Au creux d’une main tendue crispée
Dans la froide désolation
D’un désert aérien
Coulent de larmes
De sel et d’amertume
Et des sanglots
Aux grincements d’acier
Percent ce monde de glace
Leurs pleurs métalliques
D’une âme sans corps
Au creux des reins
Creusent des sillons humides
Et gluants, ils ruissellent
De la main tendue crispée
S’égrène le chapelet funèbre
Des enfants de poussière
Des souffles éteints
Des passions apaisées
Aux vents atomiques
L’âme esseulée
La main maternelle arrachée
N’ont plus de corps
Du creuset sépulcral
De la paume d’une main
D’une main tendue crispée
Jaillit la coulée scintillante
D’un métal froid
Inconnu de l’humanité
Et pourtant
Ces précieux diamants
Ecrasés calcinés
Sont des larmes de femmes
De la main tendue crispée
Des gouttes de néant échappées
Striant la nuit cosmique
De javelots incandescents
Traversent vite
Le vide des espaces nocturnes
Vers un hypothétique infini
Et rident son miroir
De chaises livides et glauques
Des doigts d’une main tendue
D’une main tendue crispée
Des ongles effilés désespérés
Tambourinent la tôle
Eveillant des échos démentiels
A travers les cieux fêlés
Des sons stridents s’enfoncent
Perforant les tympans crevés
A la froideur du soleil
Peut-on se réchauffer
Et comment peut-on voir
A la noirceur de la lune
Où se diriger à tâtons
D’une main tendue crispée
Mais une main à qui
Une main est-elle
Une semence mortelle
File entre les doigts déchiquetés
D’une main sanglante de fantôme
Déjà la main tendue crispée
S’effrite comme le reste
L’univers est cristal fêlé
Un souffle sur sa face
Pulvérisé il se Dispersez- vous
Dans la bise mégatonnique
Des vivants aux yeux aveuglés
Fixent mille soleils éteints
Des morts aux yeux ouverts
Fixent des enfers obscurs
Tous morts vivants
La main tendue crispée
D’un bébé sur un sein
D’un semeur sur son champ
De l’avare sur son coffre
Du pilote sur un volant
De l’amoureux sur une hanche
D’un policier sur un bandit
D’une sculpteur sur le marbre
Une main d’automne
Morte humide et décolorée
Une main détachée tendue
Cinq doigts lacérés crispés
De partout
La mort floconne
La bise des râles s’enfle
Paysage inhumain
Morte raison
Hiver universel et éternel
Que n’a su écarter
Une main tendue
Une main tendue crispée
1974
© 2004 NULLART vs Kinka
” 1968, une révolution poétique ”
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