Au pied d’un joli charme, sur un flanc de montagne
Poussent des pissenlits, du panais, de l’igname
Vivent en harmonie les moineaux et les merles
Les lapins et les chèvres, et puis les sauterelles
C’est un endroit charmant, quelque part au confin
Une terre fertile, bientôt peau de chagrin.
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C’est alors que soudain une perruche vint
Elle trouva logis sur la branche du pin
Dont les longues racines boivent l’eau d’un étang
Riche en sels minéraux et en enseignement
La perruche partit conter à une chouette
À quel point l’eau de source remplirait leur assiette
L’aigle fut informé et envoya la chouette
Quand la nuit fût tombée dévorer la belette
Puis au petit matin, la perruche conta
À l’assemblée défaite le triste assassinat
En accusant bien sûr le sanglier affable
Qui ne put se défendre contre pareille fable.
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Tout accusait ce bougre, les nombreux témoignages
Que les taupes livrèrent contre quelques limaces
Le papillon hurla « c’est une mascarade »
Très vite on l’accusa de grivoise parade
Puis le matin suivant, ce fut au tour du lièvre
De finir en lambeaux, et puis ce fut la chèvre
L’aigle n’eut plus besoin de se salir les pattes
Car était enclenchée la spirale infernale.
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C’est ainsi que pour mettre un terme à ce grabuge
La paix fut proposée, le hibou devint juge
Le loup fit régner l’ordre, et puis la chouette en chef
Du perroquet ne fit qu’une girouette en laisse
On trouvait bien ici, ou là une ou deux grives
Qui d’autres sons de cloches, en faisaient des missives
On leur cloua le bec, les mit au pilori
Pour que ne se méfie le mouton appauvri.
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Quant à l’eau de la source, on ne sait pas vraiment
À qui elle profite, c’est juste qu’entre-temps
Elle fût bien déviée vers un autre courant
Au point que le vieux charme n’est plus de notre temps
Méfiez-vous de tous ceux qui divisent vos cœurs
Pendant qu’à d’autres cieux profitent vos malheurs.