L’huître et l’amant

– Mon ami, j’en suis fort marrie mais j’ai rencontré une huître très belle et fort majestueuse et je songe à vous quitter pour me consacrer à elle toute entière

– Une huître, fi, ma Chère, cela ne semble peut-être intelligent

– Vraiment ? Elle m’apparaît à moi très contemplative. Il me semble que c’est une qualité dont vous aimez vous parer.

– oui mais une huître tout de même !

– et bien, elle est solide dans la tempête , dure à souhait mais avec le cœur le plus tendre qui soit. Qu’y trouvez-vous donc à redire ?

– Certes, ma Mie, mais si j’en crois Pline l’Ancien, l’huître a des qualités très particulières .

Si vous la gobez vous allez vous en trouver toute retournée et peut être même fort embarrassée … prenez donc garde de ne pas vous couper avec la coquille !!!

– Ah vous voilà empli de bien de sollicitude.. mais ne savez-vous pas qu’il n’y a plus grand danger à se blesser pour une bergère que d’avoir un galant ?

Et puis, foin de vos pensées mal placées et oyez plutôt la vérité :

Cette créature que vous méprisez cache sous sa rudesse une enveloppe si finement irisée , qu’il semble que tous les soleils, toutes les lunes et les lumières de la Création se soient unis pour la nacrer d’or

Il suffit de la contempler pour rêver..

Car chacune d’elle comporte l’espérance d’une perle si pure et si transparente que l’on pourrait croire à la Perfection

Et que pensez-vous que Nous cherchions, Monsieur, sous le joug d’un amant, si ce n’est l’illusion d’un bonheur sans fin ?