peut-on voir un semblant d’ascétisme

En ce qui ressemble plutôt à un simple régime,

Et qui n’a pas d’autre but que soigner l’apparence

D’un corps que l’on soumet à de graves bombances.

 

On est bien loin ici des mortifications,

Du mépris de son corps, du rejet des passions ;

On serait même plutôt assez près du contraire

De la définition lue dans le dictionnaire.

 

Mais, direz-vous, et alors, voilà la belle affaire,

Rien n’est plus aujourd’hui comme au temps de nos pères ;

Tout change, c’est normal,  et c’est un grand confort

Que de pouvoir jouir  sans le moindre remords….

 

La moralité qui ressort de cette évocation,

On peu la résumer à cette conclusion :

Je crois qu’en vérité l’ascétisme se meurt,

A force de s’adapter à la fuite des mœurs.

 

Il en est bien ainsi de nos valeurs morales,

Qui ne valent aujourd’hui pas plus qu’une sandale,

Et c’ est à mon avis sûrement fort dommage

De gaspiller ainsi si précieux héritage.

 

Photo Pixabay de Bianca VanDijk

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