Gulush Aga
Un avis sur Karabakh
L’historique des relations entre les Azéris et les Arméniens est assez compliqué et de longue
durée. La plupart du temps ces deux ethnies étaient hostiles l’une à l’égard de l’autre. Ceci est dû évidemment à la mentalité différente, à la religion également.
Les Arméniens parlent beaucoup de leurs droits sur la terre du Karabakh. Je vais présenter ma vision des faits. Evidemment c’est la vision d’une Azérie.
Bien longtemps à partir du XVII siècle jusqu’à moitié du XIX siècles les Azéris vivaient au sein de petits états féodaux, ( on les appelait khanats ) gérés par des féodaux tous puissants.
Le Karabakh, était un des khanats azéri.
« « Karabakh » est un mot d’origine turque qui signifie « jardin grand et fertile ». Il faisait partie de l’Albanie Caucasienne – une région dont la fondation remonte au IIIème siècle avant JC. C’est aussi l’une des plus anciennes terres chrétiennes du Caucase du sud, qui a adopté le christianisme comme religion d’État en 313. Les églises albaniennes de Kish, Khodavang, Gandzasar, Gyurmuk, Lakit, Gum, Avey, Jotar furent édifiées ici dès les premiers temps de la chrétienté. Les deux principales ethnies présentes dans le Karabakh sont les Tatars (Azéris), qui forment aujourd’hui l’essentiel du peuple azéri, et les Arméniens, minoritaires
A la suite des invasions arabes du VIIème siècle, l’Albanie perd son indépendance, et une grande partie du peuple de l’Albanie du Caucase se convertit à l’islam. Parmi ceux qui restent chrétiens, une partie rejoint l’église géorgienne, l’autre est subordonnée à une autre branche de la chrétienté, l’église arménienne, qui s’était elle-même déjà soumise aux conquérants arabes. C’est ainsi que commence « l’arménisation » des églises chrétiennes albanaises, qui se poursuivra jusqu’au XIXème siècle. »
Tous les archives et les biens de l’église albanaise ont été transmis par le tsar Nicolaï Premier à l’église arménienne en 1836.
Le khanat du Karabakh s’étendait de la rivière Araz au lac Goytcha (lac Sevan actuel), couvrant les plaines et les montagnes du Karabakh, du Zangazour, du Bargouchad. Il était dirigé par le Khan Panah Ali Djavanchir . Il y avait au sein du Karabakh les 5 mélicats arméniens (sortes de duchés) dirigés par les princes arméniens, soumis pour la plupart au khan Panah Ali Djavanchir.
En 1752 Panah Ali Djavanchir. fonda la capitale Choucha. Une forteresse imprenable construite dans les montagnes. Le dernier khan du Karabakh fut Ibrahim Khalil Djavanchir qui signa le traité de Kuraktchay en 1805 avec les Russes. Ce traité avait placé le Karabakh sous le protectorat de la Russie. C’était son erreur fatale. Naturellement on l’avait tué ainsi que sa famille, malgré toutes les garanties présentées par les Russes. IL était accusé de la trahison.
L’histoire arménienne est plutôt mythique. Ils ont cette espèce de la fierté nationale qui ressemble beaucoup au sport national. Cette idée de la Grande Arménie s’étirant d’une mer vers l’autre.
Les Azéris sont plus modestes. Ils avaient plusieurs khanats. Une grande province de la Perse nommée Azerbaïdjan est peuplée par des Azéris. Le nombre des Azéris en Iran (Perse ancienne) monte à 40 millions de personnes. Ceci dit ils ne sont pas séparatistes. Ils vivent au sein de l’état iranien. Je pense, qu’ ils ne vivent pas bien comme tous les autres Iraniens, d’ailleurs. Mais cette mentalité azérie est reflétée dans l’adage “Chaque peuple mérite son gouverneur”. Alors si votre gouverneur est un dictateur accompli, vous le méritez.
En ce qui concerne l’époque soviétique et les dires des Arméniens à propos de Staline qui avait donné le Karabakh aux Azéris. Encore un mythe. Il existe un document signé par Staline où on peut clairement lire « qu’il faut laisser le Karabakh au sein de l’Azerbaïdjan ». D’ailleurs, les trois républiques caucasiennes Azerbaïdjan, Arménie, Géorgie ont été fondées en 1918, à la suite de la chute de l’empire russe. L’Arménie fut fondée sur les terres du khanat azéri d’Irevan. Le gouvernement azéri de la première république démocratique azerbaïdjanaise était si généreux qu’il avait cédé les terres azéries aux Arméniens pour qu’ils y fondent leur Etat. Après l’instauration de l’état arménien la majeur partie de la population d’Erevan (comme les Arméniens ont commencé à appeler Irevan azéri) était les Azéris, ce qui était normal dans la ville azérie. La suite fut tragique. Les Arméniens voudraient à part les terres déjà cédées par les Azéris encore plus, y compris le Karabakh. Les chutes des empires les inspirent à revendiquer de nouvelles terres. La chute de l’URSS n’était pas l’exception.
