Il est 20h. J’enfile ma tenue blanche avec un liseré bleu, mes sabots blancs et je dépose mes habits de ville et de jours dans ce casier ; je me transforme pour une nuit en petite infirmière qui va aller de chambre en chambre veiller sur celles et ceux qui ont besoin de moi. C’est la nuit, elle prend sa place, calme, décalée. Tout est différent, les murs blancs me regardent, les bruits ont disparu, et mon esprit s’égare. Il faut s’imprégner de l’atmosphère des lieux, et ce n’est pas une évidence. Le temps passe : j’ai fini mon premier passage et tous sont calmes, certaines dorment déjà d’autres regardent la télé, où sont sur leur ordi, tablette ou téléphone et enfin il y a les chambres doubles ou les discussions vont bon train. La nuit s’annonce assez calme, je continue mes occupations et je prends une petite pause pour avaler une salade de fruits et un café. Le silence du milieu de la nuit entre deux sonnettes me plonge dans un monde différent : je suis éveillé et toute la ville dort, je mange un bout et tout le monde dort. Je regarde par la fenêtre où je vois de temps en temps sur l’avenue des phares et j’entends le bruit du passage d’une voiture .A part ça, c’est le silence qui prime avec sa lourdeur et son mystère. Je repasse dans ma tête mon travail effectué, l’état de ceux qui vont bien et nous quitterons bientôt, ma réflexion s’attarde davantage sur ceux qui sont rattachés à des fils ! ! Ou à des appareils de survie! Sans oublier les très fatigués et qu’il faut surveiller même s’il ne demande rien. Mon panel est varié mais derrière chaque porte et sur chaque visage il y a ce quelqu’un , l’anonyme que l’on ne connaissait pas avant et que l’on ne reverra certainement plus après, mais à qui j’aurais essayé d’apporter de mes compétences et de moi-même pour lui donner des jours heureux. Je refais une pause, plus courte celle-là après avoir fait mon dernier passage de la nuit, je prépare ma succession avec les infos qu’il faut pour les collègues … Je vois le jour se lever c’est un autre tableau qui se dessine, j’entends de plus en plus de bruit de circulation, les pas du monde qui arrive et qui discute. Et pour finir me revoilà , me revoilà devant mon casier, j’inverse ma tenue pour mes habits de ville et de jours, il est 6h30 ma journée nocturne est finie, je vais entamer une nuit en plein jour et ça ce n’est pas commun ;il faut sans cesse réinitialiser l’organisme de ses fonctions jour/ nuit ! Tel un interrupteur professionnel. Andrea
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Que sera ma nuit?
