Les entreprises françaises sont vivement critiquées à l’étranger pour leurs méthodes de managements.
En France, un salarié est un pion posé sur un échiquier que l’on déplace au gré des stratégies économiques.
Le côté humain est rarement pris en compte, un pion ça se remplace.
L’idéal étant un pion robotisé, il obéit sans condition. Peu importe ses doutes, ses craintes, son manque de confiance en lui…
Sur cet échiquier, il y a aussi les fous que j’associe aux cadres. Un bon cadre est une machine de guerre qui n’a surtout pas de sentiments ni de compassion pour ses subalternes. Il est surtout là pour faire respecter et appliquer les directives du Roi. Sa charge de travail est conséquente et on attend de lui des résultats, l’atteinte des objectifs fixés par la direction. Il est toujours sous pression, proche du burn-out, il doit être partout à la fois. C’est une personne disponible à plein temps et qui a souvent le sentiment d’être incomprise. Elle a l’impression que ses supérieurs ne connaissent pas ce qui se passe réellement sur le terrain.
Le pire, c’est quand il y a du mépris et du manque de reconnaissance pour le travail accompli. Un bon Roi sait comment s’y prendre pour dévaloriser un fou, le faire douter de lui-même, ne pas lui donner les moyens d’accomplir son travail correctement. On lui fait comprendre qu’il coûte cher, du coup, il a des remords, des doutes. La suspicion s’immisce vis-à-vis de ses collègues, lesquels ne manqueront pas de lui mettre des bâtons dans les roues à la première occasion. C’est ce que j’appelle les cavaliers de l’échiquier, ils sautent là où ils trouvent leur intérêt, en fonction des humeurs et des situations critiques du moment. C’est des opportunistes prêts à tout pour se faire mousser et gagner l’estime du Roi.
Enfin, sur cet échiquier, il y a les tours. C’est généralement des personnes compétentes dans leur travail et qui savent relativiser, gérer leur émotion et leur stress. Ils observent beaucoup les autres et en tirent ou non des conclusions. Les confrontations en entreprise ne les effraient pas, car ils ont toujours de bons arguments à faire valoir. Par contre, ils savent concilier travail et vie privée, ils arrivent à couper les ponts une fois arrivés chez eux.
J’allais oublier la Reine. Et c’est bien là le problème. On est tous attiré par la Reine, personnage énigmatique et intrigant, mais toujours prête à servir les intérêts du royaume. Théoriquement proche du Roi, mais pas tout à fait. Elle tisse des fils pour faire tomber ses rivaux, mais elle est aussi capable d’ouvrir un chemin lumineux pour quelqu’un qu’elle estime. Elle a une idée novatrice du management, suggérer sans jamais imposer, mettre des moyens sur la table, associer la sensibilité et la compétence des subordonnés. Elle sait reconnaître les valeurs d’un employé et ne manquera pas de l’encourager et de le féliciter. Mais gare à la trahison, car dans ce cas, elle ne pardonnera jamais.
Elle utilise souvent cette phrase : c’est bien ce que vous faites, mais ce serait encore mieux si vous faisiez de cette façon.
Voilà, selon moi, comment fonctionne une entreprise !
L’important est de savoir où on se situe sur l’échiquier ou si on y a encore sa place.
Gilles Heuline (Grimaud)
Crédits photos (Pixabay)