En 1988 les Arméniens ont voté le rattachement du Haut Karabakh à la mère Arménie. La guerre commença. Les Russes étaient de leur côté, ils soutenaient les chrétiens. Les Azéris perdirent la guerre. Les Arméniens se sont emparés non seulement du Haut Karabakh mais de 7 provinces azéries avoisinantes. Comme disaient les Arméniens-la zone tampon. Tout le Karabakh fut nettoyé des Azéris. Les Arméniens étaient chassés à leur tour des provinces et des villes de l’Azerbaïdjan où ils étaient confortablement installés. Nous, les Azéris, avions eu près d’un million de personnes déplacées à l’intérieur du pays. Ils sont partis sans rien. C’était une misère complète. Nous étions seuls, sans aide des pays occidentaux. La religion musulmane oblige. Imaginez l’état d’esprit de ces gens chassés de leur terre. D’ailleurs les Arméniens également ont beaucoup souffert. Il y avait des morts de deux côtés, des handicapés. Une haine s’est enracinée dans les cœurs.
Il y avait 4 résolutions de l’ONU exigeant le retrait des troupes arméniennes des terres azéries du Karabakh occupées. Ces résolutions sont restées lettre morte. On a créé le groupe de Minsk avec les co-présidents gérant le conflit. La Russie, la France, les États-Unis ont gelé le conflit pour 30 ans. Les discussions, les aller-retour, dolce vita des fonctionnaires occidentaux et russes. On comprend bien…
Par la suite, des escarmouches éclataient tout le temps. L’élite arménienne qui gouvernait le Karabakh devinrent le symbole national. Les deux dirigeants arméniens du Karabakh sont devenus les leaders, les dirigeants de la République arménienne. Sargsian et Kotcharian. Moi personnellement j’ai vu la villa luxueuse de Sargsian au Canada. On peut imaginer le prix de cette villa. Ils étaient des héros nationaux.
La deuxième phase du conflit commença après la déclaration du ministre arménien de la défense David Tonoyan à New York en 2019 lors de la rencontre avec la communauté arménienne juste après les pourparlers de Pachinian -Aliyev à Vienne : «Une nouvelle guerre pour de nouveaux territoires » (terres azéries). Alors…
Les Azéris ont gagné la deuxième guerre de 44 jours en 2020. Mieux armés, (les armes achetées avec l’argent du pétrole), mieux entraînés par des instructeurs turcs. La Russie n’était pas intervenue dans la deuxième guerre du Karabakh. A mon avis à cause de la haine de Poutine envers le premier ministre arménien Pachinian. Mais le traité de paix n’avait pas été signé. Les Russes restèrent sur terrain dans leur rôle éternel du médiateur suprême. Le président Aliyev ne voulait pas contredire l’ours russe. Les forces de “paix” russes furent placées sur des lignes de séparation des Azéris et des Arméniens au Karabakh. Les Arméniens voulurent profiter cette fois de leur défaite et de mobiliser les organismes internationaux pour la cause des Arméniens du Haut Karabakh. Leur raison était toujours la même. La minorité arménienne oppressé par l’Azerbaïdjan, qui ne peut vivre sur ses terres ancestrales. Personne ne parle pas dans les organismes internationaux des dégâts causés par l’occupation arménienne durant presque 30 années à l’Azerbaïdjan. Les villes azerbaïdjanaises libérées ressemblent aux ruines de la deuxième guerre mondiale. La ville d’Agdam est comparée à Hiroshima après le bombardement atomique.
Il y a le problème du blocus azéri du corridor de Latchin qui relie le Haut Karabakh à l’Arménie. Tout le monde en parle. J’ai entendu déjà les chansons à ce sujet qui blâment les Turcs cruels (les Azéris sont les Turcs pour les Arméniens) qui ont enfermé la ville de Stepanakert pour laisser mourir de faim, de soif, de la manque des médicaments les Arméniens de Khankendi (Stepanakert). A propos du nom Stepanakert. La ville est nommé à l’époque soviétique en l’honneur du bolchévik éminent de l’origine arménienne Stepan Chaoumian, un des 26 commissaires de Bakou. Le nom de Khankendi est l’ancien nom de cette ville qui est traduit de l’azéri comme « village du khan ». Au temps du khanat de Karabakh dans ce village Khankendi il y avait des écuries du khan. Les célèbres chevaux de Karabakh étaient logés confortablement dans ces écuries.
Après l’installation du grand nombre des Arméniens sur les terres du Karabakh par le pouvoir soviétique, la ville était rebaptisée. Et pourtant les Azéris préfèrent le khan au bolchévik.
Le problème du corridor de Latchin réside dans le transfert des armements et des troupes arméniennes sur le territoire du Haut Karabakh. Ce sont les Forces russes « de paix » qui couvraient ces livraisons et ces transferts. Évidemment pour conserver ce noyau du conflit et gérer la situation. Avoir l’impact sur l’Azerbaïdjan et sur L’Arménie.
Après la deuxième guerre du Karabakh, en 2022 la Russie lança une guerre contre l’Ukraine ce qui changea complètement la donne géopolitique.
Les Azéris saisirent l’occasion quand la Russie ne peut se permettre avoir la Turquie, alliée de l’Azerbaïdjan en tant que l’ennemi, pour faire sortir les armes et les troupes arméniennes
Après trois ans écoulés depuis la deuxième guerre il y a toujours eu des rixes. Finalement, l’administration azérie a entrepris une opération militaire pour forcer L’Arménie faire sortir ses troupes militaires du territoire azéri et signer le traité de paix.
On ne sait pas si les Arméniens vont saisir cette opportunité de faire la paix avec ces voisins l’Azerbaïdjan et la Turquie pour que la paix durable s’installe au Caucase qui avait tant souffert.
Actuellement on parle de l’initiative de Trump, de l’accord de paix imminent entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. On verra