Petite escapade au paradis de l’intimité sociale

Lundi 04 Octobre, il est 16h33. Je me dirige vers l’école pour chercher les enfants tout en parlant à ma nounou sur whatsapp pour vérifier avec elle la liste des courses.

Je récupère les enfants, très bavards sur la route du retour, tout en essayant d’envoyer un message sur le groupe whatsapp de la classe de mon fils pour me renseigner sur un devoir à faire pour le lendemain. Catastrophe ! Le message reste en suspend, impossible de l’envoyer. Je me rabats sur ma 4G, éteins et rallume mon téléphone, rien n’y fait… Je comprends vite qu’il s’agit d’une panne de l’application au logo vert. S’en suit une grosse vague de panique, que j’avoue à demi-mot car j’ai toujours refusé d’admettre, comme beaucoup de personnes, que je suis addict aux réseaux sociaux.

Il est temps de poser ce satané téléphone, comme s’il ne servait plus à rien sans ces fameuses applications.

Puis on se retourne pour voir qu’autour de nous, il y a la « vraie » vie, celle qu’on tend à oublier ou à négliger au détriment du virtuel, cette vie d’autre foi, d’avant tout cela… Celle où l’on se préoccupait peu de traquer et d’immortaliser les actes les plus banals de notre vie quotidienne, pour ensuite les partager avec des « inconnus » ou presque, en échange de quelques pouces (ou pas).

C’est devenu tellement facile de rendre publique des moments et des actions très intimes : ce que l’on mange, ou donne à manger à nos enfants, ce que l’on fait avec eux, nos sorties, nos achats…

Et puis il y a ces personnes, appelés communément « influenceurs » que l’on suit sur les réseaux sociaux. Des personnages plus ou moins connus, ou qui le sont devenus en vendant leur âme à « Internet ». en l’espace de quelques heures, ces personnages ont commencé à disparaître tels des hologrammes qu’on aurait débranché.

L’intimité a repris ses droits… et cela fait du bien.

Ce matin-là, en passant à la librairie de mon quartier, je me suis offert le dernier roman de Leila Slimani, que je comptais laisser sur mon étagère comme d’habitude un petit moment avant de décider de le lire. Grâce à la magie de ce bug, j’en ai lu la moitié le soir même, sans être interrompue par les incessants bips des « messages reçus ».

Quelle expérience extraordinaire. J’en sors avec un sentiment partagé, entre la joie d’avoir profité quelques heures d’une sorte de paix sociale, mais aussi d’une tristesse de constater que l’on dépend d’une panne du géant de la Silicon Valley pour pouvoir en profiter.

SO

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Written by salmaoualhadj

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