Un soir d’avril, je renonçais enfin aux illusoires errances urbaines, et je me résolus à prendre le chemin de la maison. Au loin, des cris futuristes et miséricordieux ponctuaient ma balade nocturne. J’empruntais une passerelle d’où surplombait les néons qui éclairaient sans vergogne les âmes éconduites, puis je filais tout doux dans les ruelles sombres et désertes d’une nuit de semaine sans intérêt.
Les bourdonnements de l’ascenseur et les cliquetis de la clé me rappelait combien il était bon de monter les escaliers en charmante compagnie. Mais faute de cela, je me résignais à prendre une douche réconfortante.
Orphelin de toute aventure hors-norme, je prenais plaisir à augmenter la température de l’eau qui venait éclabousser mes épaules. Et au fil des ans, l’eau devenait de plus en plus chaude et la séance de plus en plus masochiste, jusqu’à me brûler la peau.
Je finis par bondir hors de la douche, et après m’être séché, je me surpris à imaginer les courbes voluptueuses d’une femme à la peau brune m’attendant dans mon lit. Quel crime de lèse-majesté !
Fataliste, je m’installais confortablement dans mon grand lit et me fixais pour objectif de ne penser à rien. Songer, c’est comme fantasmer, ça n’est pas une activité de gentleman.