HERMAPHRODITE

HERMAPHRODITE.

Je suis poète.

Il est poète mais il est homme.
Il a tout vaincu.
Oui, j’ai tout vaincu.
Après des jours de pénible ascension,
j’ai bien vaincu.
Plus que tous les Everest,
Plus que tous les Annapurna,
J’ai réussi la conquête des nuages,
Pas pour faire le soleil après l’averse
Mais rien que pour le plaisir.

Quel plaisir ?

Le plaisir de gravir hors du monde,
Sans s’y salir les pattes.
Les nuages,
Gentils moutons blancs en d’autres temps
Aujourd’hui sont pour moi tapis volants.

Là-haut, c’est peut-être dangereux ?

Sûrement que c’est dangereux,
C’est la contrepartie de la liberté.
C’est le risque du métier.
A ce métier, je risque ma vie
Chaque seconde est pour moi un sursit.
Ne vous en faite pas sur terre,
Le Bon Dieu a prévu une main courante,
Des fois que mon pied débile,
Ennuyé sur cet univers fragile
Par la pesanteur ou le vide fut attiré.
des fois qu’il faille que je l’y suivis,
Des fois que je vous tombe dessus,
Vous anéantissant des éclairs de ma folie,
Marionnettes dans mon guignol dantesque.
Il pourrait se tuer ?

Certainement ! Je les ai tués.
Je me tue à vous le faire savoir.
Mais chaque jour sur terre,
Vivre, n’est-ce pas mourir ?
Mourir un peu plus,
Mourir au jour le jour, à petit feu…
Chaque geste social dans ce monde,
N’est-ce point un coup de poignard ?
C’est l’assassinat de sa personnalité.
Après tout, si je meurs,
Cela ne vous tuera point.

Ce n’est point là la question !
Mais, fou Monsieur,
Il y a danger, là-haut !
Il se pourrait que vous y fussiez tué,
D’accident…
Bien sûr, lâche terrien.
Il se pourrait que je fusse tué,
D’accident…
Tomber des nues,
Ce n’est pas un drame.
Pas plus un drame
Que de périr asphyxié dans ton hachélème,
Que d’être passant cloué sur la chaussée,
Que d’être emporté par une avalanche,
Que de mourir d’insolation sur une plage,
Que de passer des jour de sa si chère vie chère
dans les antichambres des cabinets médicaux,
Attendant en respirant le renfermé, la poussière,
En manipulant de crasseuses revues,
A la si riche flore microbienne…
Tout çà pour sa douillette obésité
Qu’un praticien servile
Arrose tendrement de sa reconnaissance,
Prodiguant ses soins empesés
A défaut d’être empressés.
Ce n’est pas plus un drame
Que de se trouver mal,
Mis à nu en public,
Par la dernière comédie musicale.

La société d’accident
Tue par accident
Ses individus d’accidents…

N’ayez crainte bons gaulois au salaire fixe,
Le ciel ne vous tombera point sur la tête,
Aussi sûr que mon testament qui se termine,
Ne se termine pas par un suffixe.

Il est poète mais il est homme.

Je suis poète.

1967

© 2004 NULLART vs. Kinka – “1968, une révolution poétique

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Written by kinka

Kinka, c'est qui ? c'est quoi ?

En 2014 Wikipedia a supprimé cet article considérant qu'il s'agissait d'un canular et non d'une présentation sérieuse d'un auteur.

http://nullart.free.fr/
et
http://recitdevoyage.free.fr/japon/tankas/
et
http://nihonfrance.free.fr/-tanka-/

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