(histoire vécue)
Je n’avais pas vu mon frère Christian depuis une quinzaine d’années. Lui vivait en Corse et moi en Normandie.
Nous vivions chacun de notre côté, accaparés par les soucis et les joies de la vie quotidienne.
Nous nous appelions pour les anniversaires, les fêtes de fin d’année ou les jours de mauvais temps.
Christian était toujours ravi de me parler de sa famille et de son jardin. Son jardin était sa fierté.
J’avais hâte de le revoir lors de ma visite prévue à l’été 2018. Mais, encore une fois, la vie en avait décidé autrement.
Suite à une mauvaise chute, je me retrouvais la jambe droite dans le plâtre.
La veille de Noël, la fille de Christian me téléphona. Son père était hospitalisé. Il ne se sentait pas bien du tout.
Je connaissais son état de santé, il souffrait de diabète et sa fonction rénale s’était dégradée au fil du temps.
Mais il avait toujours minimisé sa maladie et il n’aimait pas en parler.
Trois jours plus tard, j’ai reçu un autre appel : Christian était parti.
Les semaines passèrent. J’avais mauvaise conscience. Si seulement j’avais eu la chance de le voir une dernière fois.
Le moins, que je puisse faire, c’était de regarder le jardin dont il m’avait si souvent parlé.
Un soir, je lançais Google Earth sur mon ordinateur et je saisis l’adresse de Christian.
L’image d’une maison de briques s’afficha sur mon écran. C’était bien la sienne.
La porte du garage était ouverte. Un homme, le bras droit levé, en short et en t-shirt blanc se tenait devant.
Malgré le floutage de son visage, je l’ai tout de suite reconnu. Il essayait de décrocher un panier suspendu au mur.
À sa vue, mon cœur se remplit de joie. J’avais retrouvé une certaine sérénité.
Après tout, mon frère avait réussi à me dire au revoir.
Gilles Heuline (Grimaud), histoire vécue.
Crédits photos : RahulPandit (Pixabay)
